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EAN : 978B01JXP7SY8
Pacific Book Pub (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
" This oral history documents the collective experience of the "issei", fìrst-generation pioneers, from early life in Japan and the formulation of their drama of coming to America, to the reality of facing discrimination, finding work, weathering the Depression and the shock of World War II, coping with life in the relocation camps, and finally, after the war, returning to pick up the pieces of their lives with the determination and dignity with which they began. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++++ "FEMMES ISSEI" ÷÷÷÷÷

Le mot "Issei" en Japonais signifie "Première génération" et désigne les Japonais nés au Japon, mais qui ont quitté le pays du soleil levant pour s'établir ailleurs. Les enfants d'issei, nés à l'étranger, sont des "Nisei" ou "2ème génération", ce qui est un peu bizarre car le préfixe "Ni" signifie soleil, comme dans Nippon, qui signifie, "pays du soleil". le terme général "Nikkeijn" est réservé aux émigrés Japonais et leurs descendants.
J'arrête là mon mini-cours de Japonais avant de vous raconter d'éventuelles bêtises, bien que j'aimerais savoir s'il existe également un mot spécifique pour désigner des Japonais de la troisième génération, ce qui est notamment le cas de l'auteure de cet ouvrage.

L'issei le plus illustre est sûrement le Prix Nobel littérature 2017, Kazuo Ishiguro, né à Nagasaki et qui avait 6 ans lorsque sa famille s'installa à Guildford en Angleterre.

Eileen Sunada Sarasohn est donc une Japonaise de la 3ème génération, née en 1943 dans le "Tule Lake Relocation Camp" en Californie. Un camp réservé aux Japonais - après l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor du 7 décembre 1941 - qui se trouve au milieu de nulle part, à 580 km à l'est de San Francisco et qui a compté jusqu'à 120.000 internés, dont les 2 tiers étaient des citoyens américains ! Dès sa naissance, l'auteure a ainsi eu le grand privilège de bénéficier de l'hospitalité américaine. Un exemple d'espionnite aiguë de la part des autorités yankees !

Les États-Unis ont cependant eu besoin de la main-d'oeuvre bon marché japonaise et chinoise en nombre important surtout pour la construction de leurs chemins de fer. Mais après différentes restrictions de l''immigration d'origine japonaise, en 1924, une loi fédérale, interdisait l'accès au territoire américain à l'ensemble de la population japonaise. Cette loi xénophobe resta en vigueur jusqu'en 1965. En 2010, sur une population de 325 millions d'habitants, les États-Unis comptaient 1.304.286 Nippo-américains, soit 0.4 %.

En tant que môme j'étais fasciné par la seule famille japonaise qui habitait dans la petite ville de mes parents. C'étaient les premiers Asiatiques que je voyais de près. Les H. étaient très bien intégrés, même populaires, et plusieurs de leurs descendants ont contracté des mariages mixtes et habitent toujours la région. Des années plus tard, j'ai relativement bien connu le président de Toyota Benelux, pour qui sa promotion au quartier général à Toyota City, après des années passées à Stockholm et Bruxelles, n'était pas reçue dans la joie et le bonheur par son épouse et 2 filles, qui craignaient un retour à leur pays d'origine.

En 1973, fut créé le "Issei Oral History Project" en vue de préserver les témoignages oraux de Japonais (le plus souvent illettrés) ayant débarqué aux États-Unis entre 1898 et 1924. Plus de 200 témoignages furent enregistrés et traduits en Anglais et sont disponibles au public en leur centre historique à Sacramento. En même temps, cette association a publié 3 ouvrages, dont 2 écrits par Eileen Sunada Sarasohn : le livre sous rubrique et "The Issei : Portrait of à Pioneer" ou portrait d'un pionnier. Pas surprenant que notre Eileen soit devenue l'éditrice de l'association.

La grand-mère de l'auteure, Koriyo Takenaka, figure en photo sur la couverture du livre. Comme dans plusieurs États en Amérique du Nord, avant l'indépendance des États-Unis, les autorités avaient introduit des lois de miscégénation, interdisant l'union d'individus de race ou d'origine différentes, les pauvres travailleurs japonais qui voulaient se marier étaient obligés de passer par les services d'agences qui proposaient des épouses sur la base de photos, le système des "picture brides". Ces lois, qui ressemblent à celles de Nuremberg en Allemagne nazie et de l'apartheid en Afrique du Sud, ont été abolies comme anticonstitutionnelles en 1967.

La "picture bride" photo de la grand-mère de notre Eileen est loin d'être une rareté. Il existe d'ailleurs un film avec ce titre, réalisé en 1995 par Kayo Hatta, qui nous raconte l'histoire de Riyo, une jeune Japonaise, qui arrive à Hawaï pour marier un homme qu'elle n'avait jamais vu.

L'ouvrage 'Issei Women" est basée sur les interviews enregistrées dans le cadre de l'association mentionnée ci-dessus. Eileen Sunada Sarasohn en a sélectionné 11 parmi les 200 qu'elle estime les plus représentatifs de ce phénomène. Elle a aussi retenu le critère de la répartition géographique : ville versus campagne.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la décision d'une jeune Japonaise de se marier et de partir à l'étranger n'avait rien ou très peu à voir avec l'argent, le confort ou le luxe. Dans l'esprit de l'ancien code samouraï des valeurs, l'avenir d'une jeune femme était le mariage et fonder une famille. Ainsi, c'étaient surtout des filles et jeunes femmes dont les chances d'un mariage local étaient relativement réduites à cause de leur croyance chrétienne, de leur éducation trop poussée ou de leur âge, qui envisagaient un départ pour une destinée lointaine. Souvent y poussées par leurs parents qui voyaient dans le système des "picture brides" le prolongement du système traditionnel local. Quoi que pour certaines candidates il y eût également l'attrait d'une vie moins soumise aux règles de conduite particulièrement rigides de la société japonaise.

Beaucoup de femmes et jeunes filles voyaient leur époux pour la 1re fois en débarquant du bateau sur un quai de port américain et comparaient la photo de leur homme avec les Japonais qui y attendaient leur femme. Pour certaines c'était la déception immédiate : un hommes nettement plus âgé que sur la photo, ou même celui qui avait envoyé à sa fiancée la photo d'un pote ! Après une traversée éprouvante du Pacifique en 3ème classe, même celles qui n'étaient pas trop déçues étaient transférées à un centre pour contrôle médical. Selon Onatsu Akiyama, une des 11, au bout de 3 semaines dans ce centre, toutes les femmes et filles étaient là à pleurer. Pour la plupart cependant la situation ne pouvait que s'améliorer.

J'ai lu cet ouvrage, il y a 3 ans, mais comme il m'avait tellement impressionné, j'ai tenu à en faire une chronique pour mes ami(e)s sur Babelio. Plutôt que de résumer la vie de ces onze femmes Issei, je n'ai que tracé le cadre général et je termine par la conclusion finale d'Eileen Sunada Sarasohn : Aucune de ces femmes n'est devenue une vedette, star ou célébrité, mais "leur vie est un témoignage d'excellence sans besoin de glorification personnelle et elles se réjouissent d'avoir construit une base solide pour des générations futures".
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