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sur 4660 notes
Est-il nécessaire de présenter cet album, justement encensé et récompensé en son temps ?
C'est une polémique venue des États-Unis, où certaines écoles ont décidé de le retirer de leurs bibliothèques, qui m'a poussé à le découvrir.
Maus (souris, en allemand) c'est l'histoire de Vladek Spiegelman, son histoire de Juif Polonais au moment de l'invasion allemande, incroyable destinée qui le verra miraculeusement sortir vivant de ces années noires et du camp de concentration d'Auschwitz, notamment.
C'est son fils, Artie (Arthur) qui va recueillir durant plusieurs mois, les confidences de cet homme aigri et en conflit permanent avec ceux qui l'entourent.
L'originalité de ce roman graphique vient de ce que l'auteur a choisi de donner un visage animal aux personnages.
La souris pour les Juifs.
Le chat pour les Allemands.
Le porc pour les Polonais d'autres confessions.
La grenouille pour les Français.
Cela n'enlève rien à la dramaturgie de l'histoire, peut-être même que la lecture en est facilitée et permet d'en élargir le public.
Pour ne pas alourdir son récit, Art Spiegelman ne le relate pas d'une traite, il fait des pauses, il ramène le lecteur dans l'époque contemporaine, chez lui ou chez son père, avec qui les relations sont tendues.
Il lui en faudra de la patience pour recueillir ce témoignage.
Celui d'un père devenu acariâtre, avare, qui passe ses journées à se plaindre et à compter, comme si sa vie aujourd'hui était plus dure que ses années de galère passées.
Roman d'une vie, romans de vies (celle de la mère de l'auteur et de tant de juifs polonais), que je recommande fortement.
Plutôt que de l'interdire dans les écoles, on ferait mieux d'encourager la lecture de Maus...



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Art Spiegelman a voulu faire une BD sur son père Vladek, sa vie en Pologne, ses souvenirs de guerre. Ils ne sont pas très proches et Art sait peu de choses sur la vie qu'ont eue ses parents avant la guerre. Vladek lui parle donc de sa rencontre avec Anja sa femme, de la naissance de Richieu son fils décédé, de son incorporation dans l'armée polonaise. Vladek est horriblement marqué par tout ce qu'il a vécu et est parfaitement insupportable à vivre. Son obsession de ne rien gaspiller, de garder son argent pour un avenir incertain le pousse à commettre des choses incompréhensibles pour son fils. Il lui raconte néanmoins ce qu'il a vécu, comment il s'en est sorti en étant à la fois prudent et volontaire avec une foi en l'avenir qui l'a sauvé. Il décrit la Shoah, des choses connues ou moins connues, avec le ton du père, son accent, ses tournures de phrase attendrissantes.
On comprend l'importance de l'entr'aide, de l'argent, la difficulté de prendre des décisions, d'anticiper les directives allemandes toujours plus restrictives, de croire les nouvelles impensables qu'ils commençaient à entendre.
Rien de nouveau pour moi mais le traitement en BD est à la fois plus descriptif et moins insoutenable. de même le fait d'avoir dessiné des animaux est plus supportable et n'empêche pas de faire oeuvre de mémoire. Ce qui est le but recherché. Les allers-retours entre le présent et le passé montrent bien les conséquences dans la vie des rescapés 40 ans plus tard.
A recommander aux jeunes générations.
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Comme l'an passé, je me joins à la  lecture commune autour de l'Holocauste initiée par Passage à l'Est & Si on bouquinait. 

Maus s'est imposé à moi à l'occasion de plusieurs coïncidences récentes. Au MAHJ l'exposition Si Lewen : La Parade a été l'occasion de voir et écouter Art Spiegelman qui a édité La Parade et qui introduit et commente l'exposition. j'ai le plaisir de l'écouter sur plusieurs podcasts de RadioFrance. Plus récemment, la polémique de l'interdiction de Maus dans les écoles du Tennessee et certaines réfexions étranges comme celle de Whoopie Goldberg a relancé l'intérêt pour cette oeuvre. 

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Je lis assez peu de Romans graphiques ou de BD. Je ne me sens pas qualifiée pour commenter le graphisme (N&B, impressionnant) ou le parti pris de donner des têtes d'animaux impersonnelles aux personnages, seules des petites lunettes permettent de reconnaître Vladek (le père d'Artie). 

Deux sujets m'ont particulièrement intéressées :

-le déroulement de l'histoire qui conduit les parents d'Artie dans les camps, et la vie quotidienne avec les débrouilles que Vladek "organise" pour survivre. Si une santé de fer et une  force physique étaient nécessaires pour survivre, la débrouillardise et l'ingéniosité de Vladek ont été l'atout indispensable, sans parler de des bijoux et argent qui ont été bien utiles au marché noir. 

-les rapports psychologiques père/fils, survivant/ martyrs avec toutes les culpabilisations  et les traumatismes qui en découlent, y compris le suicide d'Anya, la mère, le frère disparu...

je n'ai trouvé aucun motif (nudité ou gros mots) capable de choquer les écoliers du Tenessee, la cruauté des faits sont autrement plus choquants que leur représentation. Il semble bien que la censure vienne d'ailleurs! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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avec ce livre je sors des sentiers battus, un livre graphique et la Seconde Guerre Mondiale. Une excellente découverte, je ne regrette pas. Texte simple et images pleine de sous entendus. C'est très bien ficelé et monté. Je ne suis pas étonnée qu'il ait remporté le prix Pulitzer en 1992. D'après, mon conjoint il y a détail historique erroné: un détail bien précis mais pour le connaître il faut beaucoup plus qu'un livre sur ce thème.
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Il est de ces romans et BD qui sont bien plus que de simples récits, mais de véritables monuments, salués par tou.te.s et reconnus à travers le monde. « Maus » de Art Spielgelman est de ceux-ci.
Alors évidemment, j'imagine que bon nombre de lecteurs ici auront déjà lu ou entendu parler de cet ouvrage, mais en ce qui me concerne, je n'ai appris son existence qu'il y a environ 2 ou 3 ans quand j'ai commencé à me plonger dans l'univers des romans graphiques. Il n'est donc jamais trop tard pour bien faire. :)
Publié entre 1980 et 1991 aux Etats-Unis, Maus raconte la vie des parents juifs polonais d'Art Spiegelman (lui-même auteur de l'oeuvre), lors de la montée du nazisme dans les années 30, puis lors de leur déportation par les nazis entre 1939 et 1945. 50 ans après la Shoah, Vladek Spiegelman, encore très marqué par cette période tragique, tente de raconter à son fils cette partie de sa vie. On y découvre alors ce que lui et sa famille ont vécu et combien sa vie reste difficile, des décennies après les drames.
Même si le graphisme pourrait en rebuter certains par ses traits noirs épais, il est pourtant tout à fait en phase avec la difficulté du récit. C'est bouleversant, dur, de quoi vous donner la rage contre cette époque innommable et toute cette souffrance. Bref, c'est un monument indispensable, à lire et conserver précieusement.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Maus, une référence de la bd, une référence dans le devoir de mémoire, un chef d'oeuvre. Évidemment la bd m'a plu, le témoignage est poignant et même la relation père fils m'a beaucoup touché. Ça je ne le nie pas. Mais je m'interroge... Pourquoi des animaux ? L'idée est intéressante, mais est ce que ce n'est pas un peu "cliché" dirai-je. Les américains sont des chiens, les français sont des grenouilles, les juifs sont des souris, les allemands des chats, etc. Ça me fait l'effet de vouloir distinguer chaque peuple, ce qui était déjà l'idée d'un certain... Chat... Pourquoi entre couper le récit de situations personnelles ? On comprend que cette bd est une forme d'apaisement (et de stress aussi je pense) pour l'auteur en pouvant la dessiner. Étions nous obligé de voir ses séances chez le psy ou de voir sa première bd sur la mort de sa mère ? J'ai trouvé que c'était des passages pas obligé, voire même un peu chiant. Pourquoi un dessin aussi minimaliste ?
Alors oui Maus est une référence ! Et je le conçois et le comprend. Mais ne mettons pas au placard d'autres oeuvres (pas forcément toutes graphique) qui traitent de ce sujet en mettant Maus au dessus des autres, soi disant parce qu'elle est "tellement plus intelligente" .
J'ai évidemment aimé. Beaucoup moins l'engouement que je trouve exagéré.
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Classique qui a renouvelé le genre, cette BD me faisait peur. L'auteur raconte le destin de ses parents juifs polonais lors de la Shoah : les pertes de leurs droits, le ghetto, les violences, Auschwitz, la maladie, la peur, les marches de la mort, et puis la libération et le départ vers les États-Unis pour construire une nouvelle vie.

Cela raconte aussi le travail de recherche de l'auteur, ses échanges avec son père, malade et acariâtre, alors que sa mère s'est suicidée des années auparavant.

Comment transmettre un tel héritage ? Comment raconter le génocide des juifs ? Ces questions se trouvent dans cet ouvrage, et l'auteur réussit à la fois à retranscrire ses craintes et l'histoire (à trous) de sa famille, tout en parlant aussi de sa relation avec son père.

Je comprends mieux l'impact de cette oeuvre (parue en 1980), et je conseille cette lecture pour ceux qui s'intéressent au sujet.
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Cela faisait longtemps que je voulais me lancer dans cet ouvrage. Voilà qui est fait et je ne le regrette pas même si les dessins en noir et blanc, assez schématiques sont un peu austères de prime abord.
L'auteur raconte la vie de son père à Auschwitz, comment il a survécu à la faim, au froid, à la maladie, à la souffrance physique et psychologique, au manque d'hygiène, à la brutalité, et tellement d'autres choses. C'est vraiment une très poignante et émouvante histoire. Les personnages sont représentés sous les traits d'animaux car je pense que l'auteur a voulu montrer que plus personne n'était humain durant cette période, ni les bourreaux, ni les victimes.
Je trouve Vladek (le père) ambivalent: quand on le voit pendant la guerre, il est courageux, sympathique, fort, généreux, attentionné; les moments où on est dans le "présent", il apparaît plutôt odieux avec les autres, agressif, râleur, et plutôt antipathique à vrai dire. Mais au final, j'ai eu quand même de la sympathie pour lui car on se dit que ce qu'il a vécu a dû laisser des traces chez lui.
Archie (le fils) est lui aussi à double visage: il veut essayer de comprendre son père, de s'intéresser à son passé pendant la guerre mais dans leurs échanges, il est parfois froid ou en colère envers le vieillard. Il faut dire que lui a grandi dans l'ombre d'Auschwitz et de ce frère chéri mort au camp et a bien du mal à trouver sa place. Bref, ces deux hommes sont hyper attachants, avec leurs faiblesses, leur douleur et leur amour qu'ils n'arrivent pas à s'exprimer.
C'est une oeuvre magnifique, à lire absolument.
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Une exposition récente au MAHJ a été consacrée aux 63 planches en noir et blanc que Si Lewen a dédié au début des années 50, à la condamnation du nazisme, assassin et corrupteur de foules. « Maus » m'est d'autant plus facilement revenu en mémoire que Art Spiegelman a présidé à la tenue de cette exposition en éditant les planches de Lewen, dans la librairie du musée, aux côtés de cet ouvrage, des piles de « Maus » figuraient en bonne place. J'ai ressorti ma vieille BD et me suis replongée dans le récit et les dessins de Spiegelman.
« Maus » n'a pas pris une ride. En ces temps de haine ordinaire je dirais même que son impact est plus fort encore. Comme Castro révèle les monuments en les cachant, les dessins de Spiegelman renvoient le lecteur à la réalité historique. Une réalité historique transcendée à travers la fragilité de destins singuliers. le père de Spiegelman n'était pas un héros, simplement un homme parmi des millions d'autres, et au-delà de sa personne l'hommage qui lui est rendu fait justice à l'humanité toute entière.
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relecture en 2021. La transmission d'une période de vie d'un fils à son père est un exercice qui s'approche du funambulisme. Surtout lorsque ce père est un juif polonais, rescapé d' Auschwitz et que le récit en BD représente les personnages sous formes d'animaux aux espèces rivales, les chats (nazis), les souris (juifs) et plus neutre, les cochons qui figurent les polonais (pas si neutres dans l'affaire). Immédiatement l'anthropomorphisme ou le zoomorphisme étonnent, mais c'est une forme choisie par l'auteur qui en a fait ses références.
Vladek Spiegelman épouse une riche héritière de l'industrie textile et fait prospérer l'affaire avec son beau-père. L'époque est délicate en Pologne en 1939 pour les souris ; après plusieurs tentatives de cachette, la famille est arrêtée et déportée ; leur premier fils Angie sera sacrifié. Vladek et Anja, sa femme, survivront à Auschwitz et viendront vivre aux USA en 1950. Anja, dépressive se suicidera en 1968.
Artie ou Art, le second fils connaît une relation conflictuelle avec son père Vladek, homme autoritaire, raciste (envers les noirs), radin, égoïste… bref pas facile à fréquenter. Dix années lui seront nécessaires pour finaliser son oeuvre qui est la retranscription d'interrogations successives faites à son père.
Peut-être la mémoire du père a-t-elle été défaillante, peut-être a-t-il enjolivé des situations qui paraissent assez étonnantes vu le contexte, ou peut-être a-t-il eu beaucoup de chance ???
Le fils a rendu hommage, et même si le père a menti, l'ouvrage est là et il vit !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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