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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Koko c'est un nom sur une carte à jouer.
Koko c'est le surnom d'un assassin.
Koko c'est un souvenir sombre de la guerre du Vietnam.

Voilà une histoire peu ordinaire au cours de laquelle Peter Straub nous dresse le portrait d'anciens camarades de guerre, 15 ans après celle-ci. Chacun a eu un parcours différent avant, puis après cette guerre, mais tous ont été les témoins et les acteurs d'une atrocité commise là-bas. le degré d'implication des protagonistes, que ce soit physique ou psychologique, se découvre au fur et à mesure de la lecture.
L'auteur jongle très bien entre les divers personnages, les lieux géographiques et les flashbacks. Il prend le temps de creuser, de planter le décor. Cela peut paraitre long par moments, mais les descriptions ainsi que les scènes qui, pour certaines, ne présentent pas grand intérêt par rapport à l'intrigue générale, ne font que participer à nous plonger dans une atmosphère glauque et sinistre, sans jamais pourtant tomber dans le déprimant et le pathétique. Les héros conservent une énergie et une motivation intactes au fil du récit.
Peter Straub nous propose la mise en parallèle de plusieurs mondes sur cette Terre, et nous indique que l'enfer peut exister partout, et pas seulement sur un champ de bataille. L'être humain peut être mauvais et diabolique quel que soit l'endroit, l'époque et le contexte. Il lui faut juste un environnement adéquat pour exprimer cette violence et sa colère. Il tend vers l'autodestruction en entrainant souvent son entourage dans le même temps.

Ce livre pose donc bien des questions sur la nature humaine :
Qui sommes-nous vraiment au plus profond de nous ? Sommes-nous foncièrement mauvais ou est-ce la société qui nous a forgé ainsi ? Sommes-nous des coupables ou des victimes ? Comment vivre en paix avec soi-même ? Avons-nous une dette envers la vie et comment s'en acquitter ?

L'intrigue policière présentée dès l'introduction du roman est finalement un prétexte à une véritable quête du bonheur, et celle-ci est propre à chacun. Et quand j'évoque ici la recherche du bonheur, il ne s'agit pas de contes de fée ou d'histoires romantiques à l'eau de rose. L'auteur fait état d'un combat vers une certaine paix intérieure, ou comment enterrer ses démons et en faire le deuil.

Pour conclure, je conseille vivement la lecture de ce livre. C'est brut, fort, poignant, on finit par s'attacher à certains personnages et à en détester d'autres. Ce n'est pas un simple livre policier, mais un véritable manifeste contre la guerre et toutes les horreurs que celle-ci a pu engendrer et autoriser.
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J'ai écrit mes retours dans le désordre, mais lu aussi les livres dans le désordre, ce qui ne m'a pas dérangée. En fait, Koko est le premier de la trilogie Koko, Mystery et La Gorge.
Dans ce premier roman donc, Peter Straub nous entraîne 20 ans en arrière pour nous faire plonger en pleine guerre du Vietnam, en compagnie d'un groupe de soldats liés par un terrible secret. Des années après, ils décident de se réunir pour traquer l'un des leurs, devenu serial killer et essayer de le ramener à la raison.
Nous allons donc voyager en Asie, puis aux USA, de fausse piste en fausse piste, à la poursuite de l'insaisissable Koko.
Les personnages et leur personnalité sont fort bien décrits, mais rien d'étonnant de la part de cet auteur qui nous mène par le bout du nez avec ce livre-puzzle. On n'apprend par contre pas grand-chose sur Koko, hormis quelques événements de son enfance.
Du grand Peter Straub, encore une fois.
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Koko : juste un mot gribouillé sur une carte à jouer, la signature d'un tueur fou sillonnant l'Asie dans un périple sanglant.
Un mot qui va projeter quatre amis quinze ans en arrière en plein cauchemar du Vietnam. Koko, ils le savent, est l'un des leurs, l'un des participants à ce terrible massacre qu'aucun d'eux n'a pu oublier. Ils décident de le retrouver avant la police. Pour comprendre.
De Singapour à Bangkok, puis lors d'une scène terrifiante à New York, la traque progresse et prend une dimension initiatique ; car, dans cette course au meurtrier, chacun des chasseurs se découvre et se révèle à lui-même...

Il s'agit du premier tome d'une trilogie nommée "Blue Rose" dans lequel il dépeint le traumatisme dû à la guerre du Vietnam à travers 5 personnages enquêtant sur des meurtres ayant lieu dans les années 80 et ayant un rapport avec ce qui leur est arrivé pendant la Guerre. Les deux autres épisodes s'intitulent "Mystery" et "La Gorge" et sont liés avec "Koko" par quelques personnages, un morceau de musique de jazz et la construction du récit. Ils peuvent parfaitement se lire indépendamment mais sont plus savoureux lus à la suite. Chaque livre s'attaque à un genre différent : le thriller sur fond de guerre ici, dans "Mystery" c'est un grand Whodunit et dans "La Gorge" c'est un mélange des deux, plus poussé du côté thriller. A noter que le dernier chapitre de cet ouvrage commence à la dernière page et correspond en fait au premier chapitre du 3ème tome . le deuxième n'étant qu'une parenthèse, une transition pour présenter un nouveau personnage et un certain historique.

Michael Poole doit retrouver 3 amis qu'il avait connu à la guerre 15 ans auparavant, à l'occasion d'une commémoration en 1984 à Washington. Ce sont Conor Linklater, Harry "Beans" Beavers et Tina Pumo. Ils sont tous traumatisés par un événement survenu à Ia Thuc auquel eux mêmes sont liés ainsi que 3 autres hommes : Tim Underhill, Victor Spitalny et M.O Dengler. Il s'agit d'un massacre de 30 enfants dont tous vont porter le poids de la culpabilité sauf le plus responsable de tous.

Pendant ce temps là, des meurtres atroces ont lieu à Singapour, tous mis en scène de la même manière. A savoir les oreilles et les yeux sont arrachés et une carte à jouer est déposée dans leurs bouches sur laquelle est inscrit Koko (nom d'un morceau de jazz de Charlie Parker ainsi que O coïncidence, titre du livre). Cette manière de tuer, les 4 anciens combattants l'utilisaient sur les Viet Congs pour s'amuser. Elle est aussi symbolique : pas entendre, pas voir, pas parler. Les victimes sont tuées car elles pouvaient communiquer. Ils décident de partir pour Singapour où réside Underhill qui est devenu le suspect principal des meurtres. Seul Tina Pumo reste car il ne peut pas laisser son restaurant.
Avant leurs départs, Peter Straub décrit chacun des quatre personnages dans leurs quotidiens professionnels et personnels, leurs traumatismes, leurs cauchemars et leurs obsessions. de ce voyage et de l'histoire qui en découlera, ils veulent en tirer un livre puis un film afin de devenir riche. Ce voyage leur servira surtout à exorciser leurs démons. Ils revoient la guerre dans leur sommeil. Une véritable traque va suivre qui les amènera à Singapour, Bangkok, Taipeh, Fourqueux, New York, Milwaukee et pour finir le quartier de Chinatown à Big Apple.

L'auteur décrit dans quelques passages en flash-back des batailles au Vietnam. Notamment quand la compagnie de Pumo, Beavers et Poole tombe dans une embuscade dans la vallée du Dragon près d'un champ de mine. Il transcrit le traumatisme et l'horreur des combats avec une rare justesse et une précision dans les mots. On imagine très bien les corps déchiquetés et la folie qui s'empare des hommes qui commencent à voir des démons : "Non, se disait Pumo, les démons se trouvent à une plus grande profondeur, parce que ça, ça n'est pas seulement l'enfer, c'est pire que l'enfer… en enfer on est mort, tandis que dans cet enfer ci, on attend d'être tué."

Ce passé qui remonte à la surface est le sujet principal du livre. L'enquête qu'ils mènent n'est que prétexte à décrire les différentes réactions qu'ont les personnages face à la peur, au dégoût d'eux mêmes et de leur souvenir. Ils mènent à priori, une simple chasse à l'homme mais peu à peu l'histoire devient tortueuse et s'épaissit. Les rebondissements arrivent, ainsi que les fausses pistes. le coupable n'est pas celui que l'on croit, forcément. On pense être en avance sur les protagonistes mais au final on est aussi perdus qu'eux.

Le personnage leader du groupe est Michael Poole. C'est un pédiatre qui vit dans les beaux quartiers de New York et qui a de grandes difficultés dans son mariage suite à la mort de leur fils. C'est le plus calme des cinq personnages principaux, c'est lui qui mène l'enquête mais il se fait berner par le tueur qui sait tout de lui.
Harry « Beans » Beavers dit le Grand Paumé. C'est l'ancien, mauvais, lieutenant des 4 autres qui est devenu avocat maintenant au chômage et récemment divorcé. C'est par lui que tout arrive, son incapacité à retenir ses pulsions et sa sauvagerie incroyable pendant la guerre ont conduit, en partie, à tous ces meurtres.
Tino Puma tient un restaurant thaïlandais dans New York qui est menacé de fermeture par la commission d'hygiène. Il vit une histoire d'amour compliquée avec une vietnamienne , Maggie Lah. C'est un personnage un peu en retrait par rapport aux 4 autres.
Conor Linklater. Il est au chômage, fauché, célibataire… Malgré ça, c'est le drôle de la troupe, mais aussi le plus traumatisé.
Le personnage de Tim Underhill est le pivot de la trilogie. Il sera nettement plus développé dans le troisième. C'est un fantôme pendant les ¾ du livre, tout le monde en parle sans qu'il soit présent. Il est pourchassé par les 3 "voyageurs" ainsi que par le tueur. C'est un écrivain (double de Peter Straub ?) qui a rédigé un livre qui ressemble au troisième tome de cette trilogie. Il vit peut être à Singapour ou peut être à Bangkok, a été proxénète pendant la guerre ainsi qu'un vrai héros.
Les cinq personnages principaux représentent l'Amérique dans sa diversité et sa manière d'assumer la guerre. Ils ont été oubliés par leur patrie. C'est un livre aussi sur la mémoire. Mémoire collective, donc , d'un pays qui a oublié les siens et mémoire individuelle de soldats qui n'arrivent pas à oublier ce qui s'est passé et de personnes traumatisées par leur histoire personnelle. le tueur a eu une enfance très difficile. On retrouve d'ailleurs ce même traumatisme et ce même personnage de boucher pédophile dans les 2 autres romans.

Peter Straub a un véritable talent pour décrire les atmosphères des différentes villes traversées. A Singapour et à Bangkok, dans les quartiers populaires, Michael Poole doit aller visiter plusieurs bars louches, patibulaires mais presque. L'ambiance y est glauque, la tension est palpable. Les personnages sont dans un état second quand ils se retrouvent en Asie sur les lieux du carnage passé. Et tout ceci est très bien rendu grâce à une écriture fluide, pas prétentieuse et qui se lit très facilement.
Pour conclure, c'est un excellent thriller atypique avec des personnages bien décrits et une intrigue très forte et qui ouvre la trilogie de très grande manière. Un chef-d'oeuvre, un pur bijou Straubien que je vous recommande vivement.
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Un mélange hallucinant de thriller psychologique et de roman noir

Koko est le premier volet de la célèbre trilogie Blue Rose.
Peter Straub nous emmène loin, très loin dans ce roman riche et complexe. le fil conducteur de ce thriller halluciné et hallucinant reste la traque de Koko, tueur en série, et ancien soldat pendant la guerre du Vietnam. L'identité de ce psychopathe est d'ailleurs dévoilée dans les derniers chapitres du roman.

Mais à travers cet implacable suspense, qui nous emmène aussi bien à Bangkok que dans l'Amérique profonde, Peter Straub évoque le Vietnam, et surtout l'après Vietnam; Il dénonce les atrocités subies par la population civile vietnamienne, et analyse, sans tomber dans la façilité, les désordres psychiques dont sont victimes les américains qui sont revenus vivants de cette guerre abominable.

Je l'admets, les premières pages sont un peu confuses, j'ai eu du mal à "entrer" dans le roman, mais ensuite quel plaisir! Les personnages sont fouillés, l'intrigue dense et complexe (plus de 800 pages dans la version poche du roman), et il émane de ce roman une atmosphère à la limite du fantastique, ce qui est normal, car le fantastique est le genre de prédilection de Peter Straub.
Mais surtout il se dégage de ce roman une puissance étrange, on a l'impression de se retrouver dans un véritable enfer métaphysique! car tous ces anciens soldats ne peuvent pas être revenus indemnes de cette guerre. L'Amérique traumatisée est une réalité.
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Je me suis procuré "Koko" qui paraît chez Pocket mais que j'ai déniché dans une librairie d'occasion seulement - chez Gibert-Jeune pour ne pas la citer. Il s'agit du premier tome de la trilogie "Blue Rose" et, contrairement à "La Gorge", l'ouvrage est rédigé à la troisième personne.
Si "Ghost Story" est bien un récit d'horreur qui reprend les codes habituels à ce type de récit et rend hommage à quelques maîtres, "Koko", lui, tient bien plus du thriller classique avec tueur en série complètement fêlé. (C'est la raison pour laquelle ce fil se retrouve ici.)
Le roman débute par un rassemblement officiel de vétérans du Viêt-Nam qui permet aux survivant d'une compagnie de se retrouver et de se pencher sur une série de meurtres particulièrement sanglants commis récemment en Thaïlande. le modus operandi est toujours le même : la victime est mutilée (oreilles et yeux) post mortem et l'on retrouve dans sa bouche une carte à jouer qui porte au verso le mot "Koko" en guise de signature.
C'est l'ancien lieutenant Harry Beevers - personnage au demeurant des plus antipathiques, je vous laisse le découvrir - qui propose à ses anciens camarades - Michael Poole, un pédiatre en renom, Tina Pumo, un restaurateur connu et Conor Linklater, simple ouvrier - de se lancer à la poursuite du tueur. Pour Beevers, reconverti dans le civil en qualité d'avocat et exemple-type de l'arriviste à l'américaine, il n'y a pas de doute : Koko n'est autre que leur ancien camarade, Timothy Underhill. Après la déroute, Underhill était devenu écrivain mais s'était installé à Bangkock.
Comme j'avais déjà lu "La Gorge", je savais déjà que Tim Underhill ne pouvait être Koko. Mais j'ajouterai que, dès le départ, Straub nous fait comprendre que, à l'exception du détestable Harry Beevers, personne ne croit Tim capable de telles horreurs.
Je précise aussi que Harry Beevers n'est pas Koko - même s'il porte une lourde part de responsabilité dans l'émergence du tueur.
Malgré quelques longueurs - Straub aime à raconter et a du mal à quitter ses personnages - "Koko" demeure un roman passionnant, à recommander à tous les amateurs de polars dits "psychologiques", surtout s'ils apprécient les "pavés." La richesse des personnages et la façon tout à fait exceptionnelle, à la fois pleine de tendresse et d'une incommensurable tristesse, avec laquelle Straub décortique leurs labyrinthes comportementaux ainsi que la guerre du Viêt-Nam et l'intolérable pression de la religion aux USA ne peuvent que retenir l'attention. ;o)
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A l'occasion d'une réunion d'anciens combattants du Vietnam, le lieutenant Harry Beevers et ses anciens soldats Michael Poole, Conor Linklater et Anthony "Tina" Pumo décident de se mettre en chasse d'un tueur en série surnommé "Koko". Ses cibles sont des journalistes et des écrivains qui se sont intéressés au massacre perpétré par Harry Beevers et ses hommes dans un village vietnamien dans des circonstances qui demeurent obscures ; ils pensent donc avoir affaire à l'un des survivants de leur unité. Au fil de l'histoire, les identités possibles de Koko défilent : est-il Tim Underhill, qui est resté en Extrême-Orient pour poursuivre une carrière d'écrivain, ou Victor Spitalny, qualifié par certains de "cinglé parmi les cinglés" ? Ce sont aussi les traumatismes des soldats envoyés jeunes à la guerre du Vietnam qui ressortent pendant l'enquête, entre ceux qui revoient sans cesse des enfants massacrés et ceux qui croient avoir encore un combat ou un travail à terminer plus de vingt ans après la guerre. Plus qu'à la recherche de Koko, les protagonistes sont avant tout à la recherche d'eux-mêmes et du véritable sens de leur vie. Après avoir plongé dans leurs doutes et leurs cauchemars, on espère à la fin de l'histoire qu'ils l'ont trouvé, en tout cas cette fin referme bien la page même si elle laisse entendre que certains n'en ont pas tout à fait fini avec le tueur.
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à l'époque un engouement pour Stephen King, puis pour les Pockett Terreur, puis LA découverte de Straub et Herbert (James). Je travaillais alors parfois de nuit, mais jamais, non jamais je ne les ai lus à ces moments là, et jamais la couverture n'était exposée sur mon chevet.
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