Art Spiegelman, une petite souris new-yorkaise, rend visite à son père Vladek qui est âgé et souffre de problèmes cardiaques. Cherchant à comprendre quelles sont ses racines, quelle est son histoire, et surtout souhaitant la transmettre, Art demande à son père de lui conter son passé.
Nous voici donc transporté dans la Pologne des années 30. Et Vladek petite souris juive, de se souvenir : la rencontre avec la mère d'Art, la montée du nazisme, l'annexion de la Pologne, le ghetto, la clandestinité et enfin le summum de l'horreur, l'indicible : les camps.
Maus l'intégrale se décline en deux volumes :
1/ Mon père saigne l'histoire
2/ Et c'est là que mes ennuis ont commencé.
Le premier couvre toute la période où la famille Spiegelman échappe aux camps. le second débute à l'arrivée dans les camps de la mort.
Maus est un incontournable, que ce soit sur le fond ou sur la forme...
Parlons d'abord du fond, qui est désormais mondialement connu, puisqu'il s'agit d'une histoire de l'holocauste, remarquablement bien traitée et bien rendue. Découvrir (ou plutôt redécouvrir) toute cette parcelle de l'histoire par les yeux de l'auteur et l'histoire de son père est plutôt inhabituelle dans le monde de la bande dessinée. On ne peut rester indifférent à cette lecture, car pour beaucoup d'entre nous cette partie de l'histoire ne nous est familière que par les livres d'Histoire... Donc intéressant pour le récit et sa proximité dans l'écriture.
Maintenant la forme, le lecteur découvre un dessin et une histoire entièrement en noir et blanc, ce qui est malheureusement désormais marginal dans le monde du 9ème art. Ici le noir et blanc est plus que jamais adapté à l'histoire. Cela fait ressortir le caractère des personnages, et permet au lecteur de se concentrer sur l'oeuvre et ce qu'elle raconte. le texte et l'expressivité sont très importantes dans une BD en noir et blanc, et force est de constater que Spiegelman est très doué dans ce domaine.
Le second parti pris artistique majeur est le choix de représenter chaque nationalité par un animal : les allemands sont des chats, les français des grenouilles, les américains des chiens, les polonais des cochons. Et il décide de dessiner les juifs en souris (maus en allemand) ce qui permet de les reconnaitre facilement dans le roman. Un seul vrai visage d'homme, celui du père sur sa photo d'identité (page 294), en habit rayé de prisonnier, photo retrouvée par Anja, sa première femme, la mère du narrateur, elle-même survivante mais qui se suicidera plus tard. Remplacer les personnages par des animaux est un autre choix judicieux et qui permet au lecteur de prendre un peu de recul par rapport aux horreurs du récit, qui sont pourtant bien réelles.
« Maus » est l'une des oeuvres graphiques qu'il faut à tout prix avoir lues au moins une fois dans sa vie. C'est une oeuvre chargée en émotions, qui interroge sur de nombreux sujets, et en particulier sur le travail de mémoire et l'héritage à conserver de ce terrible épisode de l'Histoire.
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