Natasha avait la vie qu’elle désirait, avec un homme qui semblait lui convenir. Il n’y avait aucune place pour lui dans cette histoire. Il devait absolument abandonner ses illusions, faire une croix sur la belle Russe une bonne fois pour toutes. Il se promit même de ne pas terminer son portrait. Il avait besoin de se détacher d’elle, pas de nourrir son obsession.
C’est ainsi que ça fonctionne. Et dans ton cas, désirer une femme hors de portée… eh bien, c’est très romantique, mais ça ne t’apportera que des souffrances. Tu dois l’oublier, Théo. Il te faut une vraie femme dans ta vie, pas un fantasme. Elle gâchera ta vie si tu la laisses prendre possession de ton cœur.
C’était une femme aux multiples facettes, à la fois sage et naïve, effrayée et courageuse, et profondément humaine.
Sa mère le lui avait bien dit, la vie de luxe que les filles comme Natasha menaient auprès de ces hommes si fabuleusement riches les empêchait de s’adapter à la vie réelle. D’ailleurs, la plupart d’entre elles ne le souhaitaient pas. Pourquoi quitter une vie en apparence idyllique ? Mais Natasha était différente… Comment réagirait-elle si Stanislas la rejetait ?
La vie est dangereuse. Être pauvre est dangereux. Tu peux en mourir. Cela a failli m’arriver. Nous avons tous besoin de quelqu’un pour nous protéger.
Sa vie avec Vladimir lui faisait parfois penser à sa mère… Prostituée, sa mère avait échangé son corps contre de l’argent. Elle, elle offrait à Vladimir son corps et sa liberté en échange d’une existence dorée et des splendides cadeaux qu’il lui offrait… N’était-ce pas la même chose, finalement ? Ou bien leur liaison ressemblait-elle plutôt à un mariage ? Car l’épouse, bien souvent, se contente de prendre soin de son mari, de lui donner son corps, de porter ses enfants et de les élever pendant qu’il subvient à leurs besoins. Natasha s’interrogeait : était-elle une femme respectable ou une femme de mauvaise vie ?
Elle était son évasion… Et elle l’accueillait dans son corps dès qu’il la désirait.
Les artistes ont rarement l’air de fous au premier abord, rétorqua Inez en connaissance de cause. Mais dès que l’on entame une vie de couple avec l’un d’eux, c’est parti pour le drame, les autres femmes, les ex-amours qui resurgissent du passé pour réclamer de l’aide, quand elles ne viennent pas carrément s’installer chez vous pour faire ménage à trois. Sans parler des enfants passés sous silence.
Trois femmes si différentes et, bizarrement, il ne pouvait nouer de relation avec aucune. Emma refusait toute attache, Inez était allergique aux artistes et Natasha appartenait à Stanislas. Qu’est-ce qui clochait chez lui ? Pourquoi n’était-il attiré que par des femmes inaccessibles ? La plus insaisissable de toutes était Natasha : elle vivait dans une tour d’ivoire avec un autre homme et lui avait volé son cœur sans même le savoir. La vie était décidément bien étrange.
Je ne tiens pas à rester avec une femme qui a une calculatrice à la place du cœur.