l'argent est la plus funeste des inventions des hommes. Il dévaste les villes, il chasse les hommes de leurs demeures, et il pervertit les esprits sages, afin de les pousser aux actions honteuses ; il enseigne les ruses aux hommes et les accoutume à toutes les impiétés.
ISMENE. – Ô roi, le peu de raison que la nature nous donne ne résiste pas au malheur.
LE MESSAGER :
[...].
Il a montré que, dans le monde, de tous les malheurs
Attachés à l'homme, la bêtise est le plus grand.
CREON :
Jamais l'ennemi n'est ami, même s'il est mort.
ANTIGONE :
Je ne suis pas faite pour vivre avec ta haine, mais pour être avec ce que j'aime.
(Créon)
Et ainsi tu as osé passé outre à mes lois ?
(Antigone)
Oui car ce n'est pas Zeus qui les a proclamées
ni la Justice qui habite avec les dieux d'en bas ;
ni lui ni elle ne les onétablies chez les hommes.
Je ne pense pas que tes décrets soient assez forts
pour que toi, mortel, tu puisses passer outre
aux lois non écrites et immuables des dieux.
Elles n'existent pas d'aujourd'hui ni d'hier mais de toujours ;
personne ne sait quand elles sont apparues.
Je ne devrais pas par crainte des volontés d'un homme
risquer que les dieux me châtient.
Je savais bien que je mourrai, n'est-ce pas ?
même sans ta proclamation. Et si je meurs avant le temps, je dis, moi, que ce m'est un gain.
Quand on vit comme moi parmi tant de malheurs,
comme ne pas trouver qu'on gagne à mourir ?
Subir ce sort n'est pas pour moi une souffrance
mais c'en serait une d'avoir laissé sans sépulture
après sa mort le fils de ma mère ;
j'en aurais souffert, mais à présent je ne souffre pas.
Et si je te semble avoir agi en folle,
peut-être suis-je accusée de folie par un fou.
Aucune invention humaine n’a jamais produit plus de maux que l’argent. C’est lui qui dévaste les villes mêmes ; c’est lui qui chasse l’homme de sa demeure ; c’est lui qui altère les cœurs honnêtes et leur enseigne à se tourner vers la honte ; il a montré aux hommes toutes les perfidies et leur a enseigné toutes les impiétés (par Créon)
Tu es fait pour gouverner tout seul une cité sans habitants.
Trésias
- Sache donc, toi aussi, que tu ne verras pas s'achever beaucoup de jours avant que ne périsse un de ceux qui sont nés de toi. Tu donneras un mort en échange des morts, parce que tu as précipité une âme vivante auw enfers [...]Car tu n'as pas ce droit, ni même les dieux du ciel.
Antigone
- Moi, je suis née pour partager l'amour et non la haine.
Créon
- Va donc aux enfers ; puisque tu as besoin d'aimer, aimé ceux qui les habitent. Moi vivant, une femme ne fera pas la loi ici.
AMOUR, tu es vainqueur du combat : tu fais peur à toutes choses ;
Tu te couches doucement la nuit sur les joues d'une fille ;
Tu franchis les limites de la mer et les replis des champs ;
A toi l'immortel, à toi l'éphémère cède ;
tu rends fous ceux qui te possèdent ; tu détournes
les âmes des justes, pour les opprimer, hors de leur chemin ;
Tu as allumé parmi nous l'orgueil et la querelle des parents ;
Tu es seigneur, par les yeux d'une épouse, et la lumière d'amour qui s'y trouve ;
Tu as le droit d'assesseur ; son royaume est à toi,
Qui joue avec une puissance invincible, Aphrodite divine.