Plus la fin de
la guerre d'Algérie s'éloigne (1962), plus il est difficile d'imaginer comment coexistaient, en Algérie, musulmans, juifs et Européens. C'est ce que nous permet de faire
Benjamin Stora qui, alliant la connaissance historique et le sens du témoignage, nous raconte son enfance juive à Constantine entre 1950 et 1962.
Les juifs d'Algérie vivaient dans le pays bien avant la colonisation française, et même avant la présence arabe. Les communautés juive et musulmane ont cohabité pendant des siècles, mais elles ne se mélangeaient pas. Stora montre comment une partie de sa famille parlait arabe tout en fréquentant la synagogue et l'école française. Mais à la différence des musulmans, les juifs avaient la citoyenneté française depuis 1870.
Tout change avec le début de
la guerre d'Algérie (1954), certains attentats visent spécifiquement les synagogues et les rabbins, entraînant des représailles.
Les juifs se sentent français alors que les nationalistes algériens affirment de plus en plus leur identité arabe et musulmane. les tensions entre communautés ne cessent de croître, elles culminent dans l'assassinat de Raymond Leyris, musicien juif, interprète de musique arabo-andalouse, en 1961. Progressivement la quasi-totalité des juifs d'Algérie quitte leur pays vers la métropole.