Citations sur La proie du papillon (86)
L’appétit charnel de Marco n’était pas rassasié lorsque mon premier orgasme explosa. J’en restai pantelante, complètement désorientée. L’expérience érotique que nous partagions était nouvelle pour moi, malgré la ribambelle d’amants que j’avais pu tester à ce jour au gré de mes envies…
Des nuées de papillons tourbillonnaient dans mon ventre. Cela faisait un peu nunuche – voire même carrément cliché – de décrire ainsi cet instant de suprême volupté. Pour ma défense, c’était pourtant ce qui exprimait le mieux la délicieuse sensation que j’éprouvais. À la suite d’un pareil flot de jouissance, du feu coulait désormais dans mes veines.
Les êtres comme nous baisent. Ils livrent des guerres acharnées et brisent ceux qui leur résistent. Mais ils n’aiment pas, lui rappelai-je dans un murmure soudain triste.
C’était moi qui le dominais provisoirement de toute ma hauteur. Ses offrandes émoustillantes me mirent au supplice. Mon excitation était à son paroxysme lorsque mon amant se redressa avec une grâce évoquant celle d’une panthère. Une étincelle de folie flamboyait au tréfonds de ses yeux clairs.
Aucun homme ne m’avait soutiré pareille extase lors d’une simple phase de préliminaires. Il embrassait et léchait mon pubis avec vénération, tandis que l’habileté prodigieuse de ses doigts faisait de moi une déesse haletante. Mes doutes, ma rancune, mes frustrations… J’eus l’impression que mon âme volait en éclats. Dès qu’il pressentait l’imminence de ma jouissance, Marco ralentissait ses douceurs. Délicatement, avec une tendresse combinée à une ferveur souveraine, il refrénait mon excitation pour mieux la rallumer.
Peut-être l’absence d’attrait sexuel expliquait-elle qu’il ne soit pas encore passé à l’acte avec sa proie. L’ardeur de ma libido s’en trouva décuplée. Je caressai dans un va-et-vient incessant son membre chaud et gorgé de sève, quand Marco se saisit de mes mains pour les neutraliser. En partant de mes seins, il traça un voluptueux chemin de baisers jusqu’à mon ventre. Il s’attarda sur mon nombril, avant de poursuivre son pèlerinage jusqu’à la zone la plus ardente de mon anatomie. Ses lèvres et sa langue se relayèrent pour embraser l’incendie qui me ravageait à présent de l’intérieur. Dans un subtil mélange d’audace et de douceur, Marco fouilla mes chairs palpitantes et m’extorqua un nouveau gémissement.
J’ai pour règle de ne pas toucher aux clientes, de ne rien éprouver pour elles… Pourtant, je pense à toi continuellement. C’est un enfer… J’ai l’habitude de provoquer le désir, pas d’en être l’esclave!
J’avais les meilleures raisons du monde pour être en vrac, après la bouteille de bourbon et la dose de coke que je m’étais envoyées en rentrant du gala. Après avoir désinfecté ma coupure à la main, je m’étais mis copieusement la tête à l’envers pour arrêter de réfléchir ; pour ne plus rien ressentir en goûtant aux joies de l’oubli.
Comparés à l’érotisme tacite qui transpirait par tous les pores de son être, les représentants de la gent masculine paraissaient horriblement insipides, tant sur un plan physique qu’en matière de charisme.
Il possédait la beauté et le charme du diable incarné. Je n’avais aucun mal à l’imaginer enveloppé par un parfum de soufre.
Exhiber un tel faste avait quelque chose d’indécent dans le contexte actuel, surtout lorsqu’on prétendait vouloir servir une cause humanitaire, mais ce n’est certainement pas moi qui allais me plaindre de ce paradoxe.
Il est impossible pour une femme moderne de rester insensible face à autant de misère, proclamai-je en simulant une profonde solidarité. Je trouve intolérable que des enfants souffrent. Les jeunes victimes syriennes survivent dans des conditions épouvantables, alors que nous avons les moyens de les aider. Nous sommes tous citoyens du monde et nous nous devons d’agir en tant que tels.