Citations sur La proie du papillon (86)
Tout est une question d’instinct, fis-je en me touchant le nez. Que ce soit pour gagner du fric ou pour m’envoyer en l’air, je n’ai pas d’équivalent. Même si tu t’efforces de le cacher, je sais désormais que tu crèves d’envie de me sauter, et ça fait une sacrée différence.
Il agissait avec hâte et passion, comme si des instincts trop longtemps refoulés prenaient enfin l’ascendant sur ses manières éduquées. Je sentais sa verge durcir contre ma jambe, tandis qu’il humait mes cheveux et le creux de mon cou. Comme en état de transe, il posa délicatement sa main libre sur mon bras droit et commença à le caresser avec son couteau. Je ne reconnaissais plus l’homme suffisant et plein de morgue qui m’insupportait quelques minutes plus tôt. Les gestes lents et précis avec lesquels il manipulait l’acier de sa lame revendiquaient une tendresse inattendue. Je conservai mon sang-froid en le laissant explorer ma peau avec une méthode aussi dérangeante que singulière.
L’unique but de ma jeune vie était de séduire et de supprimer les cibles que mon mentor me désignait. J’étais alors un orphelin paumé, sans famille ni attache… Une fois adulte, vous n’imaginez pas le courage qu’il m’a fallu pour échapper aux griffes tyranniques de celle qui m’a tout appris. De celle qui m’a façonné pour devenir une arme obéissante. À bien y réfléchir, Judith, vous ressemblez à ma tutrice sur de nombreux points.
Dès l’âge de treize ans, une femme dénuée de tout scrupule m’a appris à faire usage de mes charmes pour attirer des proies. Durant des années, avec patience, elle m’a inculqué les rudiments de la séduction et des jeux amoureux. La suite de mon apprentissage dans les rues de Rome consista à apprendre comment tuer des gens.
Conserver mon expression insolente exigeait de ma part un fantastique effort de volonté. J’avais la désagréable impression d’être une gazelle confrontée à un tigre. Toute la question était de savoir ce qui m’arriverait si je me risquais à bouger.
En plus de sa violence latente, le Papillon déversait un charme à l’état brut ; un pouvoir de séduction le rendant aussi irrésistible qu’un aphrodisiaque tout en chair et en muscles. Les tambourinements de mon cœur ne faisaient aucun mystère quant à l’émoi que son contact suscitait dans tout mon être. Comment rester de glace à proximité de ce corps robuste et abritant un tempérament de feu ?
Ne me confondez pas avec un vulgaire prostitué dont on se débarrasse après usage ! Je n’ai peur ni du Phénix ni de vous. Le seul ennemi que je redoute en ce monde, c’est moi.
L’intuition est une chose fabuleuse. Ce sens qui échappe à la compréhension scientifique s’avère particulièrement développé chez certains individus. La mienne me souffla à cet instant que je devais répondre, même si je n’avais définitivement pas le cœur à converser avec qui que ce soit.
S’il y avait un grand et bel inconnu qui me rôdait autour, ce diable adorait jouer à cache-cache. Surtout, il prenait un malin plaisir à me rappeler qu’il gardait un œil sur moi.
Et contrairement aux apparences, le prince que j’avais aux trousses n’avait rien de charmant.
Le pouvoir réside dans le savoir. Je suis téméraire, mais pas inconsciente : j’avais bien sûr déjà entrepris des recherches sur les Fils d’Éros. Le seul problème est que mes investigations sur la toile les concernant ne m’avaient rien appris jusqu’à présent, peut-être parce que je n’avais pas fouiné au bon endroit.