La guerre d'Algérie fut le plus grand episode traumatique des 30 glorineuses. Je suis né deux ans après Stora. Je n'ai jamais été en Algérie. Mon père oui, mon oncle aussi. Des amis sont nés la-bas. En juin 1962, j'avais 10 ans pas encore je suis né en octobre. le massacre de Setif en 1945 est un phénomène que j'ai découvert. Cette inégalité est à l'origine de tout. c'est le 2eme livre de cet auteur que je lis
L'histoire a toujours été mon talon d'Achille, et j'ai regretté bien des fois mon indifférence à son endroit…. Je suis contente d'être tombée sur ce petit livre qui est venu combler mes lacunes sur cette guerre à propos de laquelle je m'étais souvent interrogée sans pour autant faire le moindre effort de recherche pour en comprendre l'histoire.
Pourtant, elle est dans un coin de ma mémoire, cette guerre… dans un souvenir que je revois, comme aurait dit ma grand-mère « comme si c'était hier » ; j'avais une douzaine d'années et mon plus jeune oncle maternel était tout juste revenu de cette guerre d'Algérie dont je ne savais rien mais à propos de laquelle on entendait les adultes parler avec anxiété : FLN, OAS, Ben Bella et tout ça….. Cet oncle, célibataire, qui était tout juste revenu chez sa mère, ma grand-mère donc, m'avait un jour attirée dans sa chambre pour me montrer des photos qu'il avait ramenées de là-bas, je me souviens seulement d'une où il était juché sur une jeep dans son treillis militaire de circonstance ; Il me racontait des trucs que je ne comprenais pas.... J'étais perplexe, interrogative, mais toute gamine que j'étais, je compris qu'il avait besoin d'en parler… mais quand je sortis, ma grand-mère me fit comprendre que je ne devais pas me prêter à ces confidences, et dans son regard désespéré il m'a semblé comprendre qu'elle n'avait pas retrouvé tout à fait son fils d'avant…..
Voilà Voilà ! Quoi qu'il en soit, ce livre a répondu à mon attente, comprendre le contexte et les événements, sans parti pris. D'aucuns pourront l'estimer insuffisant. Pour ma part il a répondu à mon attente. Et, pour qui sait lire, il ne manque pas de laisser percevoir toutes les complexités de ce conflit, et les blessures profondes qui en ont résulté de part et d'autre, les pistes de réflexion ne manquent pas.
Pour aller plus loin, l'auteur indique d'autres ouvrages.
C'est tout un art d'être capable d'expliquer simplement, sans manichéisme, des faits historiques, surtout lorsqu'ils sont encore très contemporains.
La mode est plutôt à la simplification nécessitée par l'endoctrinement de nos jeunes générations. L'histoire est de plus en plus souvent dictée par le politique via la Loi.
Ici, c'est un ton juste, des questions anodines, pertinentes et simples qui permettent à l'historien de tisser en finesse la trame de ce drame que, je parie, quasiment aucun élève du primaire au Lycée, n'est capable de situer dans le temps et dans l'enchaînement.
Cet ouvrage s'adresse à eux.
Il peut réparer efficacement ce déficit pour ceux de nos jeunes adultes en devenir qui veulent construire le futur sur l'acceptation du passé.
Une petite soixantaine de pages pour nous expliquer une guerre qui n'a pas dit son nom pendant longtemps: c'est peu c'est très peu. On se demande bien pourquoi Stora a pondu ce petit texte qui en fait explique quelque chose qui est connu depuis belle lurette, du moins pour celui qui s'intéresse à son environnement, car ces explications sont bien succinctes et simplistes surtout au format question simplistes de Jean-Baptiste Péretié
pour réponses brèves Il est vrai que Stora précise plusieurs fois que les choses en fait sont bien plus complexes mais bon la réponse va être simple pour ne pas embrouiller le lecteur. Il en a écrit bien d'autres que vous trouverez chez les libraires. Par contre si c'est pour informer les plus jeunes qui n'ont pas connu cette guerre à mon sens c'est raté.
Je n'ai donc pas appris grand-chose pour ne pas dire rien. C'est la doxa de l'après-guerre d'Algérie où on reste bien dans un problème uniquement franco algérien avec tous les grands poncifs « Je vous ai compris » l'OAS, le petit Clamart, Charonne, la gégène, Ben Bella et j'en passe
Avec beaucoup de tact pour ne pas braquer personne , pardon quelqu'un On renvoie tout le monde dos à dos et termine son petit fascicule par un « ...qui n'empêche pas le dialogue et la compréhension entre Français et Algériens »
On se demande bien quelle est l'utilité de pondre ce petit résumé « pour les nuls» mise à part son petit prix (et encore) de 8.90 € TTC chez Seuil
Certes sa bibliographie sur l'Algérie est plutôt fournie donc ce qu'on ne trouve pas ici on peut le trouver par là .Et au moins les faits sont généralement admis, ils ne posent pas de problème d'interprétation polémique. C'est tellement neutre que personne ne pourra s'en irriter et c'est de l'histoire propre certifiée conforme.
Pas terrible
La série "expliqué à" au Seuil donne l'impression d'être destinée aux enfants, mais en fait elle est vraiment à mettre entre toutes les mains et elle est d'une qualité historique remarquable.
Chaque thème est traité par un spécialiste (ici, Benjamin Stora pour le guerre d'Algérie) et donne des explications très claires à partir de questions simples.
Benjamin Stora nous offre ici une description claire et limpide des événements qui ont conduits à la Guerre d'Algérie, puis de ceux qui se sont déroulés ensuite.
Il permet de comprendre ce qui s'est passé et réalise une excellente synthèse de toutes les dimensions du sujet.
Je vous recommande vivement ce court ouvrage éclairant et passionnant.
- Des Algériens musulmans appartiennent à l'armée française et participent à la guerre ?
- Oui, ce sont ceux que l'on nomme généralement les "harkis".
- Qu'est-ce que cela veut dire, "harkis" ?
- "Harki" est un mot arabe qui veut dire "mouvement". Il est utilisé à partir du début de la guerre d'Algérie pour désigner les soldats musulmans qui font la guerre du côté de la puissance coloniale.
La présence de ces harkis (on emploie aussi le terme "supplétifs") dans l'armée française prouve bien que les paysans algériens n'étaient pas tous unis derrière le FLN.
- Les harkis étaient pour l'Algérie française ?
- C'est une question délicate. Se sont-ils portés volontaires pour défendre la France et sa présence en Algérie ? Ou bien ont-ils été poussés, voire forcés, à rejoindre l'armée par des officiers français ?
En fait, pour beaucoup d'entre eux, les raisons de leur engagement sont avant tout matérielles : ils cherchaient à échapper à la misère. Avec l'espoir, pour ces nombreux paysans, de sauver leur terre.
Parfois, avec les mêmes motivations, certains ont fait le choix de l'ALN, d'autres celui de l'armée française.
D'autres sont sincèrement convaincus de la nécessaire présence française en Algérie.
- Savait-on pendant la guerre d'Algérie que la torture était utilisée par l'armée française ou est-ce quelque chose qui a été découvert après ?
- Dès le mois de janvier 1955, c'est-à-dire deux mois seulement après le début de la guerre, la torture est dénoncée publiquement.
L'écrivain François Mauriac publie un article à ce sujet dans le journal L'Express.
Toujours en 1955, des rapports sont rédigés et adressés aux plus hauts responsables politiques. La torture est donc connue. Elle n'est pas employée pour la première fois, loin de là, au moment de la "bataille d'Alger".
Mais son utilisation courante durant cette année 1957, va provoquer une prise se conscience.
Plusieurs soldats font paraître leur témoignage. Je cite l'un d'eux :" Nous sommes désespérés de voir jusqu'à quel point peut s'abaisser la nature humaine et de voir les Français employer des procédés qui relèvent de la barbarie nazie."
- La comparaison avec les méthodes nazies est-elle juste ?
- Infliger des souffrances physiques insupportables pour "faire parler" était une pratique de la Gestapo.
Paul Teitgen, secrétaire général de la police d'Alger, qui démissionne pour protester contre les pratiques du général Massu et des parachutistes, écrit ainsi :"En visitant les centres d'hébergement, j'ai reconnu sur certains assignés les traces profondes des sévices ou des tortures qu'il y a quatorze ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo à Nancy."
Mais la Seconde Guerre mondiale - notamment l'ampleur de la machine exterminatrice nazie - ne peut être comparée à la guerre d'Algérie.
- Était-il possible, lorsque l'on appartenait à l'armée française qui faisait la guerre en Algérie, de s'opposer à la torture ?
- Oui, mais il fallait accepter d'en payer les conséquences. Il est important de citer à ce propos le cas du général Bollardière.
En mars 1957, ce général demande à être relevé de son commandement en Algérie car il refuse l'utilisation de la torture, qu'il a, lui aussi, connue sous l'occupation nazie.
Il sera enfermé pendant deux mois et on ne lui confiera ensuite plus aucune responsabilité.
En 2007, un carrefour Général-de-Bollardière a été inauguré à Paris. C'est une façon d'honorer sa mémoire et de rendre hommage à son courage.
– Dès le mois de janvier 1955, c'est-à-dire deux mois seulement après le
début de la guerre, la torture est dénoncée publiquement. L'écrivain
François Mauriac publie un article à ce sujet dans le journal L'Express.
Toujours en 1955, des rapports sont rédigés et adressés aux plus hauts
responsables politiques. La torture est donc connue. Elle n'est pas employée
pour la première fois, loin de là, au moment de la bataille d'Alger. Mais son utilisation courante durant cette année 1957 va provoquer une prise de conscience. Plusieurs soldats font paraître leur témoignage. Je cite l'un d’eux :
«Nous sommes désespérés de voir jusqu'à quel point peut s'abaisser la nature humaine et de voir des Français employer des procédés qui relèvent de
la barbarie nazie.».
– La comparaison avec les méthodes nazies
est-elle juste?
– Infliger des souffrances physiques insupportables
pour faire parler était une pratique
de la Gestapo. Paul Teitgen, secrétaire
général de la police d'Alger, qui démissionne
pour protester contre les pratiques
du général Massu et des parachutistes, écrit
ainsi :«En visitant les centres d'hébergement,
j'ai reconnu sur certains assignés les
traces profondes des sévices ou des tortures
qu'il y a quatorze ans je subissais personnellement
dans les caves de la Gestapo à
Nancy.»
Mais la Seconde Guerre mondiale
– notamment l'ampleur de la machine exterminatrice
nazie – ne peut être comparée
à la guerre d'Algérie.
– Il est difficile de généraliser autant de cas individuels.
Tous les appelés ne vivent pas la même guerre, selon
l'époque à laquelle ils sont mobilisés, le lieu où ils sont
affectés, ou encore la fonction qu'ils occupent. Mais on
peut tenter de trouver des points communs et ainsi cerner
des expériences partagées. Pour beaucoup de soldats
venus de la métropole, la guerre d'Algérie commence
par une épreuve pénible: la traversée de la Méditerranée,
entassés dans un paquebot, parfois dans les cales. Cette
traversée représente pour eux un saut vers l'inconnu –
c'est généralement la première fois qu'ils voyagent hors
de l'Hexagone. Une fois sur le sol algérien, ils suivent
une période d'instruction. Ils apprennent à tirer mais
surtout à marcher, à «crapahuter». Ils doivent aussi apprendre
à supporter l'éloignement, l'absence de femmes,
la répétition des tâches, l'ennui... (…)
– Mais comment se passe la guerre, pour eux, au quotidien?
– Ils mènent des opérations de surveillance, par exemple
dans une rue ou près d'une ferme. Ils arrêtent des «suspects
» au hasard, lors d'opérations de «ratissage». Ils
doivent faire face à un ennemi le plus souvent invisible,
qui connaît beaucoup mieux le terrain qu'eux. Leur entraînement
est médiocre, ils sont éparpillés sur de vastes
étendues, ce qui les rend vulnérables.
Ainsi, le 18 mai 1956, à Palestro (l'actuelle Lakhdaria),
une commune située au nord de l'Algérie, 21 soldats
tombent dans une embuscade de l'ALN. Un seul survit,
délivré cinq jours plus tard par des parachutistes. Les cadavres
des autres jeunes Français sont retrouvés mutilés.
En métropole, la nouvelle provoque une très grande
émotion. Comme si elle suscitait une soudaine prise de
conscience.
Pour le public, cette embuscade réveille en quelque sorte
la vraie nature du conflit qui se déroule en Algérie: une
guerre où de jeunes Français meurent dans des conditions
atroces. Palestro n'est pas la seule attaque de ce
type contre des soldats du contingent mais, pour ces derniers,
elle devient l'exemple par excellence de ce qu'ils
redoutent: tomber dans un guet-apens, se trouver dans
l'incapacité de se défendre, être tués puis mutilés. L'embuscade
de Palestro nourrit les récits qu'ils se racontent
entre eux. Elle alimente leurs angoisses quotidiennes.
Car, en Algérie, les soldats font l'expérience de l'attente
inquiète, de la peur, de la violence.
– Tu avais quel âge au moment de la guerre
d'Algérie? En as-tu des souvenirs?
– Je suis né en Algérie en 1950. J'ai donc grandi
pendant cette guerre. Elle s'est déroulée quand
j'avais entre 4 et 11 ans. J'ai beaucoup de souvenirs
de cette période, certains très vifs, d'autres plus
flous, comme le sont parfois les souvenirs d'enfance.
Je garde en mémoire des sensations, des émotions ,
des odeurs, la délicieuse tfina (le plat des Juifs de
Constantine, ma ville de naissance), les pique-niques
sur la plage de Stora... Mais aussi des souvenirs plus
douloureux, comme les drames qui ont touché ma famille.
Je me souviens particulièrement du moment où nous
avons quitté l'Algérie avec mes parents et ma soeur, en juin 1962. (…)
Moi, j'étais un enfant et je savais que c'était un exil sans retour,
que je laissais derrière moi le pays qui m'avait vu naître.
Mais aujourd'hui, mon travail d'historien, c'est de prendre de la
distance par rapport à mes souvenirs personnels, mon cas individuel,
pour raconter une histoire beaucoup plus large. Une histoire qui concerne
les peuples de France et d'Algérie, et qui a encore de fortes répercussions
aujourd'hui. J'essaye de comprendre, et de faire partager mes connaissances
sur cette guerre, qui a arraché des gens à leur terre natale et qui a permis
aux Algériens d'arracher leur indépendance. Je pense que ce mot "arrachement"
est l'un de ceux qui permettent de définir la guerre d'Algérie.
Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell