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A l'heure de choisir une BD pour l'anniversaire de mon frère, je n'ai eu aucun doute sur mon choix lorsque j'ai vu Maus dans les rayonnages. Même si je ne l'avais jamais lu (j'ai profité de mon cadeau pour le lire avant de l'offrir ;)), j'en avais entendu parler depuis plusieurs années, et malheureusement ces derniers mois, avec cette décision orwellienne d'un comté du Tennessee de censurer l'oeuvre d'Art Spiegelman de l'enseignement des élèves scolarisés.

Cela faisait un bout de temps que je n'avais rien lu ou vu sur la Shoah. En terminale, nous avions étudié Si c'est un homme de Primo Levi, vu Nuit et Brouillard d'Alain Resnais ; à la fac, j'avais étudié Les Bienveillantes de Jonathan Littell, et puis plus rien.

Peut-être avais-je cette impression d'avoir fait le tour de la question durant ces années de fac d'histoire, orientant mes lectures sur cette période sur les mécaniques du nazisme.

Pourtant à la lecture de Maus, il y a bien un aspect du travail de Mémoire qui m'avait échappé : comment les descendant·es des survivant·es de la Shoah vivaient avec ce lourd passé ? Comment pouvaient-ils continuer à transmettre cette parole ?

Art Spiegelman a choisi avec brio le roman graphique, et je pense que ce format permet d'amener un plus grand nombre de personnes sur cette période historique de la Shoah, qui nous le voyons aujourd'hui, souffre particulièrement des attaques des négationnistes, antisémites et révisionnistes.

Si aujourd'hui Maus est censuré dans certaines écoles aux USA, rien ne nous dit que demain cette oeuvre, ou une autre, ne soit interdite également en France, où les idées d'extrême-droite progressent dangereusement, et permettent à 89 député·es du RN de siéger à l'Assemblée Nationale.

Plus que jamais il est urgent de perpétuer ce travail de mémoire, et j'espère que c'est ce que j'ai fait à mon humble niveau en offrant Maus.

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J'ai eu du mal à entré dans l'histoire, il a fallut atteindre une bonne moitié de la BD pour que je m'habitue à la façon de raconter de Vladek qui prononce ses phrases à l'envers (tel Yoda). J'ai finalement été surprise par la dimension très touchante de l'histoire dans l'histoire : Celle du fils qui vit mal de connaître le succès avec l'histoire attroce de l'holocauste.

Soyons honnête au premier abord, il est difficile de trouvé Vladek attachant, comme le dit son fils dans une bulle, il est la caricature même du juif radin, néanmoins le fils à su dérouler l'histoire dans le bon ordre, ce qui finit par donné des "circonstances atténuantes" à son père.
L'oeuvre dans son ensemble est très franche, sans filtre, et très touchante.
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C'est un graphique qui nous raconte l'histoire du père de l'auteur tel un testament précieux de cette période noire de notre histoire.
Ce n'est pas que le récit de l'histoire de cette famille polonaise qui va tout faire pour s'en sortir et vivre, c'est aussi la relation d'un père et son fils totalement en décalage de leur réalité et le témoignage d'un homme qui malgré sa liberté retrouvé n'est jamais vraiment sorti de cette période qui l'a marqué à jamais.
Et comment ne pas l'être au vue de la période du nazisme qui est décrite et conté.
J'ai lu pas mal de livre sur cette période mais celui-ci nous apporte un éclairage nouveau sur la montée du nazisme, comment les gens ont déjà dû se débrouiller pour vivre avant et le après comment même en sachant ce qui se passait on a encore stigmatiser les juifs.
C'est un beau témoignage et un très bel hommage à toutes les populations martyrisées durant cette période, on a tous un devoir de mémoire et c'est un ouvrage fort qui porte ce devoir au plus haut point.
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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture.
Je tiens à remercier Catf qui m'a donné envie de lire cette intégrale de Maus
Dans l'intégrale de Maus (2 Bd) Art Spieglman retrace le passé de son père Vladek,Juif Polonais pensant l'occupation allemande.
On va retrouver dans ces 2 Bd toute l'horreur de cette période.Au début de ma lecture j'ai trouvé dommage que les personnages soient représentés par des animaux,les Juifs par des souris,les Allemands par des chats,tiens tiens!!!! les Américains par des chiens tiens tiens!!!!!les Polonais par des cochons et les Français par des grenouilles tiens tiens!!!!!
et au fil de ma lecture j'ai trouvé cela très fort au niveau du sens.
Une époque que j'adore lire car je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi autant de haine et cette Bd me fait découvrir cette époque différemment. A DECOUVRIR mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis personnel.
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Que dire de plus de chef d'oeuvre ? Qu'il faut le lire ! Que ce devrait être une lecture obligatoire, car on n'a rien compris, l'humanité n'a rien compris de ses erreurs. Cette BD raconte avec une rare sensibilité la persécution subie par les juifs en Pologne. Sur la base des entretiens avec son propre père, rescapé, Art Spiegelman restitue son vécu et sa débrouillardise, le mettant en parallèle avec l'homme qu'il est devenu, petit vieux pingre et difficile à vivre. Après avoir vécu l'indicible, il a fait preuve extraordinaire de résilience. Une BD à lire d'urgence.
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Art Spiegelman, une petite souris new-yorkaise, rend visite à son père Vladek qui est âgé et souffre de problèmes cardiaques. Cherchant à comprendre quelles sont ses racines, quelle est son histoire, et surtout souhaitant la transmettre, Art demande à son père de lui conter son passé.

Nous voici donc transporté dans la Pologne des années 30. Et Vladek petite souris juive, de se souvenir : la rencontre avec la mère d'Art, la montée du nazisme, l'annexion de la Pologne, le ghetto, la clandestinité et enfin le summum de l'horreur, l'indicible : les camps.

Maus l'intégrale se décline en deux volumes :
1/ Mon père saigne l'histoire
2/ Et c'est là que mes ennuis ont commencé.

Le premier couvre toute la période où la famille Spiegelman échappe aux camps. le second débute à l'arrivée dans les camps de la mort.

Maus est un incontournable, que ce soit sur le fond ou sur la forme...
Parlons d'abord du fond, qui est désormais mondialement connu, puisqu'il s'agit d'une histoire de l'holocauste, remarquablement bien traitée et bien rendue. Découvrir (ou plutôt redécouvrir) toute cette parcelle de l'histoire par les yeux de l'auteur et l'histoire de son père est plutôt inhabituelle dans le monde de la bande dessinée. On ne peut rester indifférent à cette lecture, car pour beaucoup d'entre nous cette partie de l'histoire ne nous est familière que par les livres d'Histoire... Donc intéressant pour le récit et sa proximité dans l'écriture.

Maintenant la forme, le lecteur découvre un dessin et une histoire entièrement en noir et blanc, ce qui est malheureusement désormais marginal dans le monde du 9ème art. Ici le noir et blanc est plus que jamais adapté à l'histoire. Cela fait ressortir le caractère des personnages, et permet au lecteur de se concentrer sur l'oeuvre et ce qu'elle raconte. le texte et l'expressivité sont très importantes dans une BD en noir et blanc, et force est de constater que Spiegelman est très doué dans ce domaine.

Le second parti pris artistique majeur est le choix de représenter chaque nationalité par un animal : les allemands sont des chats, les français des grenouilles, les américains des chiens, les polonais des cochons. Et il décide de dessiner les juifs en souris (maus en allemand) ce qui permet de les reconnaitre facilement dans le roman. Un seul vrai visage d'homme, celui du père sur sa photo d'identité (page 294), en habit rayé de prisonnier, photo retrouvée par Anja, sa première femme, la mère du narrateur, elle-même survivante mais qui se suicidera plus tard. Remplacer les personnages par des animaux est un autre choix judicieux et qui permet au lecteur de prendre un peu de recul par rapport aux horreurs du récit, qui sont pourtant bien réelles.

« Maus » est l'une des oeuvres graphiques qu'il faut à tout prix avoir lues au moins une fois dans sa vie. C'est une oeuvre chargée en émotions, qui interroge sur de nombreux sujets, et en particulier sur le travail de mémoire et l'héritage à conserver de ce terrible épisode de l'Histoire.
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Ce roman graphique en noir et blanc nous raconte, à travers la voix de Vladek, le papa, l'histoire des parents de l'auteur, Juifs polonais, depuis leur rencontre dans les années 30 jusqu'à leurs retrouvailles à la sortie de la guerre. Dans cette histoire animalière, dans laquelle les Juifs sont représentés par des souris, les Allemands par des chats, les Polonais par des cochons, les Français par des grenouilles et les Américains par des chiens, l'Holocauste nous est racontée dans toute son horreur.

En parallèle, nous sommes plongés dans cette relation père-fils imprégnée de ce passé inimaginable pour ceux des générations actuelles.

En dépit du caractère austère du dessin, qui ne doit pas plaire à tout le monde (noir et blanc, hachures pour les jeux d'ombres, personnages qui se ressemblent tous, traits simples, mais images assez chargées, également à cause du texte fort présent à chaque page), Maus ne devrait certainement pas être retiré des programmes scolaires sous prétexte de vulgarité. Il exprime l'horreur d'une manière simple et accessible, en montrant des personnages qui, s'ils ont des traits animaliers, sont profondément humains tant dans leurs qualités que dans leurs défauts. Ce livre est le gardien d'une réalité dont on a le devoir de ne jamais oublier qu'elle a eu lieu.

En ces temps incertains, il nous permet aussi de réfléchir à ce qui s'est passé plus récemment ailleurs sur la planète, et se passe actuellement non loin de nous, et qu'on a tendance à oublier ou considérer que cela n'est pas de notre ressort alors que cela a eu lieu ou est en cours…

Emouvants, les personnages le sont par leurs travers ; les principaux protagonistes ont des caractères marqués et les relations entre eux ne sont pas embellies, et en même temps, à quoi s'attendre lorsqu'on parle de survie à ce point ? Survie du père qui est sorti des camps à force de courage, d'intelligence, de réactivité et d'opportunisme, survie du fils, assez cynique, qui grandit dans l'ombre de son frère mort, et dont la mère a fini par se suicider.

Maus n'est pas l'histoire de la Shoah. Maus est l'histoire d'une famille qui a vécu la Shoah. Et c'est peut-être ce qui rend cette BD si unique.

Lien : https://livreslune.blogspot...
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Ce livre est plutôt ancien et pourtant il est ramené sur le devant de la scène éducative par la décision de certains conseils d'école ou autres autorités éducatives, locales jusqu'à présent, d'interdire ce livre dans les bibliothèques des lycées. Cette décision est une censure typique dans le pays qui prétend être le champion de la démocratie et de la liberté d'expression. Qu'est-ce que la liberté d'expression si la liberté de distribuer ce qui a été librement produit est niée ou du moins limitée ?

Mais qu'y a-t-il de si brûlant dans ce livre pour que certaines associations de parents d'élèves (PTA) déterrent leurs tomahawks ou leurs hachettes et se lancent sur le sentier de la guerre contre ce livre, qui date de plusieurs décennies et n'avait jamais été confronté à une telle étroitesse d'esprit, car la censure est toujours une étroitesse-très-étroite d'esprit.

Le livre est l'histoire d'une famille juive de Pologne confrontée à la fin des années 30 et pendant la Seconde Guerre mondiale à la solution finale, le génocide des Juifs d'Europe sous la responsabilité d'Hitler, mais pas seulement Hitler, loin de là, car après la guerre, dans la Pologne moderne, les Polonais considéraient que la présence des Juifs avait été résolue par cette solution finale. Très peu de personnes (pas seulement les Juifs, mais aussi les Tziganes, les activistes politiques, les chrétiens, les homosexuels et les lesbiennes, et bien sûr toutes sortes de personnes handicapées et de "cas" psychologiques) ont survécu à leurs involontaires camp de travail final, séance de douche, expérience de laboratoire, ainsi qu'à la famine, ou simplement aux balles ou aux coups qui les menaient directement aux "fours", où ils étaient rôtis et incinérés, certains pas nécessairement complètement morts (avaient-ils le temps d'attendre ou la brutalité nécessaire pour le coup de grâce) en cendres dispersées ensuite dans les vastes plaines autour d'Auschwitz et de Birkenau.

En suivant la trajectoire de deux survivants, mariés avant la déportation et qui, par pure chance, ont réussi à survivre séparément et à se retrouver après la guerre pour une seconde lune de miel qui donnera naissance à un second fils, le premier ayant disparu dans la procédure et le calvaire de la déportation. Et c'est ce deuxième fils de leur deuxième chance qui a recueilli ce qu'il a pu de la mémoire de son père, sa mère étant morte bien avant, et il nous raconte cette vieille histoire qu'il encadre systématiquement dans le temps présent où il interroge son père et suit son dernier délitement dans la mort.

Le plus intéressant est la description de ce que nous appelons aujourd'hui le PTSS (Syndrome de Stress Post traumatique). le père est absolument et entièrement dominé et contrôlé par ce stress post-traumatique historique hérité de sa propre mémoire et de l'ensemble de son système nerveux central, cerveau, esprit et âme, comme quelque chose qu'il ne peut plus éluder et qu'il essaie de transmettre à son propre fils, ce qui rend la vision du monde de son fils légèrement difficile parce que quelque part, un syndrome de stress post-traumatique historique aussi profond peut être transmis d'une génération à l'autre et sur six ou dix générations, selon la longueur et la profondeur de l'expérience historique qui a conduit à ce stress post-traumatique. Pensez à l'esclavage aux États-Unis et au fait que les Noirs afro-américains souffrent toujours du stress post-traumatique qui en découle et de la ségrégation instaurée par les Américains blancs de race blanche à l'encontre de toutes les minorités non caucasiennes qui deviennent majoritaires lorsqu'elles sont unies à la minorité progressiste des Américains blancs.

Ce livre est donc l'histoire, et c'est la seule façon pour la plupart des adolescents américains de connaître cette période de cette triste histoire, car très peu d'Américains auront l'occasion de visiter Auschwitz, Buchenwald, Birkenau, Ravensbrück, Dachau, et bien d'autres qui sont encore debout, du moins en partie, comme mémoriaux, monuments et musées.

Honte à ceux qui veulent effacer cette histoire pour des raisons purement raciales et idéologiques en essayant simplement de l'éliminer de la mémoire collective. Ce que ces Américains ne comprennent pas, c'est que de telles attitudes sont le signe évident que les États-Unis ne sont plus le phare moral qu'ils prétendent être, c'est-à-dire la seule nation n° 1 qui mène le monde dans la direction de la liberté, de la vérité et des croyances humanistes. Il est grand temps que le monde tourne cette page de négationnisme. Il est vrai que cela sera plus dur que difficile, surtout avec la situation désolante qui se développe, qui pourrit lentement en Ukraine après la situation insensée qui s'est développée en Serbie et autour de la Serbie dans les années 1990, qui a été la première guerre en Europe après la Seconde Guerre mondiale. L'Ukraine n'est pas la première, mais la deuxième. La guerre en ex-Yougoslavie a été menée par l'OTAN et entre autres par un ministre français, Kouchner. Je négligerai les troubles en Géorgie, lorsqu'un président géorgien a tenté de s'emparer de la moitié russe de l'Ossétie, et, bien sûr, la guerre contre les terroristes islamistes de Tchétchénie. Et nous, en France, nous nous souvenons des cinq ou six années de la guerre d'Algérie où le FLN et l'OAS posaient des bombes en France et où l'armée française en Algérie a failli envahir la France si les appelés sur les aéroports ne s'étaient pas mis en grève, refusant de remplir les réservoirs des avions qui devaient atterrir, entre autres, à Mérignac, à côté de Bordeaux en 1961.

Docteur Jacques COULARDEAU


ENGLISH VERSION

This book is rather old and yet it is brought back to the limelight of the educational stage by the decision of some school councils or other educational authorities, local so far, to ban the book from high school libraries. That decision is typical censorship in the country that pretends they are the champions of democracy and freedom of expression. What is freedom of expression if the freedom to circulate what has been freely produced is negated or at least limited?

But what is so fiery about this book that some Parent Teacher Associations (PTAs) collect their tomahawks or hatchets and get on the warpath against this book, which is decades old and had never been confronted with such narrow-mindedness because censorship is always narrow-very-narrow-mindedness.

The book is the story of a Jewish family from Poland confronted in the late 1930s and during the Second World War with the final solution, the genocide of the Jews in Europe under the responsibility of Hitler, but not only Hitler far from it, because after the war, in modern Poland, the Poles considered the presence of Jews had been solved by this final solution. Very few people (not only Jews, but also gypsies, political activists, Christians, gay and lesbian people, and of course all sorts of handicapped people and psychological “cases”) survived their involuntary final workcamp, shower session, laboratory experiment, and starvation, or simply bullets or beatings leading directly to the “ovens,” where they were roast-cremated into ashes scattered then over the vast plains around Auschwitz and Birkenau.

By following the trajectory of two survivors, married before deportation and who, out of pure luck, managed to survive separately and to be reunited after the war for a second honeymoon that will lead to a second son, the first one having disappeared into the deportation procedure and ordeal. And it is this second son of their second chance who collected what he could from the memory of his father, his mother having died quite sometime before, and he is telling us this old story he systematically frames into the present time when he is questioning his father and following his slow decay into death.

What is most interesting is the description of what we call today PTSS. The father is absolutely and entirely dominated and controlled by this historical PTSS inherited in his own memory and full central nervous system, brain, mind, and spirit, as something he cannot evade anymore and he is trying to pass to his own son, which makes his son's vision of the world slightly difficult because somewhere such deep historical PTSS can be passed from one generation onto the next and over six or ten generations, according to the length and depth of the historical experience that led to this PTSS. Think of slavery in the USA and the fact Black African Americans are still suffering from both the PTSS that came from it and the segregation that was instated by the white Caucasian Americans against all non-Caucasians minorities that are becoming the majority when united with the minority progressive white Americans.

This book is thus history, and it is the only way most American teenagers can know about this period of sad history because very few Americans will have the opportunity to visit Auschwitz, Buchenwald, Birkenau, Ravensbrück, Dachau, and quite a few more that are still standing, at least partly, as memorials, and monuments, and museums.

Shame on those who want to erase this history for purely racial and ideological reasons by just trying to eliminate it from collective memory. What these Americans do not understand is the fact that such attitudes are the obvious sign the USA is no longer the moral beacon they pretend to be, hence the only #1 nation leading the world in the direction of freedom, truth, and humane beliefs. It is high time the world turns this page of negationism. True enough, that will be more difficult than hard, especially with the sorry situation that has been developing, slowly rotting away in Ukraine after the foolish situation that developed in Serbia and around Serbia in the 1990s, which was the first war in Europe after the Second World War. Ukraine is not the first one but the second. The war in ex-Yugoslavia was led by NATO and among others a French minister, Kouchner. I will overlook the troubles in Georgia when a Georgian president tried to capture the Russian half of Ossetia, and, of course, the war against the Islamic terrorists of Chechnya. And we, in France, remember the five or six years of the war in Algeria when FLN and OAS had bombs in France and the French army in Algeria nearly invaded France if the draftees on the airports had not gone on a strike, refusing to fill the tanks of the planes that were supposed to land, among other places, in Mérignac, next to Bordeaux in 1961.

Dr. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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Info étonnante : un conseil scolaire du Tennessee a voté récemment à l'unanimité pour bannir de l'enseignement le roman graphique « Maus », dont le thème central est l'Holocauste. Selon ce conseil de 10 personnes, il contiendrait des éléments « inappropriés » pour les élèves. Encore une dérive de la « pensée unique » ?

Qui, pourquoi, quelles images « inappropriées » : les censeurs parlent d'une image de femme nue et de huit jurons que ne sauraient lire les jeunes lecteurs de ce chef-d'oeuvre de la bande dessinée moderne (Cachez ce sein …)

J'ai donc relu cet ouvrage pieusement conservé dans ma bibliothèque, publié d'abord dans la revue de BD et d'avant-garde RAW, et qui fut un événement de l'édition, couronné par le prix Pulitzer en 1992, et que j'avais découvert dès sa parution en français, très bien traduit par Judith Ertel.

J'ai bien cherché, je n'ai pas trouvé de femme nue … et les quelques jurons échappés à côté des monceaux de morts dans les camps ou assassinés lors des marches de la mort, quel mauvais procès !

C'est en effet un ouvrage à double lecture.
Au premier degré, c'est le témoignage d'un rescapé de la Shoah, Vladek, recueilli par son fils Art Spiegelman, né en 1948, et qui veut savoir pourquoi sa mère, elle aussi rescapée, s'est suicidée en 1968.

Moi aussi, en 1993, j'ai retranscrit les souvenirs de mes parents et en particulier ceux de mon père, échappé des camps de prisonniers allemands en février 1942 (mais rien à voir avec les camps d'extermination nazis).

Vladek s'est remarié, avec une survivante elle aussi. Mais la vie commune est particulièrement difficile.

Au-delà, c'est la relation complexe entre un fils qui veut comprendre comment, si ce n'est pourquoi, une telle barbarie a existé, et qui constate les stigmates qui continuent à ronger ce survivant, et ont définitivement ravagé ce qui lui reste de vie, conduisant à des réflexes de survie qui l'envahissent jusqu'à l'étouffer littéralement …

C'est peut-être ici la partie la plus émouvante de ce témoignage. L'auteur et dessinateur choisit, ici aussi, la technique narrative anthropomorphe : les juifs sont représentés comme des souris – pas complètement par hasard puisque la propagande nazie assimilait les Juifs à des rats – les Polonais en porcs, les Français en grenouilles (Froggies), les Suédois en rennes, les Allemands nazis en chats, sauvages …

Lorsqu'un Juif ne porte aucun signe distinctif de sa condition (l'étoile) pour « arranger » des transactions avec des non-juifs, il porte un masque de cochon … car rien en fait ne le distingue des Polonais « de souche ».

Il est super malin, ce Vladek. Jamais découragé.
Fort, courageux et amoureux aussi, il va tout faire pour survivre, retrouver sa chère Anja, utiliser tous les ressorts des relations et des réseaux familiaux, apprendre plusieurs métiers, travailler comme un esclave, épargner le moindre bout de pain 'pour l'échanger avec autre chose, se faire bien voir, corrompre les kapos, se sortir de situations désespérées.

Il a de la chance …
Ayant réussi à émigrer aux Etats-Unis – sa connaissance de l'Anglais lui aura été bien utile – enfin, un anglais encore construit à la manière yiddich (excellente traduction !) – il continue à vivre après la guerre comme si tout pourrait venir à nouveau à lui manquer.

En réalité, son fils constate qu'il n'est jamais tout à fait revenu des camps. Et même, qu'il devient absolument insupportable, exigeant, d'une avarice calamiteuse.

Ce livre est un monument. Choquant, c'est évident, et c'est encore peu dire à côté de ce que nous savons de la Shoah, c'est un témoignage circonstancié, précis et précieux. Qu'il ne convienne pas à des enfants trop jeunes, sans doute … mais qui est indispensable à de jeunes gens pour leur rappeler ce qui s'est passé au siècle dernier en Europe, et que certains dénient aujourd'hui.

A noter : en réaction à la décision des écoles du Tennessee – un état républicain depuis toujours – Ryan Higgins, libraire californien, a proposé d'envoyer un exemplaire de Maus à toutes les personnes de cet Etat qui lui en feraient la demande pour leurs enfants : des milliers de demandes lui ont été transmises !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Prière pour les souris.

J'ai onze ans, peut-être douze, le CDI de mon collège est déjà un refuge pour échapper au brouhaha de la cour de récréation. Parmi les rayonnages de livres et de BD que je commence à connaître par coeur, je suis intrigué par une BD en deux volumes qui représente sur sa couverture deux souris anthropomorphes surplombés par un drapeau nazi menaçant. le titre ne me dit rien, Maus, ça veut dire quoi Maus ? se demande l'adolescent inculte que je suis. Je ne le sais pas encore mais mon âme d'enfant va disparaître ce jour-là.

Jusqu'ici l'Holocauste était pour moi une page sombre de notre histoire. Cela évoquait en moi une longue procession de victimes anonymes en noir et blanc, marchant vers la mort. Une page lointaine de l'histoire qui ne me concerne pas. Maus va tout changer, tout anéantir et tout reconstruire.

Soudainement les victimes ont un visage, un corps, une personnalité, une âme et un coeur. Ce ne sont plus des silhouettes squelettiques aperçues lors des reportages télévisuels mais des êtres vivants dont le témoignage me soulève le coeur au plus fort d'une tempête émotionnelle sans nom, dont les destins m'écorchent le coeur aux lames de l'Histoire. Mes joues ne sont pas réchauffées par les rayons du soleil, ce jour-là, mais par le sel de mes larmes.

Aujourd'hui ce chef-d'oeuvre fait de nouveau parler de lui suite à la campagne de pudibonderie dont seuls les États-Unis savent nous régaler. Résultat, on n'a jamais autant parlé de cette pierre importante de l'édifice mémoriel. Et de me dire que, peut-être un élève curieux n'aura jamais l'occasion de porter les yeux sur cet ouvrage parce qu'un adulte, qui se croit bienveillant, en a décidé autrement.

Alors j'ai décidé de témoigner moi aussi. À ma petite échelle, sur ce que ce récit m'a apporté, sur l'adulte qu'il a contribué à ce que je devienne. Je voudrais que mon petit statut d'amoureux des livres serve, à travers ce post, à rappeler combien il est important de se remémorer ces ténèbres qui ont hanté le monde.

Alors souvenez-vous.
Lien : https://culturevsnews.com/
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