AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Lumière d'été, puis vient la nuit (189)

Autrefois Bjorgvin avait rêvé d'une vie avec Augusta, la postière mais son désir n'avait jamais été exaucé, il en va souvent ainsi, le Monde déborde de rêves qui jamais d'adviennent, ils s'évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voute céleste et la nuit les change en étoiles.
Commenter  J’apprécie          90
D’antiques récits affirment que l’Homme ne saurait contempler Dieu sans mourir, il en va sans doute ainsi de ce que nous cherchons – c’est la quête elle-même qui est notre but, et si nous parvenons à une réponse, elle nous privera de notre objectif.
Commenter  J’apprécie          91
Qu'il est bon de se réveiller tôt au village ! Ceux qui habitent près de la mer contemplent sa surface qui ondule en permanence depuis la fenêtre de leur salon, ils peuvent rester dans la véranda, leur tasse de café à la main, pieds nus, écouter les bavardages rauques de l'eider, les interventions criardes du goéland, le couvercle gris perle du ciel est immobile en l'absence de vent, la mer oscille à peine, seules quelques vaguelettes submergent par moments les rochers qui remontent presque aussitôt à la surface pour respirer. Il est inutile de penser, on se contente d'exister, d'écouter, d'accueillir le réel et les sons matinaux, de pareils instants réduisent en poussière les grandes puissances de ce monde.
Commenter  J’apprécie          80
Car il se trouve encore des gens qui s’attellent à écrire des lettres. Nous entendons par là à l’ancienne mode, ils couchent les mots sur le papier, ou les écrivent sur le clavier de leur ordinateur puis les impriment, glissent la feuille dans une enveloppe qu’ils portent au bureau de poste, et que le destinataire reçoit au mieux le lendemain, mais bien souvent beaucoup plus tard. N’est-ce pas là s’accrocher à un monde disparu, une forme de passéisme, une tentative de rallumer des braises depuis longtemps éteintes ? Nous sommes habitués à la vitesse, on écrit les mots sur le clavier, on presse une touche et leur destinataire les reçoit aussitôt. C’est ce que nous nommons réactivité. Dans ce cas, pourquoi prendre la peine d’expédier une lettre par voie postale, une telle lenteur met notre patience à rude épreuve – autrement dit : pourquoi aller quelque part en charrette à cheval alors qu’on dispose d’un bolide ? Les mots stockés dans les ordinateurs sont condamnés à sombrer dans le néant, claquemurés dans des logiciels obsolètes, définitivement perdus quand la machine plante, nos pensées et nos réactions disparaissent. D’ici à un siècle, et plus encore dans un millénaire, personne ne saura que nous avons existé. Naturellement, nous ne devrions pas nous en alarmer, nous vivons ici et maintenant, mais un jour, nous tombons sur d’anciennes lettres qui remuent au fond de nous un je-ne-sais-quoi, nous avons l’impression de retrouver un fil attaché à notre personne, et qui plonge dans le passé, alors, nous pensons, voilà le lien qui unit les siècles :
"Londres, le 28 mai 1759,
reviens vite de cette guerre imbécile, rentre tout de suite à la maison pour mordiller mes seins. Je ne suis rien, je suis perdue en ton absence".
Les messages que nous échangeons par ordinateur auront disparu d’ici à quelques années et la pensée, le sentiment que nous sommes en train de rompre le lien nous obsède, ce fil qui part de notre personne plonge désormais dans le néant, nous créons un vide qui jamais ne se comblera. Nous tenons avant tout à faire preuve de loyauté envers notre temps plutôt qu’envers un hypothétique futur, et malgré tout, nous sommes rongés par la mauvaise conscience autant que si nous commettions un crime, d’ailleurs, nous sommes très doués pour engranger toutes sortes de culpabilités. Nous nous sentons coupables de ne pas lire assez, de ne pas parler suffisamment avec nos amis, de consacrer trop peu de temps à nos enfants ou à nos anciens. Nous optons pour le mouvement perpétuel plutôt que de nous installer confortablement pour écouter la pluie, boire un café, caresser une poitrine. Et jamais nous n’écrivons de lettres.
Commenter  J’apprécie          80
Autrefois, Björgvin avait rêvé d’une vie avec Ágústa, la postière, mais son désir n’avait jamais été exaucé, il en va souvent ainsi, le monde déborde de rêves qui jamais n’adviennent, ils s’évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voûte céleste et la nuit les change en étoiles.

(p. 185)
Commenter  J’apprécie          80
C’est si bon de s’esclaffer, un rire sincère est un étrange mélange de volupté et d’oubli de soi, nous nous désagrégeons en lui, nous tourbillonnons en surplomb du personnage que nous incarnons au quotidien, il fait de nous des êtres humains.

(p. 42)
Commenter  J’apprécie          80
(...) je travaille mieux quand j’ai un homme nu à mes côtés, et mieux encore s’il arbore une érection triomphante (...)
Commenter  J’apprécie          82
Pourquoi vivons-nous, existe-t-il une réponse à cette question ? Certains soirs, avant que le sommeil nous gagne, quand le jour et son agitation ont pris fin, allongés dans nos lits, nous écoutons les battements de notre sang, la nuit entre les fenêtres, et tout à coup s'éveille le soupçon insistant et désagréable que nous n'avons pas mis la journée à profit comme il se doit, qu'il y a une chose que nous aurions dû faire, mais dont nous avons oublié jusqu'à la nature. Ne vous est-il jamais arrivé de vous dire que jamais dans l'Histoire nous n'avons vécu dans un tel confort, que l'individu n'a jamais eu à ce point la possibilité d'influer sur son environnement, qu'il n'a jamais été aussi simple de s'engager, mais que la volonté de le faire n'a jamais été aussi rare - comment se fait-il ? Se pourrait-il que la réponse se trouve dans une autre question : quels sont ceux qui tirent profit d'une telle situation ?
Commenter  J’apprécie          80
Jadis, les gens redoutaient plus que tout la faim, le froid et la pauvreté, ils rêvaient d'une vie plus aisée, moins laborieuse, une vie au sec et au chaud où ils auraient du temps pour eux alors qu'ils se tuaient au travail, vivaient dans les maisons sombres et souvent très humides. Il fallait aller loin pour consulter le médecin, et plus encore pour pouvoir étudier, on mourrait prématurément après avoir connu quelques rares moments de plaisir, la vie n'était qu'une suite de privations. Vous savez comment ça se passe aujourd'hui, nous avons tout ce dont rêvaient nos ancêtres, nous vivons beaucoup plus longtemps, nous sommes en meilleure santé, nous ne connaissons pas la faim, nous ne la ressentons que lorsque nous faisons un régime ou quand nous restons bloqués un peu trop longtemps dans un interminable bouchon, nous nous soucions de notre ligne, nous subissons des interventions de chirurgie mammaire, nous combattons la calvitie, nous rêvons de dents parfaitement alignées, et nous aimerions connaître un plus grand nombre de recettes de cuisine, beaucoup d'entre nous travaillent trop et chez les hommes, la taille du membre est proportionnelle au temps passé au boulot. Nous nageons dans l'opulence, pourtant, nous ne sommes pas heureux, à quoi allons-nous occuper toutes ces journées, cette vie, c'est un véritable casse-tête, pourquoi donc vivons-nous ?
Commenter  J’apprécie          83
Ne vous est-il jamais arrivé de vous dire que jamais dans l'Histoire nous n'avons vécu dans un tel confort, que l'individu n'a jamais eu à ce point la possibilité d'influer sur son environnement, qu'il n'a jamais été aussi simple de s'engager, mais que la volonté de le faire n'a jamais été aussi rare - comment se fait-il ? Se pourrait-il que la réponse se trouve dans une autre question : quels sont ceux qui tirent profit d'une telle situation ?
Commenter  J’apprécie          70






    Lecteurs (886) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

    Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

    Herbjørg Wassmo
    Jens Christian Grondhal
    Sofi Oksanen
    Jostein Gaarder

    15 questions
    151 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

    {* *}