J'avoue avoir été surprise par le format : je pensais que
L'Enfant de la haute mer était un récit - or, il s'agit de 8 contes différents. Je ne pense pas détailler chaque conte, mais l'effet d'ensemble est à la fois varié, avec des univers et personnages très différents, tout en gardant un ton uni, poétique et légèrement fantastique, voire même surréaliste.
De la cité engloutie dans "
L'Enfant de la haute mer", à la ville sous l'océan qui accueille les noyés dans "L'Inconnue de la Seine", nous nous promenons par la crèche de Jésus dans "
Le Boeuf et l'Âne de la crèche", le royaume des Ombres dans "les Boiteux du ciel", une cité indienne dans "Rani", la maison bourgeoise d'une famille tranquille dans "la jeune fille à la voix de violon", les champs de courses d'Auteuil, avec Rufus l'homme-cheval, et un rancho dans les plaines d'Amérique latine, dans "la piste et la mare".
Nous voyageons, et ces univers ouverts, le temps d'un conte précisément ciselé, se déroulent entre rêve et réalité, imagination et trivialité, superbe et bassesse ; l'atmosphère est comme hors du temps, philosophique et métaphysique, non sans quelques touches délicates d'humour. Il s'y pose la question de la mort, de l'éternité, de la perception de l'existence. Il se dégage également une douce mélancolie de leurs intrigues, ce sont des personnages qui, souvent, n'ont pas eu de chance, ou ont été trompés, égarés, ou encore sont différents et plus ou moins rejetés...
Tous ces contes m'ont plu, et je les ai lus avec plaisir, j'ai préféré "Le boeuf et l'âne de la crèche", qui donne un point de vue original sur la naissance de Jésus, en une langue très poétique. L'ensemble me fait penser à ces crèches en terre d'Amérique latine, naïves et colorées, pleines de vie.