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Artie vient rendre visite à son père. Nous sommes alors en 1978, et cela fait quelques temps qu'il ne l'a pas vu. Depuis le suicide de sa femme Anja dix ans plus tôt, son père Vladek Spiegelman, s'est remarié. Avec une autre Juive, Mala, qui a elle aussi survécu aux déportations en Pologne.
À l'occasion de cette visite, Artie reparle de son projet d'écrire un livre sur la vie de son père durant la seconde guerre mondiale, et lui demande de lui confier son histoire.

Maus est un bouquin magnifique et ce pour tout un tas de raisons. La critique lui a par ailleurs montré ô combien le témoignage qu'il laissait était important.
Le premier opus, Mon Père saigne L Histoire, est paru en 1987. L'année suivante, il obtient l'Alph-Art du meilleur album étranger lors du festival d'Angoulême. Une consécration pour une bande dessinée.
Le second tome, Et c'est là que mes ennuis ont commencé, paraît en 1992 et clôt le diptyque. Une sortie là aussi honorée par l'Alph-Art du meilleur album étranger d'Angoulême, mais pas seulement. Car Maus se voit aussi décerner le prix Pulitzer, une récompense unique jamais attribuée à une autre bande dessinée.

Art Spiegelman a travaillé 8 ans sur le tome 1. Il a tout d'abord recueilli le témoignage de son père, prenant des notes ou enregistrant leurs entretiens. Vladek Spiegelman est mort en 1982. Ce livre n'est pas seulement un hommage à l'homme, c'est aussi un témoignage fort sur la Shoah durant la seconde guerre mondiale. Un travail de longue haleine, délicat et complet.

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Cette bande-dessinée est très connue pour le prix Pullitzer qu'elle remporte en 1992. Elle est célèbre aussi pour sa transposition animalière: les Juifs sont les souris (déchirantes lorsqu'elles hurlent dans les fours crématoires), les Nazis sont des chats qui ressemblent d'ailleurs à des petits tigres, les civils sont des cochons, les Américains de braves chiens. Les souris mettent des masques de cochons lorsqu'ils sortent. La force de la bande-dessinée réside d'abord dans cette confrontation entre la naïveté première de ces dessins et l'horreur froide évoquée, noire et blanche crayonnée dans des cases étriquées. Il y a aussi beaucoup à lire et beaucoup à endurer au cours de ce livre, c'est une lecture laborieuse à tous points de vue puisqu'on commence l'histoire avec l'enfance de Vladek et qu'on la finit avec son arrivée aux Etats-Unis, à savoir longtemps avant et après les camps proprement dits. Mais ce qui fait aussi sa force et qui l'empêche d'être un énième livre sur les camps, c'est qu'elle met en scène l'enquête du descendant pour comprendre ses origines, pour comprendre ce vieillard et pour transmettre, pour trouver sa place dans cette ascendance, pour savoir quel est son rôle dans cette mémoire à la fois personnelle et collective. L'auteur reprend d'ailleurs son propre rôle et enfile un masque de souris pour tenter de répondre aux journalistes qui lui demandent quel est son message en publiant cette bande-dessinée…

Un témoignage poignant sur le devoir de mémoire et le rôle que chacun peut et doit y tenir.
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Je l'ai lu. Une fois. Puis deux. Je l'ai lu en boucle, sans réussir à m'arrêter. Non seulement c'est prenant, mais en plus c'est poignant, et pire que tout, c'est RÉEL.
Ce n'est pas faute d'avoir vu des documentaires sur les camps de concentration, mais ça ne m'a pas empêché de trembler pour cette famille, de prendre Art en pitié et d'être choquée par la vision de souris pendues haut et court sur la grand-place du ghetto de Varsovie.
C'est l'un des rares livres sur l'Holocauste qui font passer les notions dures du nazisme avec autant de douceur, bizarrement.
Mais l'horreur reste.

Prix Pulitzer pour Art Spiegelman. Largement mérité.
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La Shoah vu à la première personne…un livre qui m'a empêché de dormir la nuit et qui ne peut laisser indifférent…

L'une des grandes force de cette BD est la précision de la mémoire de son père, décrivant les horreurs que lui et sa femme ont vécu. J'ai également beaucoup apprécié les moments dans la temporalité de l'auteur, qui nous rapproche des personnages.
Le dessin reflete bien les émotions qui traverse les personnages tout le long du récit.

Un livre à lire absolument, afin que cette page de l'histoire ne soit jamais oublié.
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Et L'intégrale Maus?

Dans cette bande-dessinée, tout sauf ordinaire, la lectrice ou le lecteur retrouve tous les volumes de la célèbre série. J'ai décidé d'acheter l'intégrale car je voulais posséder toute l'histoire de Maus.

Maus, c'est le vécu des parents d'Art Spiegelman qui ont connu les camps de concentration durant la Deuxième guerre mondiale. Ainsi, Vladek, le père, Artie, le fils et son épouse française Francoise vivent à New York. Artie décide de créer une bande-dessinée pour raconter l'histoire de son père et de sa mère Anja qui ont connu les camps de concentration. Pour ce faire, il passe du temps avec son père et il enregistre leur conversation pour ne rien perdre de ce précieux témoignage. Il aurait bien voulu avoir accès aux journaux intimes de sa mère, mais après son suicide, son père les a brûlés. Par le biais de ses dessins, Artie tente de rendre vivant l'indicible des camps de concentration. Ce récit s'étalonne de 1942 jusqu'à aujourd'hui et il offre des allers-retours entre les camps de concentration et New York.

Vous dire à quel point j'ai été émue de lire cette BD, c'est peu dire… Dans ce récit, les Juifs sont des souris, les Nazis sont des chats. Les chats veulent la destruction des souris. Tout est illustré, l'horreur est là, couchée sous nos yeux dans des dessins présentés en noir et blanc. La traque, la mort partout, le sadisme, les trains, la décrépitude des corps, l'amour, la faim, etc. Et même le pire des camps.

«Les prisonniers qui travaillaient là, sur les vivants et les morts, ils versaient de l'essence. La graisse des corps brûlés, ils la recueillaient et la versaient à nouveau pour que tout le monde brûle bien. » (p. 232)

C'est intense et profond.

J'ai aussi beaucoup apprécié la relation entre le père et le fils. le fils en vient à comprendre pourquoi son père est devenu un avare qui économise sur tout et à quel point il a dû se servir de son intelligence pour survivre. le fils est habité par la culpabilité, une culpabilité qui semble se transmettre de génération en génération. Car les survivants se sentent coupables de ne pas être morts comme les autres dans ces camps qui ne visaient qu'un seul but : les exterminer.

Comme le mentionne le psy. d'Artie :

«La vie est toujours du côté de la vie, et d'une certaine manière, on en veut aux victimes. Mais ce ne sont pas les MEILLEURS aussi qui ont survécu, ni qui sont morts. C'était le HASARD!» (p. 205)

Si vous n'avez pas encore découvert cette bande-dessinée, dépêchez-vous. C'est une histoire qui exprime l'indicible d'une manière si intelligente qu'on ne peut que l'apprécier. Je ne l'oublierai jamais. Merci M. Spiegelman. Écouter des souris raconter le génocide de leur peuple, c'est de l'émotion à l'état pur. Je pleure et mon coeur saigne.
https://madamelit.ca/2023/02/03/madame-lit-lintegrale-maus-dart-spiegelman/
Lien : https://madamelit.ca/2023/02..
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Cela faisait longtemps que je voulais me lancer dans cet ouvrage. Voilà qui est fait et je ne le regrette pas même si les dessins en noir et blanc, assez schématiques sont un peu austères de prime abord.
L'auteur raconte la vie de son père à Auschwitz, comment il a survécu à la faim, au froid, à la maladie, à la souffrance physique et psychologique, au manque d'hygiène, à la brutalité, et tellement d'autres choses. C'est vraiment une très poignante et émouvante histoire. Les personnages sont représentés sous les traits d'animaux car je pense que l'auteur a voulu montrer que plus personne n'était humain durant cette période, ni les bourreaux, ni les victimes.
Je trouve Vladek (le père) ambivalent: quand on le voit pendant la guerre, il est courageux, sympathique, fort, généreux, attentionné; les moments où on est dans le "présent", il apparaît plutôt odieux avec les autres, agressif, râleur, et plutôt antipathique à vrai dire. Mais au final, j'ai eu quand même de la sympathie pour lui car on se dit que ce qu'il a vécu a dû laisser des traces chez lui.
Archie (le fils) est lui aussi à double visage: il veut essayer de comprendre son père, de s'intéresser à son passé pendant la guerre mais dans leurs échanges, il est parfois froid ou en colère envers le vieillard. Il faut dire que lui a grandi dans l'ombre d'Auschwitz et de ce frère chéri mort au camp et a bien du mal à trouver sa place. Bref, ces deux hommes sont hyper attachants, avec leurs faiblesses, leur douleur et leur amour qu'ils n'arrivent pas à s'exprimer.
C'est une oeuvre magnifique, à lire absolument.
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Maus était dans ma bibliothèque depuis dix ans, dix longues années à attendre son tour. Mais voilà, la seconde guerre mondiale et ses récits, j'en ai étudiés beaucoup et j'avais envie d'autre chose. Il m'aura fallu la plus grande panne de lecture de ma petite vie de lectrice pour le sortir et m'y plonger. Panne de lecture oblige, la lecture a été lente, entrecoupée de vides, et finalement, c'était peut être le bon moment pour moi pour découvrir ce roman graphique.

Maus retrace la vie des parents d'Art Spiegelman : Juifs, polonais, ils ont vécu l'horreur de la montée du nazisme, les discriminations, la déportation, les camps et la Libération. L'enfant devenu adulte raconte d'après les souvenirs de ce père si difficile à vivre au quotidien et met en scène le passé et le présent en un seul livre.

Ce livre fait co-exister deux temporalités : le présent dans lequel Art et son père discutent, se disputent, préparent le matériau pour le roman, et le passé, l'histoire de Vladek et d'Anja entre 1939 et 1945. Cette manière de faire a un intérêt dramatique : elle nous permet de voir le difficile exercice de remémoration, le fonctionnement de la mémoire et interroge aussi le fonctionnement des souvenirs. Plus d'une fois, Art est obligé de demander à son père de respecter le fil chronologique, là où l'esprit fonctionne à sauts et à gambades par associations d'idées. Nous pouvons aussi nous demander si tout est rigoureusement exact, ou si certains éléments ne sont pas modifiés, changés, transformés. Ce qui m'a frappé, c'est que le père répète souvent qu'il était fort et puissant et que c'est pour ça qu'il a survécu aux camps, il met en scène aussi sa ruse et sa débrouillardise qui lui ont permis de survivre. Pour un homme qui a autant souffert, qui est un survivant, c'est peut être aussi une manière de se réapproprier son destin et le libre arbitre dont les nazis ont voulu le priver. Je n'en sais rien, bien entendu, mais cela m'a frappée, et je m'interroge. Les passages au moment présent permettent quant à eux de montrer les doutes, le patient travail, la difficulté à organiser, structurer, mettre en mots et en images des maux et des tragédies qui dépassent l'entendement. En effet, comment écrire l'indicible? Comment montrer l'horreur absolue? Un vrai questionnement littéraire et artistique sous-tend aussi tout cela, car parfois, les mots, les images ne suffisent pas et il faut trouver des biais pour dire l'indicible.

Art Spiegelman a choisi le détour par les animaux pour raconter. Pourquoi pas. de nombreux artistes y ont eu recours au fil des siècles. Cela permet une mise à distance, une schématisation aussi que certains regretteront parfois, peut-être. Oui, représenter les Juifs sous la forme de souris et les nazis sous forme de chats a quelque chose de manichéen. Représenter les français sous forme de grenouille joue sur les stéréotypes bien entendu aussi. Se déguiser avec un masque de cochon pour passer sans problème pour un polonais paraît aussi facile, mais je pense que ce sont des facilités d'écriture graphique, rien de plus. Bien entendu que la vie clandestine a été plus dure que cela, bien entendu que le monde n'a pas été aussi manichéen, tout un chacun en a conscience. Néanmoins, ici, nous avons un fils qui relate la vie de son père, entre biographie et filtre affectif : le récit est biaisé de toute manière, on ne raconte pas à ses enfants comme on raconte à un inconnu. Alors, je vois ce manichéisme dans les représentations, mais j'ai fait le choix de ne pas m'y arrêter.

Art Spiegelman fait ici un choix à la fois audacieux et honnête, qui nous montre une fois de plus que deux subjectivités sont à l'oeuvre : celle du père dans son récit, et celle du fils dans le récit cadre. Vladek est peint sans idéalisation dans le récit du moment présent. Il apparaît comme un vieil homme, égoïste, centré sur lui-même, dur à vivre, pingre. Ce n'est pas du tout un portrait flatteur, mais cela correspond certainement au ressenti du fils. Leur relation est difficile, ce père est exigeant et se soucie assez peu des désirs de son fils. Peut être est-ce exagéré, ou non, nous ne le saurons jamais en réalité. le père, Vladek, apparaît dans le roman comme quelqu'un d'avare, et cela va dans le sens de certains stéréotypes racistes concernant les Juifs…. C'est assez embêtant, et Art se mettant en scène dans le roman en parle avec Françoise et est gêné de le montrer. Pour autant, je ne pense pas qu'il faille y voir une pique.

La seule chose qui m'ait vraiment dérangée est la manière dont Vladek s'exprime. Pour une raison obscure, toute la syntaxe de ses phrases est inversée, mise sens dessus dessous. Cela a été pénible à lire pour moi, et je m'interroge sur les raisons de cette syntaxe : est-ce qu'à la fin de sa vie, Vladek s'exprimait dans une langue qui n'était pas sa langue maternelle et qu'il n'en maîtrisait pas la syntaxe? La question est posée.

Ainsi, Maus est une lecture poignante par le matériau utilisé, par les souvenirs et par l'indicible mis en mots et en images. C'est aussi un témoignage, une auto-fiction et un questionnement sur la mémoire. A bien des égards, ce roman graphique nous interpelle et nous interroge.
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Bande dessinée d'un talent unique pour dévoiler le parcours d'un juif polonais pendant la seconde Guerre mondiale et l'incompréhension entre deux générations : celle du père qui a vécu ces horreurs et celle du fils, né après la guerre, qui cherche à comprendre son père. Ce fils, met en scène simplement au travers de chats et de souris, la mémoire de son père. Il reste totalement neutre (sauf quand il s'agit d'évoquer l'histoire de sa mère), les passages contemporains à la BD sont nombreux car ils ont toute leur importance : c'est la quête du fils qui est aussi importante que celle du père pour se sortir de cet enfer. C'est une oeuvre d'une humanité incroyable.
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Maus est sans aucun doute une oeuvre à part, une lecture qui marque et qui réussit à faire passer bien plus qu'un simple témoignage autobiographique sur la Shoah.

Art Spiegelman a choisi la BD pour nous faire partager le récit de la vie de ses parents, juifs Polonais, pendant la seconde guerre mondiale. Une petite histoire dans la grande mais ce sont souvent les plus petites histoires qui permettent de comprendre réellement les moments les plus importants de l'histoire. Il a aussi choisi de dessiner chaque "peuple" sous les traits d'un animal : un choix particulièrement judicieux à mes yeux notamment pour la compréhension globale du lecteur.

L'auteur nous livre aussi un récit très personnel de sa relation avec son père qui s'explique en partie par ce que ce dernier à vécu pendant la guerre. Il tente de renouer avec celui-ci mais il y a beaucoup de difficultés à franchir et de fantômes à combattre.

On va donc suivre les parents de l'auteur dans leur lutte pour survivre. Une survie de plus en plus difficile au fur et à mesure que la guerre avance, voyant leurs proches disparaître les uns après les autres inexorablement. Une lutte qui les mènera jusqu'aux camps de concentration et qui les verra perdre leur premier enfant.

À la fois personnel et historique, ce livre est un chef d'oeuvre de mémoire, de sensibilité, de justesse pour comprendre et s'émouvoir et surtout ne pas oublier ce dont l'Homme est malheureusement capable...
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Je ne vais pas en rajouter beaucoup aux multiples et justes louanges déjà présentes sur le site : cette BD, basée sur les mémoires du père de Art Spiegelman, ancien déporté, est juste un chef d'oeuvre.
Le dessin a beau être minimaliste, les juifs ont beau être des souris et les nazis des chats, l'humanité (et son pendant, l'inhumanité) transpirent de chacune de ces pages. Je n'ai pas levé le nez de la première à la dernière.
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