On peut être fier de n'importe quoi si c'est tout ce que l'on a.
Je ne comprends pas pourquoi l'état de serviteur a mauvaise réputation. C'est le refuge du philosophe, la nourriture du paresseux, et, si elle est bien comprise, c'est une position de pouvoir et même d'amour. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas plus de gens intelligents pour embrasser cette carrière, en apprendre les secrets et en tirer les bénéfices. Un bon serviteur est à l'abri, non pas derrière la bonté de son maître, mais derrière l'habitude et la paresse. Il est difficile pour un homme de faire sa cuisine ou de raccommoder ses chaussettes. Il préférera garder un mauvais domestique que d'en changer.
L'esprit de l'homme ne peut se contenter de vivre avec son temps comme le fait son corps.
Sous sa carapace de lâcheté, l'homme aspire à la bonté et veut être aimé. S'il prend le chemin du vice, c'est qu'il a cru prendre un raccourci qui le mènerait à l'amour. Lorsqu'un homme arrive au moment suprême, peu importe son talent, son pouvoir ou son génie, s'il meurt haï, sa vie est une faillite et sa mort une froide horreur. Il me semble que vous ou moi, au moment de choisir entre deux voies, devons toujours penser à notre fin et vivre pour que notre mort ne fasse plaisir à personne.
Il est difficile de se rappeler comment on meurt et quand. Un sourcil qui se lève, un murmure, c'est peut-être cela. Ou une nuit troublante, un bouillonnement de plomb fondu qui trouve le secret de l'être et s'injecte dans les veines.
Vous êtes un homme trop jeune pour cribler des souvenirs, Adam, mais vous devriez vous en fabriquer de nouveaux pour qu'un jour la moisson soit plus riche dans le tamis.
Mourir sur le champ de bataille manque de dignité. La plupart du temps, cela se traduit par un écrabouillement de viande et de liquide humains, et l'ensemble est assez sale.
« Tout bien considéré, c’était une famille comme tant d’autres, ni plus riche ni plus pauvre, qui ne demandait qu’à vivre et prospérer sur le sol de la Vallée. » (p. 56)
- Ecoutez, Samuel, je veux faire de ma terre un jardin. Rappelez-vous que mon nom est Adam. Jusqu'ici je n'ai pas connu l'Eden, si ce n'est pour en être chassé.
- C'est là la meilleure raison que l'on puisse invoquer pour faire un jardin ! s'exclama Samuel. Et où sera le verger ?
Une vérité incroyable peut faire plus de mal qu'un mensonge. Il faut une grande foi pour défendre une vérité inacceptable.