Aleksandar est un de ces enfants attachants, dotés d'un pouvoir d'adaptation hors du commun, quand bien même la perte de sa famille mais également de ses amis a fait de lui un être déchiré. Ce récit est d'autant plus poignant qu'il perd peu à peu chacun des membres de sa famille au cours de son histoire: il restera seul en effet dans cette Allemagne réunifiée, qui apparaît dans le roman comme un lieu sombre, froid et triste. On sait aujourd'hui le carnage que cette guerre a provoqué, les dommages qu'elle a laissés derrière elle, les horreurs que la population a pu subir, les génocides, les tortures. Et ce récit, très élliptique, est d'autant plus édifiant qu'on ne ressent pas forcément toute cette atrocité. Il semble que l'auteur ait fait le choix de passer sous silence les horreurs de cette guerre.
C'est est un roman sur la question de l'identité, de son éclatement suite à la perte des repères les plus basiques et les plus essentiels qui soient: le naufrage du pays ne fait que refléter le naufrage de sa famille, de sa propre vie. Cette perte est irréversible, son retour au pays ne fait que renforcer cet état de fait: c'est ainsi qu'Aleksandar décidera de mener sa vie seul, sans ses parents partis vivre aux Etats-Unis, dépourvu de tout ce qui constituait son ancienne vie. Mais ce seul refus de suivre ses parents, de rester dans cette Allemagne si proche de la Bosnie-Herzégovine, constitue ce maigre lien qui le relie encore à son pays d'antan et est peut-être ce qui l'aide à reconstruire sa vie.
Je conseillerais sans nul doute ce roman qui, malgré la construction un peu surprenante et décousue, dresse la vision d'un monde yougoslave qui se décompose progressivement et affiche le courage ainsi que la force de caractère d'un personnage, qu'on ne peut que respecter et qu'admirer, puisque dans sa désillusion, ce récit semble être pour lui un moyen d'exorciser les pertes qu'il a subies et de peut-être pouvoir mieux recommencer une nouvelle vie en Allemagne.
Lien :
https://tempsdelectureblog.w..