AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 763 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Devenir contrebassiste n'est pas un choix de carrière. Plus un hasard de la vie, la rencontre entre deux êtres, un musicien pas assez bon pour faire un instrument plus noble et une grosse caisse en bois. Parce qu'au final, ce n'est que ça : de vulgaires planches découpées, assemblées et bombées mises en forme pour provoquer un bruit sourd et vibrant au fond d'une salle de concert. D'ailleurs, qui regarde le contrebassiste. On l'entend mais on ne n'y prête pas la moindre attention. Gros et laid diraient certains. Pourtant, les intentions étaient belles au départ. Ces courbes si harmonieuses que l'on dirait le corps d'une femme, des courbes que l'on caresserait délicatement de sa main si cette dernière n'avait pas de la corne si dure à force de marteler ces cordes. Et puis ce son, gros et guttural, dont aucun orchestre ne peut se passer. INDISPENSABLE, mais tellement gros qu'on l'a remisé dans un fond de salle, là où personne ne le voit même cette belle soprano avec sa voix enchanteresse et ce corps si divin.

Parce que le voilà le problème essentiel du contrebassiste : l'amour. Ou le désamour. Tu as déjà essayé d'emballer une nana avec ce gros machin qui traîne au milieu de la pièce, qui te regarde, te scrute et que tu ne peux n'y déplacer ni cacher. Elle en fait fuir plus d'une, cette contrebasse. Pas étonnant de fait que le contrebassiste devienne cet être solitaire et aigrie, du genre à finir les soirées, seul, une bière à la main. Ou deux. Même plusieurs, c'est fou ce que cela donne soif de réciter un long monologue sur la contrebasse, encore plus que décrire une chronique ici.

« Vous permettez qu'en même temps je prenne un peu de bière, c'est dingue ce que je peux me déshydrater… »

Grand succès des théâtres parisiens – et d'ailleurs, certainement – de Jacques Villeret à Clovis Cornillac. Je comprends qu'un acteur soit séduit par ce texte et sa transposition scénique. Musicien ou pas, le type se retrouve seul sur scène avec ce lourd et imposant instrument aux courbes féminines qui ne lui répondent pas et qui par conséquent passe son temps à boire de la bière. Un petit coin de paradis sur scène. Rien que pour ça, cela motiverait les plus grands acteurs. S'il le faut, moi-même je peux jouer le rôle de la contrebasse silencieuse pour pouvoir, dès que le contrebassiste a le dos tourné pour mettre un disque de Schubert ou de Wagner, tremper mes lèvres dans cette bière blonde et allemande – il en va de soi pour un texte de Süskind.

Honnêtement, il me faut certainement presqu'autant de temps de boire une pinte de Paulaner que de lire ce court texte et même si parfois, il me manque un peu de termes techniques et musicologues pour apprécier les états d'âme du contrebassiste à sa juste pensée, le plaisir d'imaginer cette bière blonde et dorée couler le long d'une contrebasse et embrasser ses contours charnus est bien là. Mais il ressort un léger sentiment de frustration : cela discute de Wagner ou de Dittersdorf mais je n'ai rien à mettre qui y ressemble sur ma platine-disque.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          484
Monologue tragique et drôle interprété à Paris par Jacques Villeret et qui a reçu un accueil triomphant ; pièce écrite en 1980, jouée apparemment en 2009.


De quoi s'agit-il de l'histoire d'un homme de trente cinq ans, petit fonctionnaire et petit musicien sans envergure.

Pendant 2h30, monologue où cet homme qui voudrait échapper à sa condition ; irascible, cupide, envieux, méchant passe ses nerfs en s'en prenant à sa contre basse et en fustigeant allègrement les grands musiciens.

Celle-ci bien sûr (la contrebasse), ce qui est dommage d'ailleurs ne rétorquera pas (ce qui aurait été intéressant).

Au fil de ce monologue les rancoeurs, et la haine refoulée pour l'instrument vont aller crescendo ; le tout additionné de larges rasades de bière , va faire , qu'il va se déchaîner et exploser jusqu'à la folie.

J'aurais aimé assister à cette représentation, connaissant le talent de Jacques Villeret qui n'aurais pas manqué de faire passer au travers de ce texte toute sa sensibilité, sa rage et sa mesquinerie.
Du talent cet homme, qui transparaissait même au travers d'un écran télé.



Commenter  J’apprécie          243
Long monologue. Mais pas ennuyant du tout. le narrateur, un fonctionnaire de 35 ans, nous fait un vibrant hommage à la musique. Mais pas que... Contrebassiste à l'Orchestre National, il nous raconte son instrument. Qu'il aime, mais déteste à la fois... Si le début du texte est une ode à son amour de l'instrument, plus il raconte, plus il déteste... C'est vraiment bien construit et la trame narrative s'intensifie de mots en mots... passant d'une passion à une haine... d'une fierté à un ras-le-bol... J'ai adoré cette courte pièce de théâtre... et j'ai pu aisément la voir sur scène, avec un décor sonore omniprésent... Un bel hommage à la musique et aux musiciens, même si, parfois, les mots de Suskind ne sont pas tendres face au métier de musicien. Un texte à découvrir.
Commenter  J’apprécie          221
La contrebasse seul instrument vraiment indispensable à l'orchestre ? P.Suskind ne va tout de même pas nous expliquer cela dans tout le livre,fut-ce t-il court ! Mais le monologue évolue de la condition de l'instrument à la condition de celui qui en joue. le mépris s'installe. Cet instrument est si gros, si encombrant, si discret, si grave, si lent, .... que de défauts !! Et voilà que sous la contrebasse on voit apparaître tout ceux que l'on ignore ... un petit livre amusant qui fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          210
Surprenant.
La contrebasse, c'est la grande soeur de l'un des instruments que je pratique, le violoncelle.
C'est l'unique raison qui m'a poussé à prendre ce court ouvrage dans les rayons de la médiathèque.
Parce que sur le seul nom de l'auteur ... j'aurai sans doute passé mon chemin. Süskind, c'est pour moi "Le parfum", qui m'avait déçu. C'était au temps pas si lointain où je me replongeais dans la lecture après des années de coupable négligence. Il faudrait d'ailleurs que je le relise (mais la pile à lire est trop importante pour le moment !!!).

Bref. La contrebasse. Et bien c'est une réussite. C'est drôle, tendre, cynique et parfois odieux tout à la fois. C'est un bijou de littérature, en ce sens que dans un long monologue, le contrebassiste nous dresse un portrait amoureux de son instrument. Et que, comme dans toute relation, la vie de ce couple instrumentiste/instrument est faite de hauts et de bas, d'une passion enflammée comme d'une indifférence - dans le meilleur des cas - voir d'une haine, ou à tout le moins d'une défiance.

Le narrateur passe par tous les états. Jusqu'à basculer dans une sorte de folie. Folie dont on ignore jusqu'où elle peut aller. Parce que les dernières lignes laissent une question en suspens ...

Mais là n'est pas l'essentiel. Parce qu'après tout, Patrick Süskind nous guide, accompagne la vague d'une écriture très travaillée. Au point d'avoir lu le livre à voix haute. Je crois que je rêverai de voir jouer ce monologue sur scène. Avec, pour accompagner le narrateur, dans un coin de la scène, un musicien. Accompagné ... d'une contrebasse.
Commenter  J’apprécie          190
Après avoir lu et adoré son roman le parfum, je redécouvre Süskind sur les planches dans un monologue flamboyant. Un contrebassiste et ses états d'âme, La musique et la sienne, ses amours, ses tourments intérieurs.
Entrecoupé de morceaux de musique. On imagine parfaitement la mise en scène et ce tantôt passionné tantôt défaitiste de cet invisible du fond de la salle.
Un style assez enlevé qui se lit très facilement et un monologue agréable à suivre pour ceux qui auraient peur du gros pavé de texte sur une petite centaine de pages c'est aéré et compréhensible, avec une petite touche d'humour. Une jolie lecture en somme.
Commenter  J’apprécie          180
Cette courte nouvelle est un long monologue, comme une interview sans intervieweur. En toute honnêteté je me contrefous des contrebasses et pourtant Patrick Süskind a su me passionner avec ce personnage qui parle de contrebasse. Plus que de contrebasse, c'est de lui qu'il parle... derrière sa contrebasse. Une relation passionnelle et frustrée, une attirance et une haine mêlée.
Un autre livre étonnant et décrivant bien les paysages émotionnels de Patrick Süskind et qui me donne envie d'en découvrir d'autres.
Commenter  J’apprécie          184
Intéressant monologue d'un contrebassiste à propos de sa situation, de la musique en général, de la femme qu'il aime... C'est plein d'humour, de coups de gueule, de finesse, autant de variations d'humeur ou de ton que pourrait en comporter une symphonie, la symphonie de la vie. Dévoré en une heure, ça fait du bien, allez-y!
Commenter  J’apprécie          140
Seul sur scène, un contrebassiste nous présente son instrument. Il panégyrise d'abord sur sa lourde silhouette pachydermique. L'instrument le plus important de l'orchestre. Fondation de ce magnifique édifice qu'est la musique. le plus grave parmi les cordes. Il en fait la généalogie : née au XVIIe siècle, d'une grande diversité, la contrebasse classique se fige au XIXe, à trois cordes en France et en Angleterre, puis à quatre cordes, en Allemagne puis partout. L'instrument le plus puissant aussi...
Mais la contrebasse malmène son propriétaire comme elle est malmenée par l'orchestre. On s'échine dessus. On transpire sang et eau. D'ailleurs, on ne décide pas vraiment d'être contrebassiste. Elle est encombrante. Arrive-t-on à faire entrer une femme dans son appartement, elle vous surveille.
Et puis, la contrebasse est invisible. Alors, comment attirer l'attention de Sarah, la chanteuse de l'Opéra quand on est dissimulé tout au fond de la fosse ?
Ce monologue est une ouverture savoureuse dans le monde de la musique, entre anecdotes, emportements, abattements et envolées lyriques. Au fil des pages, la silhouette massive de l'instrument se fait plus discrète. C'est à une confession passionnée et mélancolique que l'on assiste.
Commenter  J’apprécie          100
Que j'aurais aimé voir Jacques Villeret interpréter ce texte !

Être musicien, c'est vivre la musique de tout son être.
Mais est-ce qu'être contrebassiste, c'est être musicien ?
Est-ce qu'une contrebasse est indispensable ?
Est-ce un instrument qu'on aime, ou qu'on exècre ?
Est-ce un atout ou un handicap dans sa vie sociale, sentimentale ?

Je ne m'étais curieusement jamais posé ces questions, mais j'ai eu grand plaisir à avoir les réponses de ce contrebassiste... et bien d'autres encore !

C'est un livre singulier, mais loin d'être ennuyeux.
Y'a de l'humour, y'a de l'amour, de la haine, des états d'âme, des frustrations... Y'a tout quoi !
Commenter  J’apprécie          93




Lecteurs (1872) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Parfum

Quel est le sous-titre du roman ?

Histoire d'un parfumeur
Histoire d'une femme
Histoire d'un meurtrier
Histoire d'un phéromone

10 questions
4821 lecteurs ont répondu
Thème : Le Parfum de Patrick SüskindCréer un quiz sur ce livre

{* *}