Citations sur Lumière d'été, puis vient la nuit (189)
Il faut se garder de trop approcher ses rêves, ils vous privent parfois de tout pouvoir en prenant la place de votre volonté, or qu'est un homme lorsqu'il est dénué d'énergie et de courage?
Il est inutile de penser, on se contente d'exister, d'écouter, d'accueillir le réel et les sons matinaux, de pareils instants réduisent en poussière les grandes puissances de ce monde.
Il y a tant de choses que nous ne comprenons pas, et nous redoutons parfois de poser les questions qui nous dévoilent et nous exposent, entièrement nus, aux yeux du monde. (page 222)
Águsta alors toute jeune portait un rouge à lèvres si épais et intense qu’il faisait penser à un sens interdit, ce qui explique peut-être qu’elle ne soit toujours pas mariée à cinquante ans. (page 31)
C’était le milieu des années 80, le mur de Berlin ne tarderait plus à tomber, bientôt on le vendrait en pièces détachées dans les magasins de souvenirs, l’être humain est plutôt doué pour transformer les menaces, la mort et le désespoir en monnaie sonnante et trébuchante.
Celui qui pleure à un enterrement, pleure également sa propre mort et en même temps celle du monde, parce qu’à la fin tout meurt et il ne reste rien. (page 66)
Nous nous sentons coupables de ne pas lire assez, de ne pas parler suffisamment avec nos amis, de consacrer trop peu de temps à nos enfants ou à nos anciens. Nous optons pour le mouvement perpétuel plutôt que de nous installer confortablement pour écouter la pluie, boire un café, caresser une poitrine. Et jamais nous n’écrivons de lettres. (page 30)
… Elísabet dort toujours seule, ne reste jamais jusqu’à la fin des bals, elle qui trouble tant les hommes ou les rend fous avec ses seins, ils donneraient leur bras droit pour les voir et le gauche pour les toucher, mais comment feraient-ils alors pour l’étreindre ? (page 192)
Or les oiseaux peints sur les murs semblent tellement vivants qu’un des chats du voisinage, un démon jaune qui a écourté l’existence de bien trop de volatiles, a passé plusieurs semaines à s’en prendre aux fresques, il en a conservé un certain nombre de stigmates et ne s’est jamais complètement remis de sa chasse, venez donc nous dire après ça que l’art n’a pas le pouvoir de changer la vie.
C’est si bon de s’esclaffer, un rire sincère est un étrange mélange de volupté et d’oubli de soi, nous nous désagrégeons en lui, nous tourbillonnons en surplomb du personnage que nous incarnons au quotidien, il fait de nous des êtres humains.