Les italiens sont tellement aimés par leurs mères que même les plus moches ont confiance en eux.
Si vous fermez les yeux, vous entendrez les linges qui dansent au vent comme autant d'étendards, les mâts clinquants des bateaux , les voix qui rient ou qui crient au loin, la mer Tyrrhénienne qui s'en va et revient, quelques Vespa agiles, et tout ce choeur improvisé vous dira qu'un chemin est gravé sous les semelles de ceux qui foulent les pavés napolitains.
On ne comprend une ville qu’en commençant par connaitre une porte, un immeuble, puis une rue, et celle qui vient la couper qui change encore la perception qu’on en avait. Le bas des murs est grignoté par le temps. Ils sont jaunes, ocres, rosés. Au-dessus de-ci de-là, des alcôves cachent des vierges de pierre à la peinture écaillée, des gravures saintes. Les numéros tombent, certains sont dans le désordre, résultat de fâcheries ou d’échanges, comme si la logique ne répondait pas aux Napolitains, qu’ils en faisaient une mascarade pour rendre leurs vies désordonnées plus belles, plus sonores, comme un cri qui finit sans cesse dans un éclat. De rires ou de verre. Dans Naples bigarré, des morceaux de sacs à ordures cohabitent avec le sublime. Le profane avec le sacré. Des chaussées ravinées font face à des bijoux d’architecture. Des bruits des rails des chemins de fer, des navires qui s’en vont en reviennent et moi qui ne pars pas, hypnotisé par la ville comme si j’étais né en retard. Dans les traverses, on peut basculer vers les bas-fond ou l’émerveillement nostalgiques. Quitte ou double, j’avance dans Naples.
Tu ne réalises pas que la vie passe à toute vitesse. Et plus elle passe, plus elle passe vite. Comme un sablier qui s'écoule, on sent à la fin que tout se précipite, que tout se bouscule. Et le sable perdu ne reviendra plus jamais. Tu dois cueillir le temps, arrête de vivre dans la peur !
- Quand on n'a jamais connu le chagrin, alors on ne mesure pas le trésor qu'est sa joie; même si elle nous emplit paisiblement, qu'elle n'est pas une immense réjouissance mais un simple contentement, le fait que la vie se déroule sans encombre. Si tu m'écoutais, tu aurais cette sorte de joie.
Osso serait resté en Sicile où il aurait inspiré la Cosa Nostra, Mastrosso se serait embarqué pour la Calabre pour fonder la 'Ndrangheta et Carcagnosso arrivé jusqu'aux terres de l'ancienne "Campania Felix" aurait édifié la structure de la Camorra, qui sévit aujourd'hui à Naples.
"Non, je ne suis pas son frère mais j'observe les gens et je connais la beauté de son cœur. Ne l'abîme pas. Quelqu'un a détruit le mien, et ça ne repousse pas. "
Lucie n'est pas connectée au présent. Son corps l'est, mais sa tête songe à ce qui pourrait enfin lui arriver.
Dans la langue italienne, on emploie peu le futur. Les choses qui vont arriver sont déjà inscrites, on les formule au présent. Les outils d'expression des Italiens expliquent fort bien leur tempérament; ils usent d'un passé formulé dans une syntaxe empreinte de nolstalgie aiguë, d'un conditionnel baigné de belles promesses et d'un temps qui même présent reste hypothétique et flottant. Ferdinand ne parle que le napolitain, version encore plus forte de la langue de l'immédiateté, de l'amour de la vie et comme on lui a interdit d'évoquer les jours d'avant, aujourd'hui est tout ce qui existe. La vie de Ferdinando, c'est maintenant, maintenant, maintenant.
C'est la peur qui est restée dans la jambe, pas la douleur.