Citations sur L'Île au trésor (212)
La soif commençait à me tourmenter. Le flamboiement du soleil au-dessus de moi, réverbéré par les milliers de vagues, l'eau de mer qui m'arrosait et s'évaporait en me laissant une épaisse couche de sel sur les lèvres, tout se combinait pour rendre ma gorge brûlante et me donner mal au cerveau. La vue des arbres si proches m'avait rendu presque malade de désir, mais le courant m'eût bientôt entraîné au-delà de ce point, et lorsque la mer se découvrit à nouveau, j'eus un spectacle qui modifia la nature de mes pensées.
- Vous avez entendu parler de ce Flint, je suppose ?
- Si j'ai entendu parler de lui ! s'exclama le chevalier. Vous osez le demander ! C'était le plus atroce forban qui eût jamais navigué. Comparé à Flint, Barbe-Bleue n'était qu'un enfant. Les espagnols avaient de lui une peur si excessive que, je vous le déclare, monsieur, il m'arrivait parfois d'être fier qu'il fût anglais.
Nous rencontrâmes un peu de gros temps, et l’Hispaniola n’en montra que mieux ses qualités. Tout le monde à bord paraissait enchanté, et il n’en pouvait guère aller autrement, car jamais équipage ne fut plus gâté, je crois, depuis que Noé mit son arche à la mer. Le double grog circulait sous le moindre prétexte ; on servait de la tarte aux prunes en dehors des fêtes, par exemple si le chevalier apprenait que c’était l’anniversaire de quelqu’un de l’équipage ; et il y avait en permanence sur le pont une barrique de pommes où puisait qui voulait.
- Ces manières-là, disait le capitaine au docteur Livesey, n’ont jamais profité à personne, que je sache. Gâtez les matelots, vous en faites des diables. Voilà ma conviction.
- Et maintenant, il me faut choisir ?
- Et maintenant, il te faut choisir, crois-moi.
- Eh bien, je ne suis pas assez sot pour ne pas très bien savoir ce que j’ai à attendre. Quoi qu’il doive m’arriver, cela m’est égal. J’en ai trop vu mourir depuis que je vous ai rencontré. Mais il y a deux ou trois choses que je dois vous raconter, dis-je, très surexcité à ce moment. Voici la première. Vous êtes dans une mauvaise passe : navire perdu, trésor perdu, hommes perdus : toute votre entreprise a fait naufrage ; et si vous voulez savoir à qui vous le devez, eh bien, c’est à moi !
Ce qui effrayait surtout le monde, c’étaient ses histoires. Histoires épouvantables, où il n’était question que d’hommes pendus ou jetés à l’eau, de tempêtes en mer, et des îles de la Tortue, et d’affreux exploits aux pays de l’Amérique espagnole. De son propre aveu, il devait avoir vécu parmi les pires sacripants auxquels Dieu permît jamais de naviguer. Et le langage qu’il employait dans ses récits scandalisait nos braves paysans presque à l’égal des forfaits qu’il narrait.
Je n'aime pas les chasses au trésor, dit le capitaine, je ne les aime surtout pas quand elles sont secrètes et que le secret [...] est connu du perroquet.
Nous devions offrir un curieux spectacle : tous en sales habits de marins, et tous, sauf moi, armés jusqu’aux dents. Silver portait deux fusils en bandoulière, un devant et un derrière, outre un grand coutelas à la ceinture, et un pistolet dans chaque poche de son habit à pans carrés. Pour compléter ce singulier équipage, Capitaine Flint se tenait perché sur son épaule, et caquetait des bribes incohérentes de propos maritimes.
- De l'argent ! N'avez-vous donc pas entendu l'histoire que l'on vient de vous raconter ? Que cherchaient ces coquins, sinon de l'argent ? À quoi s'intéressent-ils, sinon à l'argent ? Pourquoi mettraient-ils en danger leurs carcasses de gredin, si ce n'est pour de l'argent ?
Nous sécherons tous au soleil, avec la corde au cou, à cause de vos maladresses.
M. Trelawney, le docteur Livesey, et les autres de ces messieurs, m'ayant demandé de relater en détail notre aventure de L'Ile au Trésor en ne tenant caché que la position de l'île, parce qu'il reste encore partie du trésor, je prends la plume en l'an de grâce 17.., et remonte à l'époque où mon père tenait l'auberge de l'"Amiral Benbow", et où le vieux loup de mer bronzé et balafré vint pour la première fois.