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4,64

sur 4707 notes
"Maus" est un roman graphique au pouvoir attractif incroyable, qui porte et transmet tout en sobriété une forte charge émotionelle , tout en dardant des pointes d'humour sur la lumière noire de l'horreur.

Lu d'une traite, il m'a évoqué au cours de ma lecture "Tout est illuminé" de J.Safran Foer, sans doute pour le même effet miroir des narrations croisées passé / présent, pour ce même humour, et pour cette capacité à incarner si fortement les victimes de la barbarie nazie et la difficulté à restituer l'innommable.

Au-delà du sujet, on comprend que "Maus" ait reçu le Pulitzer.

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Un ouvrage que l'on peut classer parmi les incontournables de la BD, un sujet atypique dans l'univers de la bande dessinée mais un classique tout de même désormais, à mettre entre toutes les mains !

J'ai mis du temps à sauter le pas car la bande dessinée est avant tout pour moi, synonyme d'aventure, de bonheur, de gaieté. Et oui, biberonnée à Astérix, Tintin, Spirou et autres Schtroumpfs, il m'est souvent difficile de me lancer dans des univers sombres ou trop réalistes. Je suppose que cela m'a fait repousser cette lecture dont le sujet est l'holocauste, à de multiples reprises. Mais je savais que j'y viendrai un jour.
En apercevant dernièrement Maus, dans ma médiathèque, je me suis souvenue d'interdictions de livres aux USA, au Tennessee notamment. Un électrochoc dans ma tête qui m'a fait prendre conscience de l'importance de cette lecture, peut-être pas l'urgence mais ...
D'ailleurs, l'interdiction de Maus dans les écoles avait eu pour conséquence de le porter en tête des ventes aux USA. Là-bas, ils appellent cela l'effet Streisand. Et bien, cela a fonctionné sur moi également. Découvrons Maus, j'ai envie de dire enfin ....!

Visuel

Un visuel en noir et blanc, très sobre, avec des animaux en guise de personnages.
Des petites souris blanches représentent les juifs. Les nazis sont des chats et les polonais, des cochons. Procédé de mise à distance réussi, ces petits animaux sont rassurants.
Les dessins sont simples.
Pas de paysages, pas de plans larges, ici on se focalise sur les personnages.
Rien ne vient perturber leur histoire. On ne se raccroche ni aux paysages, absents, ni à de jolies couleurs, absentes.
Les personnages se ressemblent tous un peu. On les reconnaît à leurs attitudes ou paroles. Ainsi, nous sommes entièrement tournés vers le récit. La parole prend une place privilégiée. On lit les petites bulles avec beaucoup d'attention et d'intérêt.
Le visuel est donc très réussi car il allège le sujet tout en gardant une solennité. Il porte le récit et lui donne une grande force émotionnelle.

Scénario

J'ai été surprise. Je ne m'attendais pas à cela. L'auteur ne nous plonge pas directement dans l'enfer des camps, comme je m'y attendais.
Non, il y met beaucoup de distance, prend son temps, se met en scène dans le processus de création de la bande dessinée, et amène le sujet avec délicatesse, douceur, remise en question, doutes et même humour. L'histoire s'installe doucement et oscille entre l'écriture du livre, le monde d'aujourd'hui, art Spiegelman venant rendre visite à son père et écouter son histoire et le récit de ce père, plus jeune, du déporté.
Ce scénario ne bouscule pas le lecteur.
Nous observons en premier lieu une relation père-fils dans tout ce qu'il y a de plus banal. Un père vieillissant et un sacré râleur, pour ne pas dire casse-couilles et face à lui un fils compréhensif mais d'une autre époque, qui essaie avec parfois beaucoup de difficulté, d'extirper le récit d'une vie si douloureuse, et si éloignée du présent qu'elle semble irréelle. le fils, entre exaspération, admiration et culpabilité, essaye tout le long d'exhumer les souvenirs de son père, de les classer afin de livrer un récit cohérent et respectueux.
La vie de Vladek, le père, s'emboîte dans cette histoire première et nous vient petit à petit.

Mon avis

Le récit de la déportation, même si il reste le sujet de l'oeuvre, n'est pas non plus l'unique récit. Il y a une mise à distance visuelle avec des personnages anthropomorphes mais aussi scénaristique avec deux récits imbriqués, au présent et au passé, deux temporalités, celle du fils, la nôtre et celle du récit bouleversant du déporté Vladek. Et ce deuxième récit se tisse au fil des pages, d'abord léger, plein d'amour puis de plus en plus sordide. Avec la répression et l'installation du régime nazi, l'oppression devient grandissante pour finir dans le drame et l'horreur absolue.
L'histoire s'installe lentement et nous avons le temps de nous imprégner des personnages. A leurs côtés, nous vivons les premiers questionnements, les premières incompréhensions et le passage de l'incrédulité à la constatation, de la stupeur à la terreur.
Art Spiegelman a réussi à livrer un témoignage doublement émouvant. En se mettant lui-même en scène, il retranscrit également l'émotion d'un fils. Nous avons donc plus qu'un simple témoignage. Nous avons aussi le récit d'un retour, le dur parcours de réinsertion de ceux qui ont vécu l'enfer et l'impact sur leur famille.
Cette oeuvre est remarquable. Un récit retranscrit avec beaucoup de finesse, de sensibilité, et de sincérité qui fait progresser le lecteur au côté des personnages,au coeur des évènements, sans pour autant le brusquer. L'oppression, telle que Vladek et les siens l'ont vécu, sournoise, galopante, incompréhensible, terrassante, meurtrière.
Une bande dessinée, une "simple"bd peut également, avec beaucoup de justesse offrir un témoignage poignant, bouleversant et infiniment respectueux de la mémoire des victimes des camps.

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J'ai vu beaucoup de très bon avis sur ce roman graphique, mais celui-ci me faisait un peut peur vu le sujet et j'avais peur que le dessin en forme d'animal ne me plaise pas.

Lors de ma dernière virée à la bibliothèque ce roman graphique était mis en avant je n'ai donc pas plus hésité à me lancer dans cette lecture.

L'auteur Art Spiegelman va nous narrer le vécu de son père durant la seconde guerre mondiale, nous naviguons entre passé et présent dans ce récit et le moins que l'on puisse dire c'est que celui-ci prend aux tripes.

Je trouve que j'en ai appris autant dans ce roman graphique que dans la lecture de certains récits sur cette période, les privations en tout genre, la délation etc.

Le récit au présent nous montre les séquelles que le père de l'auteur à gardé vis à vis de ces années durant la guerre. Certains n'ont pas adhéré à ces traits de caractère mais je trouve au contraire cela montre également que son père n'est pas parfait et que des années plus tard des séquelles peuvent perdurer.

Une lecture que je garderai en mémoire et qui peut être lu dès l'adolescence pour que les plus jeunes puissent en apprendre plus sur cette période par un biais peut être plus facile que la lecture de récit.

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Lectrices, lecteurs, bonjour !
📗📘📙
Il y a bien longtemps que je n'avais pas fait un petit #souvenirdelecture, et ce sera aujourd'hui avec "Maus", de Art Spiegelman.

Ce roman graphique entremêle deux histoires : celle de l'auteur, fils d'un survivant de la Shoah, qui tente de trouver sa place et de comprendre son rôle dans L Histoire en tant que Juif à la fin du XXème siècle, et celle de son père échappant aux camps de la mort, aux persécutions et aux exterminations dans la Pologne des années 30.
C'est donc à la fois une autobiographie et une biographie, mais aussi un témoignage historique, une transmission de l'histoire de la Shoah d'une génération à une autre.
La particularité de ce roman est le choix graphique des personnages, puisque les Juifs y sont représentés sous forme de souris ("maus" en allemand), les nazis en chats, les Polonais en cochons, etc…

Si le dessin s'avère en lui-même très minimaliste sur le forme, tout le point fort de cette oeuvre multi-récompensée se trouve dans le contenu, le fond, le message ; et l'on s'attache rapidement à ces petites souris, on ne peut s'empêcher de trembler pour elles à chaque page, et on pleure devant tant d'horreurs et d'injustices, et on jette un regard bien différent sur cette période honteuse de l'Histoire, parce qu'on vient de la vivre, non par des dates et des grandes décisions politiques et militaires comme dans les manuels, mais à travers les yeux de simples personnages, vivants et bien humains.
Un livre émotionnellement très dur à lire, très émouvant, et culturellement indispensable.

-Edouard Jhil-
"Lisez ce que vous voulez, mais lisez !"
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Ce livre est un vrai coup de poing.
Je l'ai lu le coeur serré et la larme à l'oeil, horrifiée.
Et toujours la même question qui me hante : « Comment des Hommes peuvent-ils faire çà à d'autres Hommes ? »
Le parti pris d'Art Spiegelman de représenter les juifs par des souris et les nazis par des chats fait penser au jeu du " chat et de la souris ". Mais celui-ci est mortel !
Une BD qui m'a profondément marquée et, je pense, durablement.
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Tout en étant réaliste et parfaitement documenté, le parti pris de Spiegelman est de représenter les groupes nationaux par diverses espèces d'animaux (les juifs sont des souris, les allemands des chats, les polonais des cochons, les américains des chiens, les français des grenouilles), pourtant cela n'atténue en rien la portée et le réalisme de ce récit construit à partir du témoignage de son père.

Le récit est très habilement mené pour embarquer le lecteur, l'auteur n'hésitant pas à se mettre lui-même en scène dans ses relations, parfois tendues, avec son père.

Les scènes alternent donc entre présent et passé et permettent de mieux cerner la personnalité du père et les séquelles psychologiques de la déportation.

Le dessin très simple, mais riche de détails, focalise l'intérêt du lecteur sur l'histoire et ses personnages.

On est souvent touché et bouleversé par ce récit où l'auteur oscille entre devoir de mémoire et sentiment de culpabilité vis-à-vis de son père. Mais on est aussi terrifié par ce que sa famille a pu subir dans l'horreur des camps de concentration et d'extermination.

Car au-delà du témoignage bouleversant sur les camps et le génocide, cette oeuvre est aussi un magnifique adieu au père représenté dans toutes ses qualités et ses défauts.

Cette bande dessinée biographique est une oeuvre majeure du souvenir dont on ne sort pas indemne.
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On ne s'habitue jamais tout à fait à l'horreur.
D'ailleurs, sortir de cette lecture est difficile.

Je pensais tout connaître l'histoire de l'holocauste et je me trompais. Filtrée par quelques décennies de consommation débridées et vue par un instrument d'optique aux verres teintés et dépolis afin d'en masquer les détails les plus sordides, elle m'apparaissait édulcorée et sans la même portée… Alors que là, c'est différent.

L'histoire de Vladek Spiegelman - rescapé des camps de la mort – a été racontée et publiée entre 1980 et 1991 par son fils Art Spiegelman, dessinateur de bandes dessinées new-yorkais. Ce pur chef-d'oeuvre se fondait sur les prises de notes et les enregistrements audio qu'avait faits Art lors des longues interviews consenties par son père.
La trame de l'histoire comporte deux niveaux : la vie d'aujourd'hui (les années 80) mettant en lumière les difficiles relations qu'entretiennent le père et le fils, mais aussi celles que Vladek entretient avec son entourage, et le récit qu'il fait de sa vie en Pologne entre les années 1930 et 1945 lors des persécutions et les exterminations. Il raconte en détails sa propre déportation et celle de ses proches. Glaçant !

Le dessin en noir et blanc peut paraître rebutant. Je ne saurais que vous conseiller de tentez l'aventure car vous risquez d'être happé par la force du scénario et d'oublier bien vite ce côté sombre et dérangeant. Art Spiegelman utilisait des techniques novatrices en matière de dessin et de représentation des personnages. le dessin fouillé et minutieux est uniquement réalisé à l'encre noire et apparait très contrasté. L'autre particularité de ce roman graphique est de représenter les personnages par des animaux anthropomorphes. Ainsi les Polonais sont représentés par des cochons, les nazi par des chats, les Juifs par des souris (d'où le titre MAUS qui signifie souris en allemand), les français par des grenouilles.

« Une B.D. pour ne pas oublier. »
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Cela faisait longtemps que cette BD me faisait de l'oeil et j'ai enfin franchit le pas. J'ai trouvé les graphismes très bien réalisés, un style unique et une histoire très émouvante.
Ce livre nous plonge dans l'holocauste et nous raconte l'histoire de Vladek et de sa famille pendant la seconde guerre mondiale, les ghettos, la déportation au camp de concentration, la marche forcer À découvrir.
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Emouvant!
Le témoignage d'un juif lors de la seconde guerre mondiale. Une survie constante. Une peur omniprésente. Une quête du bonheur.
Bouleversant!
Des exclusions. Des rejets . du racisme. de l'antisémitisme.
Déchirant!
De la violence. de la haine. Un honte dans l'histoire.
Palpitant!
De la manipulation. de la traque. de la trahison.
Saisissant!
De la mort. de la vie.
Touchant!
De la tristesse. de la joie. de l'amour.
Il n'y a pas d'autres mots pour décrire Maus. Un chef d'oeuvre.
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Coup de coeur pour cette bande-dessinée qui me faisait de l'oeil depuis un moment. le travail d'Art Spiegelman est remarquable et touchant.

Tout d'abord, parlons des illustrations. J'ai beaucoup aimé son style imagé. Un coup de crayon "simple" mais efficace, des métaphores à travers la représentation des personnages qui sont réussies et des émotions retranscrites que j'ai trouvé convaincantes.

En ce qui concerne le récit, le fait de raconter aussi bien le passé de son père que la fabrication progressive de cet ouvrage est une idée qui m'a beaucoup plu. Les documents iconographiques et les cartes sont d'ailleurs des compléments qui renforcent ce récit brillamment.

C'est un ouvrage qui me laisse admirative. Admirative de la force et de l'instinct de survie de Vladek, un personnage haut en couleur qui semble agaçant mais qui finalement m'a semblé tellement attachant. Admirative aussi d'Art Spiegelman, de son travail, de son acharnement pour retracer l'histoire de son père. De plus, je trouve que cet ouvrage rend subtilement hommage à ceux qui ont tenté de survivre pendant cette période terrible de l'histoire européenne. Je pense particulièrement à certains personnages comme Mancie qui m'ont particulièrement touchée.

Petit plus futile, l'esthétique de la couverture de cette bande-dessinée que je trouve vraiment magnifique...
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