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sur 136 notes
Intriguée par la couverture et par les nombreux avis que je voyais passer, j'ai lu le Mal-épris de Bénédicte Soymier.

C'est l'histoire de Paul, un homme d'âge moyen, décrit comme laid, sans aucun goût vestimentaire. Terne à pleurer. Dès les premières lignes, c'est le portrait d'un antihéros qui est brossé, ancré dans la réalité dans ce qu'elle a de plus banal. Et de plus vrai.
Paul travaille à la Poste, reluque sa belle voisine, arrive brièvement à la séduire pour finalement, rejeté par elle, se consoler Angélique, une collègue de travail naïve de tant vouloir être aimée.
Paul et Angélique, ce sont deux êtres naufragés, cherchant dans leur dérive un point d'ancrage. Leur désespoir est touchant, et un peu effrayant aussi. Ils s'arriment l'un à l'autre, persuadés de s'aimer, alors que ce qu'ils veulent réellement, c'est trouver dans le regard qu'on pose sur eux une raison de s'estimer soi-même.
Les deux expriment le rejet des apparences. Les apparences, c'est une sensualité omniprésente pour Angélique, qui conditionne immédiatement le regard des hommes et qui va susciter la jalousie de Paul. Peut-elle être autre chose que chair voluptueuse ? Avec Paul, elle croit que oui, et c'est sans doute la raison pour laquelle elle s'accroche à lui.
Paul, de son côté, enrage d'être exclu du cercle des beaux, qu'il déteste à défaut de pouvoir le rejoindre.
Chacun court après la soif éperdue d'être vu, réellement vu et regardé. Cette illusion deviendra leur ciment autant qu'elle causera leur perte. Mais d'une certaine manière, ils en sortiront grandis et dans la fin malheureuse réside, pour qui sait le voir, un message d'espoir.
Le style est précis et il s'enroule autour du lecteur pour l'emmener, avec les personnages, au coeur d'un tourbillon d'amour maladroit et de violence mal contenue. Les expressions sont travaillées, intelligentes, surprenantes de justesse dans leur originalité.
Bénédicte Soymier explique minutieusement les rouages de la violence conjugale, en montre les racines, expose la puissance d'une pulsion qui fait souffrir, la victime d‘abord mais aussi celui-là même qui s'en rend coupable. Comprendre est essentiel, et ici on explique sans juger. Sans excuser non plus.
Les personnage, complexes, sont à la fois courageux et lâches, attachants et détestables. Si profondément humains. Pour avoir montré les mécanismes des tragédies individuelles dont naissent les drames qui traversent la société, le Mal-épris, premier roman sensible et délicat, est une véritable réussite.
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Cher Paul,

Pauvre de toi. Tu es si laid et si mal habillé. le plus terrible c'est que tu en souffres. Tu as été moqué, ignoré, rejeté quand tu n'aspirais qu'à être aimé… Est-ce qu'il t'était possible alors de ne pas renfermer cette rage ? de ne pas transformer cette souffrance en violence ? de ne pas devenir le monstre que tu te répugnais à être ? le mal-épris. le mal est pris.

Je n'ai pas la réponse à ces questions, même après avoir lu ton histoire. Tes histoires. Tes tentatives d'histoires. Elles nous sont racontées de manière très juste. Elles sonnent vrai. J'y ai vraiment cru. La première partie surtout, que Bénédicte Soymier ton auteure, nous a confié lors d'un @vleel_ touchant avoir été initialement une nouvelle, est particulièrement aboutie et puissante. J'ai été mal à l'aise, j'ai eu pitié, j'ai eu peur. Puis j'ai eu mal pour toi. Alors j'ai pu comprendre que cette relation ait entaché les suivantes sans que tu n'aies pu le contrôler.
La force de ce roman, c'est bel et bien ça : tu n'as rien pour toi, on pourrait te haïr, mais la peine remplace la pitié et on te plaint. C'est un choix courageux que d'avoir fait un roman autour de toi, et une jolie réussite qui rappelle que l'humain, ni bon ni mauvais, est toujours fait de nuances de gris.

Ce que j'ai vraiment aimé, c'est que tu m'as laissé la place que j'avais envie de prendre face à toi. J'ai pu me l'approprier, chercher à te comprendre quand peut-être, certains, iront même jusqu'à t'excuser. Dans tous les cas, tu donnes surtout envie qu'on t'aide et par analogie, qu'on fasse attention à tous les êtres d'aujourd'hui, Paul de demain.

Ne doute jamais que tu mérites le bonheur,
Céline
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Il n'est pas sans me rappeler le roman d'Alma Brami « Qui ne dit mot consent », j'ai ressenti par moment la même nausée devant la psychologie de ce personnage instable, malheureux mais violent et malfaisant pour son entourage.


Une fois n'est pas coutume ce roman nous plonge dans la tête et dans la vie d'un homme mal-heureux, mal-mené et donc mal-épris. Il n'est pas question de s'attacher ou de pardonner ce que son mal-être lui fait faire ou le pousse à être, mais peut-être essayer de voir la douleur derrière tout ça, sans pour autant comprendre ou accepter, en tout cas pas pour moi. Peut-être qu'un homme ne nait pas avec le mal, qu'en grandissant mal-aimé, mal-traité il devient le mal tout court.


Paul est laid, il a un travail ennuyeux et routinier à la poste, il est seul, blessé et malheureux. Paul aime le beau, il est envieux et jaloux et veut par-dessus tout se faire aimer.
Après une violente déception il jette son dévolu sur Angélique, une jeune femme qui élève seule son enfant, elle est joyeuse, vivante et plutôt de nature heureuse malgré les difficultés que la vie a mis sur sa route.
Mais Paul va se laisser déborder par ses vieux démons, il ne comprend rien et voit le mal partout, il ira loin, trop loin.

C'est une lecture sous haute tension, un huis clos avec cet homme qui dégoute ; c'est écoeurant, nauséabond, mais mené d'une main de maitre. L'écriture est nerveuse, profonde, elle nous englue dans le système de cet homme, dans son quotidien sordide dont on voudrait vite sortir.
Mon petit bémol est que j'ai trouvé la première partie un peu trop longue, je crois que je n'en pouvais plus du nombrilisme de Paul, cela dit c'est peut-être aussi ce qui caractérise tellement ce personnage, en revanche une fois que Paul rencontre Angélique le récit s'accélère et notre empathie étant enfin stimulée, on se jette à corps perdu.
Un premier roman réussit, qui ne lâche rien, nous pousse au bout de nos retranchements., C'est fort, violent, intense.

Lien : https://enviedepartagerlesli..
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Paul est laid, quelconque, un petit employé de la Poste, insipide et lorsqu'on le remarque c'est pour sa laideur. Paul croise le chemin de Mylène, sa voisine, une belle femme, un peu seule, qui s'ennuie et trouve en ce Paul, bien présent – trop présent – une épaule. Il est laid mais il est présent, attentionné et Mylène ne sait pas dire non alors une nuit, elle cède avant de fuir.

Le mal-épris par Soymier
Malheureux, en colère contre cette beauté qui se refuse à la laideur, Paul jette son dévolu sur Angélique, un ange qui va connaître l'enfer des violences conjugales car Paul ne sait pas aimer. Obsessionnel, jaloux, possessif, il aime comme il l'a vu faire : mal.

« IL EST CE QUE L'ENFANCE A FAIT DE LUI, UNE HISTOIRE D'ADULTES DÉFAILLANTS ET MALFAISANTS, LE PRODUIT DE SA MÈRE ET DE SON PÈRE. »

Il est des romans que l'on commence à lire par curiosité car c'est la rentrée littéraire de janvier et l'on voit passer sur les réseaux sociaux quelques chroniques alléchantes. le Mal-épris est un de ceux-là. Mais lorsque j'ai refermé ce roman, j'avais pris un uppercut car les mots sont justes, la psychologie des personnages ciselée, percutante, fine et pertinente.

On est happé dans cet engrenage d'un amour qui n'en est pas un, on suit cette mécanique infernale de la violence conjugale qui s'installe peu à peu jusqu'à la terrible explosion, on comprend les mécanismes psychologiques de l'enfance et ses conséquences sur l'adulte. On ne peut pas refermer ce roman sans être oppressée et bousculée.

Dans ce premier roman, Bénédicte Soymier aborde avec justesse et tension celui d'un amour qui vire au drame.

En résumé : un premier roman à découvrir pour la psychologie des personnages et la justesse des mots sur un mal de l'Homme : la violence.
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Première lecture de 2021

Et quelle lecture ! Un premier roman maîtrisé et tendu sur la violence à l'intérieur d'un couple, à travers les ressentis de celui qui la fait sourdre, l'homme.
Un véritable anti-héros, ce Paul, pour lequel j'ai été partagée tout au long de ma lecture entre dégoût et empathie.

"Paul n'est pas beau."

L'incipit du roman donne une des clés pour tenter de comprendre cette personnalité complexe. Ne pas être beau revient pour lui à faire partie des laissés pour compte de notre société. ( Il hait les beaux pour qui tout est facile) de ceux blessés dès l'enfance par les railleries, les petites phrases assassines qui laissent au coeur des plaies béantes. Quand s'y ajoute la violence d'un père et l'indifférence d'une mère, alors les frustrations accumulées, les rancoeurs fomentent un cocktail explosif. Une cocotte minute sous pression...

Paul par dépit et désir frustré va s'en prendre à une jeune femme vulnérable. Maman célibataire, Angélique est pulpeuse, voluptueuse, sexy et décidée à croire coûte que coûte en l'amour de cet homme qui peut être si gentil même si elle sent bien que quelque chose ne va pas... Elle aussi est blessée par la vie.

L'autrice se glisse dans la peau de cet homme misérable et malheureux avec une précision chirurgicale et une crédibilité incroyable. Quand la digue des remparts moraux de Paul cède( il s'était juré de ne pas être cet homme là), elle nous entraîne dans la spirale de la violence, au coeur des pensées de Paul. le personnage féminin est finement brossé aussi et il est impossible de ne pas ressentir d'empathie pour elle et d'avoir envie qu'elle s'en sorte. La tension s'installe crescendo et ce, jusqu'au bout du roman.

Lisez ce roman puissant, une vraie réussite dont les personnages vous hanteront longtemps après avoir refermé la dernière page...

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