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sur 136 notes
Ce premier roman choisit un angle très original et osé pour aborder la question des violences faites aux femmes : donner à entendre la voix de Paul, l'homme violent, dans la peau duquel le lecteur glisse, dans son ressenti, ses failles et ses souffrances. Sans fard. Et c'est terriblement dérangeant d'être plongé dans la tête de ce mal-aimé, mal-heureux, devenant mal-traitant.

Dès les premières pages, cet homme ordinaire et laid met mal à l'aise. Il observe pathologiquement les femmes qui lui plaisent, les épient, prend des notes sur son carnet, accumule rancoeurs et rancunes, rage et hargne. Jusqu'à ce que tout bascule. Il vrille suite au rejet d'une femme qui l'obsède à en crever. Jusqu'à la rencontre avec Angélique. L'engrenage de la violence se met en place. Bénédicte Soymier décortique remarquablement cette spirale, disséquée au millimètre. Paul, piégé par ses failles émotionnelles et ses pulsions violentes, Angélique par sa volonté qu'enfin une histoire d'amour fonctionne, à la fois naïve et lucide dès les prémisses de l'inacceptable.

Benédicte Soymier est une écrivaine, c'est évident lorsqu'on lit ses phrases courtes, hachées, percutantes. le style est vif, précis, rythmé. Les mots se précipitent et happent comme dans un thriller, créant une véritable tension narrative née de l'urgence de la situation.

Les deux premiers tiers du roman sont formidables et glaçants. Je suis moins convaincue par le dernier tiers, sur l'après, que j'ai trouvé trop explicatif, trop psychologisant. Même si je comprends le volonté ou le besoin d'ouvrir une fenêtre vers la lumière, la rédemption et la résilience, ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est justement de suivre Paul, ses actes bruts juste entrecoupés de quelques indices sur son passé, j'ai aimé que l'imagination du lecteur ait toute latitude à s'exprimer. du coup, il m'a semblé que la force du récit retombait voire glissait vers quelque chose d'un peu "moralisateur".

Malgré ces quelques réserves, ce roman marque l'entrée en littérature réussie d'une auteure incontestablement à suivre.

Lu dans le cadre du collectif 68 première fois
https://68premieresfois.wordpress.com/
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Paul n'est pas beau.
Ni beau ni gentil.
Paul ne s'aime pas.
Et en veut à la terre entière.
Angélique n'est ni belle ni moche.
Elle s'assume. Elle et ses rondeurs.
Elle n'a jamais eu de chance en amour.
Peut-on s'aimer quand on est deux cabossés de la vie ?
Peut-on sortir la tête d'une enfance pourrie ?
Peut-on ne pas réitérer les traumas du passé ?
Est-ce que ça coule dans les gênes la violence ? La poisse ? La misère ?

C'est un roman écrit d'une main de maître, par une femme qui ne triche pas et dissèque l'origine de la violence par tous ses pores. C'est un roman saisissant de douleur, de fatalité, qui crie l'horreur d'hier qui s'insinue jusqu'à aujourd'hui, n'a jamais rien lâché. Il y a une telle acuité et précision dans l'autopsie de cette violence que c'en est saisissant d'effroi.
De l'écriture, pleine en peu de mots, des phrases aiguisées, directes, sans fioriture et pourtant chargées d'émotions à l'histoire édifiante, ce premier roman se lit d'une traite, en apnée, sans pouvoir reprendre son souffle.
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Il est minable. Pas beau, mal fringué. Et ce n'est pas un délit de sale gueule, car en plus il a ce petit quelque chose malsain qui vous met mal à l'aise. Impossible de déceler la moindre parcelle de beauté intérieure. Conséquence logique : il est seul, dans un appartement confortable d'où il peut fantasmer en regardant la belle Mylène sa voisine. L'idylle sera de courte durée, Mylène comprend vite son erreur. Par contre, Angélique, sa collègue semble une proie plus facile. Seule avec un enfant , elle cède à la demande de Paul. Et emménage avec lui.

Le duo victime-prédateur est parfaitement restitué. Chacun reproduisant un fonctionnement délétère, calqué sur des schémas qui font partie de leur histoire personnelle. On déteste le type, et on a juste envie de secouer la demoiselle pour lui ouvrir les yeux.

La narration est menée avec une maîtrise remarquable. Des phrases courtes qui illustrent bien le fonctionnement impulsif et à court terme de cet homme gouverné par ses pulsions.

Le scénario est bien rodé, et reproduit avec fidélité ce fonctionnement prédateur-proie, promis dès les premiers échanges à une issue délétère, avec une violence qui s'auto-alimente et un cercle vicieux dont il est difficile de rompre l'enchaînement. Les remords sont des vérités brèves qui l'instant d'un « plus jamais » annihilent toute volonté de s'extraire de cet enfer quotidien.

Premier roman abouti, dont on aimerait que les personnages ne soient que des caricatures.
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Paul, ce mal-épris, s'y prend mal avec les femmes. Il n'y peut rien, il a beau faire, il est moche, d'après lui y a que les beaux qui ont droit à l'amour. Paul est frustré. Travail routinier, vie solitaire, enfance malheureuse. Il n'a pas été aimé, il est laid au-dehors, et en-dedans ce ne sera guère plus brillant. Quand Mylène emménage sur le même palier, Paul en tombe amoureux illico, et entreprend de séduire la jolie jeune femme. Il pensait avoir fait le plus difficile, le râteau est d'autant plus cruel.
Désespéré, Paul se rabat sur Angélique, une nouvelle collègue. Pas super-jolie, pas super à l'aise dans son corps tout en rondeurs qui attire les regards des mâles, pas super confiante en elle. La proie idéale.
Parce que cette fois, il n'est pas question d'amour, mais d'obsession, de possession, de manque à combler. Paul la veut, il l'aura.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée, Angélique le sait parfaitement, pourtant elle cède. Besoin d'affection, de sécurité, de ne plus être seule entre sa mère et son petit garçon, peu importe la raison. Après tout, peut-être que Paul sera quand même quelqu'un de bien, si elle arrive à s'en faire aimer.
Mais non. Il se met à régenter sa vie, à être verbalement désagréable, odieux. Il sait que ce n'est pas bien, qu'il n'a pas le droit de se comporter comme ça, mais il n'arrivera pas à éviter le drame.

Sur le thème de l'emprise et de la violence conjugale, l'auteure nous immerge dans l'esprit tourmenté d'un homme mal dans sa tête et dans son corps. A son idée fixe que sa laideur est la cause de son malheur, se superpose la question de savoir si on est capable d'aimer quand on ne l'a pas été dans l'enfance.
Si le personnage de Paul ne provoque aucune empathie, celui d'Angélique est plus attachant, même si je n'ai pas arrêté de me demander pourquoi elle se laissait piéger. Manipulation d'un côté, soumission de l'autre, il n'y a en tout cas pas d'amour véritable dans cette histoire.
Malgré un style trop haché pour moi, un premier roman plutôt réussi, qui dérange et interpelle.
En partenariat avec les Editions Calmann-Lévy via Netgalley.
#LeMalépris #NetGalleyFrance
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Il mène une petite vie tranquille entre son bel appartement et la poste où il officie, du moins le croit-on en ce début de roman, sauf qu'il semble déjà exceller dans l'art de l'espionnage des voisins, et plus encore quand les voisins déménagent pour laisser place à une voisine, charmante qui plus est...

Calculateur, il ne manque pas de se rendre devant sa boîte aux lettres en même temps que la créature de ses rêves, l'invite, prend des photos en douce et tient une sorte de carnet-journal où il consigne ses états d'esprit et ses observations, ses photos, ses trouvailles. Mais la belle Mylène n'est pas dupe, et après des ébats d'une nuit, elle prend le large...

Et Paul recommence avec Angélique pour une liaison durable cette fois... durable ? peut-être, mais on constatera son côté manipulateur. Pas de doute, cet homme est un pervers...

Angélique semble être la candidate idéale à ce genre de manipulation et on assiste, en tant que témoin impuissant, à son calvaire, souhaitant fort qu'elle s'éveille, prenne conscience des faits et réagisse.

Un roman très intéressant, qui décrit parfaitement le vécu de ces femmes maltraitées qui tergiversent et donnent encore et toujours une chance avant de quitter le foyer, piégées qu'elles sont parce qu'on a limité leur indépendance, qu'on les a emprisonnées, qu'on est capable de beaucoup de tendresse à des fins manipulatrices, qu'on promet que cela ne se reproduira pas...

La narration est intéressante car Bénédicte Soymier se met dans la peau des personnages et expose ainsi le ressenti de chacun, son histoire, son vécu. Elle exprime dans quelques passages, la pensée de Paul et montre l'image dévalorisante qu'il se fait de lui-même à l'instar des pervers narcissiques.

Un roman à lire d'urgence pour comprendre le mécanisme par lequel la dépendance s'installe et le piège se referme sur ces femmes victimes de violence conjugale.

Un beau premier roman qui faire naître l'espoir que d'autres suivront.


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Paul est un personnage singulier, dont l'enfance a été marquée par un père violent, alcoolique et une mère du même style. Il n'y a jamais eu d'amour dans cette famille. Étant l'aîné, tout jeune il a décidé de s'interposer pour protéger les plus petits, prenant les coups à leur place.

Il n'est pas beau, pour ne pas dire qu'il est moche, il ne s'aime pas et se comporte de manière bizarre avec les femmes qui croisent sa route. La première dont on fait la connaissance est Mylène. Elle a emménagé dans le même immeuble, fragile car elle vient de divorcer. Il la trouve belle, en tombe amoureux, mais pas de « la bonne manière » : il l'épie vers les boîtes aux lettres pour faire semblant d'être là par hasard, l'invite à prendre un verre et la fait parler, parler d'elle bien sûr, lui ne raconte jamais rien.

Il se fait tout un roman sur cet amour qu'il croit partagé, mais, Mylène a pris ses distances. Il va fantasmer sur « la nuit d'amour », la seule nuit, qu'ils ont passé ensemble. Un autre homme finit par entrer dans la vie de la jolie voisine. Après l'amour fantasmé, place à la colère et à la haine.

Qu'à cela ne tienne, il repart en chasse et tombe sur Angélique, qui travaille à la Poste comme lui. Cette fois-ci c'est la bonne, sûrement ! d'ailleurs, elle est jolie, mais rondelette, différente de Mylène.

Angélique est la proie idéale : elle a été harcelée moralement et physiquement à l'école, à cause de son poids, elle est devenue une fille facile en pensant pouvoir être aimée… Elle est coquette, se maquille, s'habille de manière trop courte au goût de Paul. Elle a eu un enfant qu'elle élève toute seule.

Le piège est en place : Paul a une victime sous la main, et l'étau va se resserre quand angélique emménage chez lui. La maltraitance s'installe insidieusement au début, d'abord les petites phrases blessantes sur le physique, puis sur les capacités intellectuelles, puis viennent les coups… jusqu'où cela pourra-t-il aller et y -t-il une possibilité de prise de conscience et donc de prise en charge ? Mais ne divulgâchons pas…

Je n'ai pas lu beaucoup de romans sur le thème de la violence conjugale, cela fait la une des journaux, tous les jours et c'est encore pire depuis les confinements, mais celui-ci me tentait car écrit par une infirmière sur des bases bien concrètes. En fait, l'écriture est belle et lapidaire quand il s'agit de récrire la fameuse scène (la pire, car il y en a eu plusieurs) ; comme un commentateur sportif décrirait un combat de boxe, direct du gauche ou du droit, uppercut ou autre.

J'ai bien aimé la façon dont le récit est structuré: l'auteure raconte l'histoire, la faits et gestes de Paul et en italiques, elle nous propose ce que Paul se dit à lui-même, interprète ce qu'il a fait ou dit.

C'est injuste et douloureux, chaque jour, chaque heure, cette laideur portée en fardeau, la peau, une silhouette, des pieds à la figure, incongrue, elle pique et modèle l'humeur et les certitudes. Évidemment, Paul, la souffrance n'appartient qu'aux moches !

Je n'ai pas découvert ce titre par hasard, je suis abonnée au blog de Bénédicte Soymier depuis pas mal de temps, donc je connais assez bien sa plume, sa manière d'analyser les livres dont elle parle, et le titre de ce roman m'a tout de suite interpelée. Et pourtant, je redoutais un peu cette lecture car ces derniers temps, j'ai besoin de sujets plus légers que d'habitude, je choisis des livres qui me plairaient en temps normal et qui soudain me paraissent trop pesants quand je m'y attaque, ma PAL est encore plus débordante, plus éclectique que jamais.

J'ai beaucoup aimé ce roman et son titre lourd de signification et j'espère vous avoir, prouvé qu'il fallait le lire… c'est le premier roman de Bénédicte Soymier et c'est un coup de maître.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Levy qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#LeMalépris #NetGalleyFrance
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Paul, ancien enfant battu et négligé par ses parents, est un homme laid et sans éclat qui remâche ses frustrations notamment avec les femmes. Il tombe amoureux de Mylène, sa nouvelle voisine, et se décide après moult hésitations à la séduire. ● Il est difficile de critiquer négativement un roman qui a d'aussi bonnes intentions. Néanmoins, je n'ai été séduit ni par le récit qui tourne en rond et ne cesse de se répéter ni par le style qui entend sans doute être moderne mais n'est que confus. Il y avait sans doute mieux à faire sur un tel thème.
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Je pensais lire sur le thème de l'amour, mal compris, mal donné, mal vécu. Et voilà un énième livre sur la violence machiste, sujet redondant depuis quelques temps il me semble, Frémiot, Deruschi, etc. Bien. C'est un sujet important, certes, dont il faut parler. Mon problème, c'est que pour aimer un livre, j'ai besoin d'aimer (un peu) les personnages principaux. Et là, sincèrement, entre un Paul super moche (on le saura, c'est dit et répété mille fois), désagréable au possible, une Mylène superficielle qui s'abandonne un jour de blues et la totalement légume Angélique qu'on secouerait volontiers pour lui ouvrir les yeux, on a bien du mal à s'attacher. Les personnages sont assez caricaturaux (le type abimé par son paternel qui s'essuie les pieds sur une plus abimée que lui) le style abrupte et court ne fait rien pour nous mettre à l'aise. Bref , on en bave, on stresse, on s'éclate pas. C'est technique, froid et dur, la fin est ... J'ai rien compris. C'est assez rare, mais je pense être totalement passée à côté de ce bouquin, pardonnez-moi.
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Tel est pris qui croyait s'éprendre.


On pourrait résumer ainsi ce premier roman de Bénédicte Soymier.


Lorsque je referme ce livre, je ne sais que penser ? L'ai-je aimé, l'ai-je détesté ?


Paul, ce « héros », qui n'en a d'ailleurs que le titre, mal fagoté, ce malotru, m'aura mis dans le mal, et ce n'est pas un euphémisme !


C'est une plongée oh combien âpre, poisseuse, dans la vie de cet homme antipathique où les êtres semblent s'engluer dans une certaine forme de désespoir.


Paul va s'amouracher de sa voisine, la belle Mylène, et faire d'elle une sorte d'obsession dégoulinante. Jusqu'à faire céder le barrage. Puis, viendra, Angélique, dont le prénom peut prêter à sourire tant elle va tomber dans les filets d'un Paul devenu monstrueux.


L'ange et le démon. L'innocence et l'innommable emprise.


Le mal-épris. le mal est fait. Ou l'effet mâle dans toute sa misère.


Les jours passent et cette lecture trotte dans ma tête.
Reste un roman éprouvant, pour moi, mais ne serait-ce pas l'effet recherché ? Bousculer, révéler, fracasser …


Lorsque la forme, maîtrisée, nous fait haïr le fond.


Lorsqu'on ne peut arriver à comprendre l'insoutenable.


Les livres sont aussi là pour ça … Ou alors, ai-je mal compris ce mal-épris ?


Et si c'était ça, aussi, la littérature ? Frapper le lecteur, ne pas le ménager, l'engluer et démontrer ainsi son propos de manière éclatante ! Un roman finalement profondément triste, que le regard que porte cet homme sur les femmes rend épuisant.

Et personne n'en sort indemne. Surtout pas le lecteur.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les pulsions malsaines de Paul

Le premier roman de Bénédicte Soymier s'attaque aux violences conjugales en racontant le parcours de Paul qui espère chasser ses démons en trouvant l'amour. Sa nouvelle voisine et sa collègue veulent aussi y croire.

Paul est sans doute ce qu'on appelle un célibataire endurci. Il est moche, ne sait pas s'habiller et s'irrite des remarques désobligeantes des clients et des collègues de la poste où il remplit consciencieusement son travail. S'il n'aime guère être dérangé dans ses habitudes, il va finalement trouver que le départ de ses voisins a du bon. La nouvelle propriétaire est belle comme un coeur et va vite devenir pour lui une obsession. Il s'achète un nouveau carnet, un stylo Mont-Blanc et note toutes les informations qu'il peut recueillir sur Mylène. Professeur des écoles, elle enseigne à une classe de CE2, monte à cheval et part tous les week-ends. Et son humeur un peu maussade au début semble plus joyeuse au fil des jours. Il échafaude un scénario pour l'aborder. L'occasion va se présenter lorsqu'elle laisse tomber son courrier dans le hall. Il se précipite et l'aide avant de l'inviter à prendre un verre. «Elle accepte. Il jubile, ravi et léger, soudainement détendu; il se fait désinvolte et l'invite dans la cuisine où les verres se remplissent et les rires se répandent. Il raconte la Poste, les collègues et les clients capricieux, les demandes insolites et les idioties, elle rit. Elle rit et lui est heureux. Il a tant rêvé cet instant, des nuits entières, conscient de la vanité de son espoir, et voici qu'ils discutent, assis dans sa cuisine comme des amis de longue date.»
Elle reste tard. Accepte un dernier verre. Lâche prise. Elle est déjà sous son emprise, mais s'imagine pouvoir résister. Elle ne dira non qu'à moitié le jour où il l'embrasse, elle ne se donnera aussi qu'à moitié. Mais au réveil, elle se rend compte que leur amitié n'aura été qu'une illusion. Désormais, elle évite Paul et, après une altercation dans le hall de l'immeuble cherchera à se consoler dans les bras d'un autre.
Paul va du reste lui aussi essayer d'oublier Mylène en se tournant vers sa collègue Angélique avec laquelle il entame le même jeu de séduction, avec laquelle il va assouvir son besoin de sexe. C'est rapide et brutal. C'est un nouvel échec. «Angélique est belle les cheveux emmêlés, pâle et froissée, assise sur son canapé. Elle serre les genoux et lisse son chemisier. Paul ramasse sa détresse, un regard en pleine face; la tristesse qu'il remarque, elle est pour lui. Lui, l'arrogant et le vulgaire. La bête. Il sent la bile à son palais. Tout ça, c'est de la faute de Mylène. Non. Même pas. C'est de la sienne. Il se dégoûte.»
Alors il essaie de s'amender, de ne plus s'énerver chaque fois qu'un homme jette un regard sur elle, évalue ses seins et ses fesses. Alors, il lui propose de l'emmener un week-end en bord de mer, il va même lui offrir de s'installer chez lui avec son fils. Mais sa jalousie, aussi maladive qu'infondée, le pousse à commettre à nouveau l'irréparable. Il cogne, il frappe, il meurtrit.
«Elle pourrait partir, elle qui vient de s'installer, la tête emplie d'espoir, partir comme le conseille l'article parcouru dans Elle ou Marie Claire. Elle pourrait remplir ses cartons et ses sacs. Elle pourrait, mais elle ne peut pas, parce qu'elle croit à l'amour, à la rédemption et aux choses qui changent. Elle se tait. Ferme les yeux.»
Bénédicte Soymier est infirmière. Elle pose ici un diagnostic qui a dû se nourrir des histoires entendues, de témoignages, de récits de femmes désespérées. Un homme violent peut-il changer? Loin de tout manichéisme, elle creuse ce lien entre deux personnes, aussi solide que fragile. Jusqu'où faut-il aller avant qu'il se rompe? Et une fois rompu se sent-on mieux pour autant? En creusant jusqu'au racines de la violence conjugale, elle réussit un roman fort, qui touche au coeur.


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