Pour elle, c'était une promesse à trois, entre la lune, elle et moi.
"On va continuer ensemble, je vais vous aider".
Le contenu du fait-tout devant Sentarô bouillait maintenant à gros bouillons.
"Non, vous m'aidez déjà assez comme ça. Vous êtes comme une alliée puissante qui aurait fait son apparition. Cela dit, le destin n'est jamais tendre."
Sentarô s'apprêtait à saisir le pot de sucre quand Tokue rétorqua, sa voix légèrement altérée :
"Quel destin ? Le destin, ce n'est pas un mot à prononcer à la légère.
-Hum
-Le destin, ce n'est pas un mot pour les jeunes."
Avec la sensation de s'être fait réprimander, Sentarô baissa les yeux.
"Moi, à une époque, je suis restée enfermée".
Tokue s'interrompit, secoua brusquement la tête, puis commença à remplir d'eau la bassine en cuivre. Comme si elle se reprochait les mots qui venaient de lui échapper.
"Pardon. Vous vous faites du souci pour moi, et moi...
- Je suis désolée aussi. N'y pensez plus," dit Tokue sans regarder Sentarô.
Nous sommes nés pour regarder ce monde, pour l'écouter; C'est tout ce qu'il demande...
Et si ni moi ni les humains n'existions, qu'en serait-il ?
Pas seulement les humains, si le monde était privé de tous les êtres doués d'émotion, qu'en serait-il ?
-Vraiment. C'est ce qu'elle m'a dit.
- Ce jour là, nous avons regardé la lune ensemble. La pleine lune était visible au dessus du cerisier devant la boutique. Madame Yoshii m'a dit, elle est belle, admirons là ensemble... et elle m'a proposé ça, en contemplant la lune. Pour elle, c'était une promesse à trois, entre la lune, elle et moi.
-Une promesse avec la lune...
"Respirer le parfum du vent, tendre l'oreille au bruissement des arbres figurent parmi les choses qui nous sont accessibles au Tenshôen. Voilà déjà plus de soixante ans que je m'y exerce, que j'écoute les mots de ceux qui n'ont pas la parole. J'appelle cela être "à l'écoute".
Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu'on cherchait grâce à la voix qui nous guide, j'en suis convaincue. Une vie est loin d'être uniforme. Parfois, sa couleur change du tout au tout.
Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu’on cherchait grâce à la voix qui nous guide, j’en suis convaincue. Une vie est loin d’être uniforme. Parfois, sa couleur change du tout au tout.
"Cela dit, le destin n'est jamais tendre."
Sentarô s'apprêtait à saisir le pot de sucre quand Tokue rétorqua la voix légèrement altérée.
"Quel destin ? Le destin, ce n'est pas un mot à prononcer à la légère."
Devenir ainsi des sortes de poètes était sûrement pour nous la seule façon de vivre, m'a-t-elle dit. Regarder uniquement la réalité donnait envie de mourir.
Sentarô eut l'impression que le temps, le vent et le ciel, tout ce qui était invisible s'était soudain rassemblé en une masse de la taille d'un poing qui l'avait frappé en pleine poitrine.