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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Sophocle est sans conteste mon auteur préféré parmi les tragiques grecs. Il y a une profondeur, une vitalité d'écriture, et même — même ! — j'ose le prétexter, au creux d'une ou deux tirades, parfois, parmi tout ce tragique, une once de comique, un zeste de pétillance. C'était vrai pour Ajax et ça l'est encore selon moi pour Électre.

À beaucoup d'égards, et ce rapprochement a déjà été fait moult fois, Électre est une héroïne qui rappelle énormément Antigone : une rebelle, une fille de roi, qui s'oppose au roi en place, qui préfère prendre des coups, risquer sa vie et la disgrâce plutôt que de lâcher d'un pouce sur la question de l'honneur, et notamment l'honneur dû aux morts.

Ici, la fibre tragique est encore plus tendue car le responsable de la mort d'un père n'est autre que sa propre mère. Aussi, venger l'un équivaut à commettre un odieux parricide envers l'autre. Douloureuse alternative. Mais ça, ce n'est pas tellement son problème car si meurtre il y a, ce devra être l'oeuvre d'Oreste, son frère bienaimé qu'elle a soustrait jadis aux griffes meurtrières de sa mère, Clytemnestre et de son nouvel époux, Égisthe.

Électre passe donc une bonne partie de son temps à se lamenter sur son sort tragique, celui d'avoir vu son père, Agamemnon, assassiné sous les ordres de sa propre mère par le fourbe Égisthe, celui de subir au quotidien les brimades engendrées par son manque d'allégeance au nouveau couple royal, celui de savoir son frère vivant mais ne tentant toujours aucune action pour venir restaurer l'honneur meurtri de son père.

Il est à noter également que, comme dans le cas d'Antigone, Électre est accompagnée d'une soeur non rebelle, qui l'enjoint à accepter son sort sans trop de mauvais ressentiment et qui ne fera rien pour aller contre la volonté des maîtres, creusant ainsi, s'il en était besoin, le fossé entre l'attitude " commune " de la soeur, ici Chrysothémis, et l'attitude de l'héroïne en ce qui concerne la question du droit, de la morale, du légitime et du respect des règles publiques établies.

Tout semble tourner court lorsqu'on vient annoncer à l'infortunée Électre que son malheureux dernier espoir, Oreste, vient de trouver accidentellement la mort lors de festivités dans une cité voisine (festivités proches des jeux olympiques).

La terre s'arrête presque de tourner pour notre rebelle en mal d'action mais...,
mais...,
... toutes les informations sont-elles toujours fiables ? C'est ce que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même. Il me reste peut-être encore à tâter deux ou trois mots quant au sens probable, civique et religieux, que cette tragédie revêtait durant l'Antiquité. Il faut peut-être y voir le fait que les dieux sont au-dessus de tout et que, peu ou prou, ils font concourir les événement à la justice. Que le fourbe qui a gagné par félonie sur le juste ne se réjouisse pas trop vite, son tour viendra... les dieux n'oublient jamais rien ni personne ! gnarf ! gnarf ! gnarf ! (rire sadique.)

J'ai hésité longuement à pousser mon appréciation jusqu'à quatre étoiles car, sur l'ensemble de l'impression laissée par cette pièce, pour un lecteur ou un spectateur du XXIème siècle, on ne va pas au-delà d'une impression moyenne. Toutefois, je tiens à saluer cette grande audace stylistique, ce tonique incroyable, cette palpitante écriture qui intervient lors du récit du drame de la course de chevaux.

N'oublions pas que cela a été écrit il y a 2500 ans, qu'il s'agit de théâtre, que le jeu d'acteur est alors très différent de ce qu'on l'imagine aujourd'hui et pourtant, Sophocle nous décoche une scène d'une vivacité d'écriture qui annonce déjà franchement un genre encore inconnu à l'époque et qui fera long feu : le roman.

Rien que pour cette scène, Sophocle peut être qualifié de génie de la littérature. C'est tellement vivant, c'est tellement intense comparativement à ce qui se faisait en ce temps-là que ça mérite un très grand coup de chapeau et tout notre respect. Saurions-nous, aujourd'hui, nous qui ricanons parfois du côté un peu vieillot de certaines pièces, apporter autant d'innovation, autant de jus, autant de style que Sophocle en apporta à l'écriture de son temps ? Alors, respect, Monsieur Sophocle, pour vous qui sûtes électriser les foules avec votre Électre. Au demeurant, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Electre ne va pas sans rappeler un autre personnage que l'on croit avoir déjà croisé dans le théâtre de Sophocle : il s'agit d'Antigone. Dans les deux cas, ces femmes se désolent de la mort d'un homme de leur famille (le père pour Electre ; le frère pour Antigone), et ce d'autant plus que cette mort est inachevée, ne laissant pas les survivants dans un deuil simplement attristé mais les nourrissant également de colère. Agamemnon, le père d'Electre, a été tué par son épouse Clytemnestre et son amant. Electre ne trouve aucun réconfort auprès de sa soeur Chrysothémis qui ne daigne visiblement pas vouloir venger leur père. Ne reste plus qu'à attendre leur frère Oreste qui –Electre n'en doute pas-, n'hésitera certainement pas à s'allier à elle pour rétablir l'honneur du disparu. Dans cet espoir, alors qu'elle mène une vie misérable au palais de Mycènes, Electre apprend d'un messager qu'Oreste est mort. Ne comprenant pas qu'il s'agit d'une ruse de son frère pour rentrer plus discrètement dans la cité, Electre ne le reconnaît même pas lorsqu'il fait son retour, jusqu'à ce qu'il lui avoue son stratagème. L'heure de la vengeance a sonné…


Pour peu que l'on commence à connaître Sophocle, la pièce ne surprend pas. le mythe sert ici, une fois encore, à transmettre le message d'une morale d'obéissance et de respect des lois civiques. Il s'agit d'une démonstration appliquée de la loi « Tu ne tueras point », contrebalancée toutefois par la possibilité donnée de tuer à son tour lorsque la loi n'est pas respectée –s'incarne alors la loi du Talion : dent pour dent, oeil pour oeil, dans le déchaînement des actes les plus sanglants. Encore une fois, la mort n'est qu'un évènement anodin parmi tant d'autres, pas plus marquant que le déroulement ininterrompu des actes sur terre, et ne constitue que le passage d'un territoire à un autre. Ce nouveau territoire ne semble pas détaché du précédent et c'est en vertu de cette caractéristique que les vivants s'évertuent toujours à accomplir le transfert du défunt dans les conditions les plus respectueuses qu'il soit.


La vengeance d'Electre est moins délectable que celle Antigone dont l'ire déchaînée était peut-être mieux soulignée par l'apathie des personnages qui l'entouraient. Electre ne produit pas la vengeance par elle-même mais attend le retour de son frère Oreste, et même si la finalité, dans le cas des deux personnages féminins, est la même, elle se résout de deux manières différentes. Malheureusement, l'achèvement d'Electre semble presque bâclé une fois que son frère est reconnu dans la cité.


Encore une fois, Sophocle engage au parti pris de la modération, invitant au respect de ses ascendants et modérant la folie querelleuse de ceux qui, croyant trop vouloir leur rendre grâce, finissent par se ridiculiser et ne trahissent qu'un égocentrisme forcené qui les empêche de prendre du recul sur leur colère. Alors, qu'en est-il de cette conclusion ?


« de quiconque se croit au-dessus des lois, il faudrait faire justice par la mort immédiate. On ne verrait pas tant de scélérats. »


Alors qu'on croit bien le connaître et qu'on ne s'attend plus à la moindre surprise, Sophocle ne laisse pas d'étonner…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Très belle pièce. Toute la beauté de la tragedie grecque présenté par Sophocle. Cette pièce est la fin de la malédiction qui frappe les Atrides, Sophocle le présente sous un nouveau jour, un jour crutial, le personnage d'electre est fort pour l'époque et Orestre un frère vengeur. Même leur soeur, souvent absente dans les autres représentation du mythe à un role important. Belle pièce classique qu'on peut lire pour le plaisir du classique sans connaissance spécifique, mais en avoir un peu sur les tragédies classiques est un plus
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