C'est la première fois que je lis un roman de chez Hugo. J'avais un nombre d'à prioris hallucinant concernant ce titre, en lisant des chroniques bien avant de le lire moi-même (c'était à l'époque où on se questionnait sur le fait de l'acheter ou non à la médiathèque -et qu'on partait plutôt sur non). Je ne suis pas coutumière de la romance, qu'elle soit new ou dark ou juste romance. Et les articles que j'ai pu lire n'ont jamais encensé le genre. Alors je me suis lancée dans ma lecture en m'attendant à quelque chose d'horrible, de dégradant, qui ferait saigner mon féminisme.
Ma première réaction a été de me dire qu'en fait, ça va, et qu'on se monte bien la tête pour pas grand chose. le monde créé par l'autrice est intéressant, cette idée de moderniser la mythologie, j'ai trouvé ça plutôt séduisant. La protagoniste n'est pas trop gourdasse par rapport à d'autres (ma dernière référence date de Twilight, vous m'excuserez, et elle était vraiment très gourdasse), elle a du caractère, des idées. Je m'attendais plutôt à un puits sans fond de bêtise et de niaiserie, j'étais donc soulagée au final.
J'ai bien aimé aussi l'enchaînement des chapitres, la progression de l'histoire ; l'autrice crée un bon rythme qui fait qu'on ne s'ennuie pas. Et elle sait où elle va, les rebondissements n'ont rien de choquant ou d'outrancier, la fin n'est pas si convenue même si un peu rapide (et puis en connaissant un minimum le mythe, on sait déjà à quoi elle va ressembler). D'ailleurs, cet attachement à la mythologie grecque se ressent pas mal dans le roman : non seulement on suit des personnages de celle-ci (dieux et déesses, dryades, centaures, cyclopes…), mais en plus on s'amuse à découvrir comment l'autrice a pu les imaginer dans un monde semblable au nôtre (ou tout le moins celui de certains, mais j'y reviendrai après). de plus, l'histoire de Perséphone est tout de même d'une tristesse sans nom dans les récits mythologiques ;
Scarlett St Clair donne un nouveau souffle à la Déesse en la rendant plus maîtresse de son destin. Certes, elle est prisonnière de sa mère, puis de son marché avec Hadès, mais la fin est son choix, et ceux ou celles qui voudront lui nuire ou la contraindre s'en mordront les doigts !
Bon, ça c'était pour les points positifs que j'ai pu trouver à ce roman. Maintenant, avec le recul, je remets le doigt sur tout ce qui a pu me gêner (et franchement, il y a plein de choses).
Pour commencer, la superficialité du monde et des personnages. Déjà dans le sens frivole, parce qu'on va en boîte de nuit de luxe (elles appartiennent aux Dieux quand même), qu'on a des descriptions de comment est habillé chaque personnage, les femmes toutes en talons aiguilles et robes moulantes (pardon : qui mettent en valeur les courbes). Comme dans un film américain pour ado, TOUS les personnages sont beaux et sexy. Même le directeur du journal, qui n'a pas du tout l'âge de l'héroïne, lui fait dire qu'il a dû faire tourner les têtes dans sa jeunesse (et je ne me souviens pas son âge exact mais il doit avoir la cinquantaine, désolée donc aux quinquas, vous êtes trop vieux pour être sexy maintenant d'après Perséphone). Tout ça peut plaire j'imagine, on est dans un monde complètement fantasmé donc mettons du fantasme partout, mais ce n'est pas vraiment mon délire et ça manque cruellement de réalisme à mon sens.
Ensuite, superficiel dans le sens léger. A part Hadès et Perséphone, les autres personnages sont d'une platitude sans nom et de vrais stéréotypes. La meilleure amie ne sert qu'à proposer d'aller en boîte, la rivale sert de faire-valoir et d'exutoire de la jalousie de la protagoniste (parce que les femmes ne peuvent pas être amies, duh !). Et j'avoue qu'ayant lu le roman il y a plus d'une semaine, j'ai très peu souvenir des autres qui gravitent autour de Perséphone. Un peu des Dieux et Déesses, pour sa part, Déméter (sa mère) est assez fidèle au mythe même s'il manque cruellement d'un vrai développement pour son personnage. Mais en gros, c'est plutôt décevant à ce niveau-là.
Enfin, en parlant de stéréotypes, on est sur un monde en plein dedans. Couple hétéro dans un monde d'hétéros (l'homosexualité est rapidement évoquée mais n'existe pas vraiment dans l'histoire), tous les personnages sont valides, blancs aussi je crois (mais je ne veux pas trop m'avancer, je ne me rappelle pas de tout), beaux (évidemment), minces et bien habillés. On n'est pas sur de la psychologie de haut vol, plutôt sur un mode binaire bien basique, bien classique. Les scènes de sexe ne font pas exception une fois passées les premières : des pénétrations brutales sans grand chose avant ou après (là où chez L'Ardeur, on parle vraiment de désir et où la pénétration n'est pas tout). Et Hadès qui est possessif comme rarement vu, qui veut être sa première et seule fois (ce que bien sûr elle ne pense pas à contester !).
En bref, ça se lit tout seul, mais c'est plein de réflexions problématiques. Et en même temps pas assez problématiques pour ne pas le mettre en rayon. Mon conseil reste de le lire, pour ne pas vous faire un avis arrêté comme le mien avant de l'ouvrir, si vous avez des lecteur.ices de ce genre de romans dans votre entourage. Mais ne vous attendez pas à de la grande littérature, il s'agit juste de poser son cerveau et de se laisser porter par la plume accessible de l'autrice. Je ne sais pas si de grands fans de mythologie y trouveront leur compte, même si j'ai trouvé ça plutôt rigolo.
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