Peu de choses comptent autant pour l’être humain que le rire, tout autant que les pleurs, en fait, c’est bien plus important que le sexe, plus encore que le pouvoir, plus encore que l’argent, ce crachat du démon qui nous pollue le sang, celui qui ne rit jamais se transforme en pierre au fil du temps.
Ce furent les mots qui tranchèrent les racines unissant l’homme à la nature, ils furent à la fois le serpent et la pomme et nous élevèrent de la sublime et ignorante condition de l’animal jusqu’à un monde que nous ne comprenons pas encore.
La peau blanche de son cou était encore soyeuse, mais peut-être avait-elle déjà commencé à se fendiller, à se craqueler car la peau vieillit vite en l’absence de baisers.
L’art possède le dangereux pouvoir d’engendrer le rêve d’une vie meilleure, plus juste et plus belle, le pouvoir de réveiller la conscience et de menacer le quotidien.
Il y a une différence capitale entre la capacité à dire de grands mots et le fait d’être grand. Et peu d’occasions nous sont offertes d’en apporter la preuve. Je me dis parfois que nous sommes commandés par de grands mots que de petits hommes profèrent.
Si Dieu avait réellement voulu changer le monde, déclare Álfheiður, il nous aurait envoyé sa fille au lieu de son fils. La fille de Dieu aurait fait éclater au grand jour les plus bas instincts de l’homme, elle aurait été battue, souillée et humiliée, les Romains l’auraient violée avant de la crucifier. Elle aurait dévoilé ce que nous abritons de pire et cela aurait peut-être suffi à nous transformer. Vous, les hommes, n’auriez pu éviter de comprendre ce que signifie être une femme, ce que nous avons enduré, ce que signifie d’être toujours en dessous, de naître en individu de second rang. Mais Dieu ne comprend pas la femme, il a donc envoyé son fils.
il est des yeux qui, lorsqu’ils vieillissent, se teintent de ce bleu-là, peut-être parce qu’ils sont plus proches de la mort que de la vie et qu’ils tentent d’absorber toute la lumière du monde avant que l’homme n’entre dans la nuit d’après l’existence.
L’une des pires choses qu’on puisse imposer à un autre être humain est de pleurer en sa présence, voilà pourquoi nous pleurons le plus souvent seuls, cachés, comme si nous avions honte, et pourtant il y a sans doute en ce monde peu de choses qui soient aussi pures que les larmes nées de la douleur et du deuil, les convenances nous entraînent dans d’étranges directions.
Nous ne sommes jamais semblables, la présence d’autrui nous transforme, elle met en lumière des traits divers, et rarement tous en même temps, chaque homme abrite des mondes cachés et certains de ces mondes n’affleurent jamais à la surface.
La vie se résume à trouver une autre personne avec qui partager ses jours, puis à survivre à la rencontre, dit un livre classique, ce qui n’est pas si mal, même si ce n’est pas grand-chose car il est sans doute plus difficile de survivre seul qu’avec les autres. Nous naissons seuls, nous mourrons seuls et il est épuisant de vivre également seuls.