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3,99

sur 4939 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je l'avais à lire depuis quelques temps mais je repoussais ma lecture à cause des critiques lues ici ou là expliquant le caractère insoutenable de cette histoire d'un père abusif avec sa fille.
Je me suis dit que le second confinement était le bon moment pour le lire 😁 !

Trêve de plaisanterie, le style m'a fait penser à du Virginie Despentes.

Oui, des scènes d'inceste y sont décrites.

Oui, certains trouveront cliché le fait que l histoire se déroule au fin fond de l'Amérique, la où on apprend à sa fille le maniement des armes et où on petit déjeune à la bière.

Oui, il y a des passages crus, violents, vulgaires. Mais comment pourrait on s'imprégner de cette histoire sordide, de cette dépendance, de cette emprise psychologique sans rentrer dans le vif du sujet ? En mettant des petits caches sexes sur ce qui choque la morale ?

Et en même temps, ce livre est tellement autre chose. C'est aussi de belles descriptions des grands espaces. C'est ce qui extirpe turtle de son terrible quotidien, ça et Jacob.

L'histoire décrit bien les mécanismes de l'emprise et de la dépendance affective, et personnellement le passage le plus difficile n'a pas été le plus cru.
Lisez le et faite vous votre opinion mais c'est beaucoup plus que de la vulgarité.

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Un sujet tabou : l'inceste dans l'Amérique survivaliste ,un sujet, cependant, qui concerne toutes les sociétés , certaines familles, qui ne sont pas forcèment pauvres ou non éduquées .Ce roman narre le combat ,la souffrance de cette adolescente de 14 ans , souffrance physique due à ce père violent mais aussi psychologique car l'amour existe entre les deux protagonistes C'est ici que réside l'intérêt de ce roman qui analyse très bien la dualité de leurs sentiments .
L'Amérique ,sa nature ,sa violence ,y est très bien décrite mais le tout aurait gagné en densité si l'auteur avait été un peu moins prolixe et resserré son texte qui m'a paru souvent verbeux .
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Une écriture dense, opaque, belle, poétique, sauvage, menaçante, étouffante comme cette nature omniprésente de la Californie du Nord ; comme la psyché de Turtle, prise au piège entre la loyauté envers son père qu'elle aime plus que tout, et le monstre qu'il est, les choses qu'il lui fait subir contre lesquelles elle se révolte parfois, mais qu'elle considère finalement avoir mérité, puisque c'est ce qu'il lui fait croire depuis toujours.
Ici pas de voyeurisme, pas de complaisance, pas de pudibonderie ; on reste loin des clichés et stéréotypes du genre pour offrir un portrait complexe des victimes d'abus (et de leurs bourreaux).
Un roman qui prend du temps à démarrer mais qui gagne en intensité et qu'on a du mal à poser. Gabriel Tallent porte bien son nom.
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« Elle pense, Quand ton papa y voit clair, il veut tout pour toi, et quand il n'y voit pas clair, quand il ne voit pas que tu es une personne à part entière, alors il veut t'entraîner dans sa chute. »
Julia (Turtle) Alveston, quatorze ans, habite avec son père une maison délabrée éloignée du centre-ville de Mendocino, ville côtière du nord de la Californie. Un endroit paradisiaque, à la flore foisonnante et diversifiée, mais dans la maison de Turtle, c'est l'abîme au quotidien : un père veuf perturbé qui souffle le chaud et le froid sur sa personne. Entre des exercices de tir à bout portant, de nettoyage d'armes à feu, d'allers-retours à l'école et de fugues salutaires et solitaires, Turtle essaie de démêler l'écheveau de ses sentiments envers son père abuseur. C'est une rencontre fortuite avec deux adolescents perdus dans la forêt et l'arrivée inopportune d'une fillette, Cayenne, qui scellera le sort de leur vie à deux, jusque là protégée des regards extérieurs.
Ce roman pourrait faire partie de ma liste noire si ce n'était de l'issue, que je j'ai jugé plus qu'improbable. Mais ainsi en va l'art du romanesque... Dans la lignée de Sukkwan Island de David Vann, My absolute darling est un récit saisissant d'un amour toxique au coeur d'une nature sauvage.
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Il y a déjà beaucoup de critiques sur ce roman il faut le dire -phénoménal-
J'aurais pu écrire celle de « Corboland 78 », je me reconnais dans chaque mot, chaque phrase.
C'est un roman qui ne peut laisser indifférent ; la couverture est trompeuse qui pourrait penser à un texte lambda. Ce n'est ni un roman policier, ni un thriller, c'est l'histoire d'une jeunesse torturée, physiquement, mentalement, moralement ; c'est l'histoire d'une enfant tôt privée de mère et que les seuls monstrueux repères paternels ne peuvent aider à grandir.
Le père est un homme charmeur, bien fait, très cultivé, qui vit en ermite au milieu des forets du Nord de la Californie, et entend bien faire de sa fille une guerrière certes mais aussi sa chose dans tous les sens du terme.
Le maniement des armes a une grande importance dans ce roman, tout autant que la nature, toutes les herbes, les fleurs sont nommées dans ce texte, peut -être pour adoucir( sans grand succès)le caractère des plus violents de cette histoire.
Julia, dite Croquette, ou plutôt Turttle, grandit ignorant tout des relations sociales, bien qu'elle aille à l'école, mais si certains devinent une situation bancale à la maison, Turttle elle-même ne sait pas démêler les sentiments ambivalents ressentis dans ce tête à tête paternel et infernal.L'adolescence , l'attirance normale vers ses copains finiront par déclencher une sorte d'apocalypse.
Des pages dantesques, d'une intensité rare. L'auteur est très jeune et a travaillé 8 ans sur ce roman qui met au rencart (provisoirement peut-être) Stephen king et consorts; vraiment , je ne voudrais pas être dans sa tête, les cauchemars doivent hanter ses nuits.
Après cette lecture, il est recommandé de prendre un bon bol d'air, pur de préférence.
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My absolute darling est un livre choc. Âmes atteintes de sensiblerie, passez votre chemin, vous vomiriez vos tripes. Pas au début, certes, mais sur la fin, vous appelleriez vos mamans en couinant au scandale.
Car Gabriel Tallent met tout dans son livre, il pose ses tripes sur la table en séquoia, il écrit comme on tire au Sig Sauer (marque de pistolet), avec une précision féroce et une honnêteté sans faille.
Turtle, quatorze ans, vit seule avec son père, Martin, dans une maison isolée sur la côte de Mendocino, Californie du Nord. le père de Martin, le Papy de Turtle, viel homme alcoolique et fatigué, vit juste à côté, dans sa vieille caravane pourrie. Il est un peu le repère de Turtle, le seul point un peu positif dans sa sombre et étrange vie.
Turtle va au collège du coin, mais ne sera jamais une ado ordinaire. Car tel un séquoia géant, emblème de la Californie du nord, imposant, parasitant toute autre verdure qui tenterait de pousser dans ses parages, Martin est toujours là, inévitable, inéluctable, étendant son emprise sur Turtle.
Cependant, il arrive parfois à Turtle de s'isoler dans les bois, elle aime tellement ça. Turtle pourrait vivre seule, dans la forêt, elle sait se débrouiller dans la nature, elle sait trouver sa nourriture, se chauffer, s'abriter, et surtout, se défendre. Son père y a pourvu, à sa manière.
Durant une de ses escapades, elle suit des garçons qu'elle connait de vu. Elle les sort du pétrin, ils s'étaient perdus.
Elle peut maintenant se dire qu'elle a des amis.
Mais son irascible père ne l'entend pas de cette oreille.
Le pitch ainsi décrit, ne semble pas terrible, ni si intéressant, et pourtant ! Grâce au style étrange de Tallent, on est dans la tête de cette étrange ado, Turtle, et on vit cette drôle de vie, qu'on aurait jamais imaginé. On se gratte la tête, on essaye de comprendre cette folle histoire d'emprise… Et puis le dénouement arrive, on le sentait couver, et ça fait mal ! Oh putain que ça fait mal… C'est digne d'un grand Tarantino, c'est gigantesque. Ça sent la poudre, les larmes et le sang. Et Tallent ne nous laisse pas pantelant, langue pendante, à imaginer la suite, il nous la livre, il va au bout de son histoire, et c'est jubilatoire.
Merci Gabriel Tallent. Votre premier livre est un chef d'oeuvre totalement abouti.
A quand le prochain ?!
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My absolute darling a été le livre phénomène de l'année 2017 aux États-Unis. Il est le premier roman de Gabriel Tallent. Ce dernier a consacré huit années de sa vie à son écriture. Puissant. Dérangeant. Choquant. Inoubliable. Prodigieux... Toutes sortes d'adjectifs qualificatifs ont été attribués à ce roman. Stephen King a même affirmé que c'était un chef-d'oeuvre. Vous l'aurez compris, il ne fallait surtout pas passer à côté de My absolute darling au risque de rater sa vie. Il fallait le lire, alors je l'ai lu.

A quatorze ans, Julia Alveston, dit Turtle, vit avec son père, Martin, non loin de Mendocino, dans le nord de la Californie. Ils habitent une maison isolée limite insalubre criblée d'impacts de balles. Persuadé que la fin du monde est pour bientôt, Martin a en effet appris à sa fille à manier toutes sortes d'armes, à se débrouiller seule dans la nature avec trois fois rien... et à supporter physiquement les pires sévices. Pour échapper à cet homme charismatique et abusif, Turtle se réfugie sur les plages et les îlots rocheux qu'elle parcourt sur des kilomètres. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu'au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu'elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d'échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

Aucun doute, My absolute darling est un roman d'une puissance rare. Il dérange, bouscule, oppresse. Il heurte la morale. Entre thriller explosif et « nature writing » à l'américaine, My absolute darling offre un véritable voyage au coeur des ténèbres. Si l'écriture à la fois sensuelle et minutieuse de Gabriel Tallent rend certaines scènes insoutenables, elle révèle surtout les personnages dans ce qu'ils ont de plus lumineux comme de plus sombre. Turtle est absolument fabuleuse. Tellement fragile, tellement forte. C'est simple, si ce livre devait être adapté au cinéma, et à supposer que je sois comédienne, je ferai tout, absolument tout, pour incarner cette jeune fille.

My absolute darling est un roman d'ambiance qui ne peut se lire qu'en apnée tant il prend aux tripes, tant il ronge le lecteur. Peut-on aimer/haïr son père/sa fille de manière aussi absolue ?

Si incontestablement j'ai aimé l'univers de ce roman, la plume de Gabriel Tallent, je ne sais pas si j'ai lu un chef-d'oeuvre. J'ai lu un livre d'une absolue intensité, un livre fort que je ne suis pas prête d'oublier. Peut-être que c'est cela un chef-d'oeuvre ?

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Quelle puissance! Quelle claque!

"My absolute darling" n'est certainement pas un livre à mettre entre toutes les mains ! Réservé à un public averti et qui n'a pas froid aux yeux, c'est une lecture éprouvante dont on ne ressort pas indemne. En effet, le livre raconte l'histoire d'un amour absolu, fou et violent car incestueux. On découvre ainsi un père et sa fille, Julia - tantôt surnommée "croquette" ou "turtle" par ce dernier - dans leur relation ambigüe qui oscille perpétuellement entre amour et haine. Martin, le père, est une caricature de ce que l'Amérique peut produire de pire. Grand amateur d'armes, persuadé qu'on ne peut s'en sortir dans la vie qu'à coup de flingues et de maîtrise parfaite du corps et de l'esprit, il élève sa fille unique dans un esprit d'apocalypse imminente. Manger des vers, nettoyer une arme, se relever après avoir reçu des coups de poings ou pister des animaux sauvages, telles sont les tâches qu'il enseigne à sa fille. Il est violent et froid et va jusqu'à violer Julia pour son plaisir personnel. Mais comme la gamine ne connaît que lui et n'a d'autre norme sociale autour d'elle que son père, tous deux reclus au fond de la forêt californienne, elle ne réalise pas qu'elle est une victime et n'a de choix que de surfer inlassablement entre dégoût et amour inconditionnel pour son géniteur.

L'ambiguïté du roman vient du caractère même des personnages. D'abord Martin qui, malgré les apparences, s'avère être un écologiste convaincu, lisant des philosophes grecques et citant les plus grands auteurs. Il n'est pas le méchant bête et affreux qu'on rêverait qu'il soit. Et il est donc compréhensible qu'une jeune fille sensible puisse s'attacher à lui malgré tout. Ensuite Julia, qui même si sous l'emprise de son père, rêve secrètement d'émancipation.
Gabriel Tallent nous plonge régulièrement dans les atermoiements de ses deux protagonistes et on a mal pour eux. Il est évident que leur personalité n'est ni tout blanche ni tout noire.

Jusqu'au jour où tout bascule... lorsqueJulia rencontre Brett et Jacob, deux jeunes promeneurs perdus dans la forêt qu'elle connaît si bien. L'adolescente découvre alors un monde insoupçonné et des sentiments différents de ceux qu'elle a pu connaître jusque-là. La question est de savoir quelle voie elle va choisir et surtout comment elle va arriver à se détacher de son père?

Un roman angoissant, dérangeant et déroutant mais qui mérite qu'on s'y attarde car unique en son genre.
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C'est paraît-il LE livre qu'il faut avoir lu cette année, même si certains y ont vu trop de violence étalée pour rien, de trop longues descriptions de la nature ou encore des personnages trop peu attachants… Bref « My absolute darling », à lire ou pas ?

A la mort de sa mère, Julia se retrouve seule avec son père Martin, sorte d'alter-mondialiste vivant un peu reclus dans la nature. Martin n'a pas reçu l'amour paternel dont il avait besoin, et sa femme est morte : Il ressort de cette vie qu'il ne sait pas vraiment aimer et se sent toujours rejeté par son père, alors qu'il observe avec jalousie la complicité qu'il entretient avec sa fille Julia, alias Croquette, alias Turtle. SON amour absolu, parce qu'elle n'appartient plus qu'à lui, qu'il l'élève seul et qu'elle demeure donc la seule à l'aimer. Il ne la laissera pas le quitter. Il ne le supporterait pas. Il préfèrerait mourir quitte à l'emmener avec lui. Pour qu'elle ne s'éloigne pas trop de lui, il la maintient à l'écart du monde en lui apprenant à le dédaigner ; Julia apprend à haïr les petites connes de l'école et ses salopes de prof qui tentent de briser son isolement, à vivre et survivre dans la nature, pister des animaux, les tuer pour les manger. C'est son père qui lui apprend le maniement des armes pour se défendre, et elle veut plaire à son père. Parce qu'elle n'a que lui, et qu'il l'aime très fort. Un peu trop fort, parfois ? Qu'importe, c'est son père, alors ce qu'il lui fait parfois, elle doit le mériter. C'est vrai quoi, elle n'est qu'une petite pouffiasse.

*****

Alors, "My absolute darling", verdict ? Eh bien je suis du côté du plus grand nombre : J'ai trouvé ce livre sublime et magistral. Pas parce qu'il est violent ou dérangeant, ou dénonciateur, ou bien-pensant. Je le trouve sublime parce qu'il est riche de plein de choses extrêmement bien dosées sans perdre de sa spontanéité, et surtout parce que Gabriel TALLENT l'a écrit avec finesse. de fait, je ne l'ai pas trouvé aussi manichéen que je le craignais, avec d'un côté le vilain papa qui agresse sa fille, de l'autre le reste du monde, et au milieu la gentille fille soumise qui subit - ou encore les profs parfaits qui savent réagir, et les amis qui la sauvent. Non, dans ce roman les méchants peuvent avoir un côté attachant, les gentils un côté lâche, exaspérant, agaçant selon les personnages. Turtle n'est pas si soumise ; elle est forte, elle doit juste apprendre à s'en rendre compte, puis à l'accepter et à s'en servir, pour se sauver elle-même. Parce qu'elle perçoit bien que c'est la seule façon de ne plus être dépendante moralement de cette relation nocive. Parce qu'elle est la seule aussi à savoir vraiment ce qu'elle subit, puisqu'elle cache tout aux autres. Mais l'amour qu'elle porte à son père et l'ascendant qu'il a sur elle sont tellement ancrés en elle…


« - Croquette, dit-il. J'ai déconné. D'accord ?
Elle s'adosse à la baignoire et l'observe.
- Croquette... continue-t-il. Parfois, je ne suis pas bien. Mais j'essaie, tu sais, pour toi.
Il serre et desserre les mains, lui présente ses paumes.
- Comment ça, pas bien ? demande-t-elle.
- Oh Croquette, c'est dans notre sang je crois.

Elle boit encore à la bouteille, écarte des mèches de cheveux mouillés devant son visage. Elle l'aime. Quand il est comme ça, quand elle voit à quel point il fait des efforts pour elle, même la souffrance de Martin a de la valeur à ses yeux. Elle ne supporte pas l'idée qu'il puisse être déçu, et si elle le pouvait, elle l'envelopperait de tout son amour. Elle pose la bière parmi les champignons. Elle veut le lui dire, mais elle n'en a pas les tripes. »


En somme, nous avons des personnages complexes et complets : Un père en manque d'amour notamment parental et dont la femme est morte, restant avec sa fille qu'il veut aimer plus qu'il n'a été aimé, mais sans savoir s'y prendre puisqu'on ne lui a jamais montré - et qu'elle lui rappelle tellement sa femme, ce qui parfois le rend littéralement dingue et confus. Alors parfois, ce trop plein d'amour dérape, parfois aussi il devient haine. Comment gère-t-on un amour absolu qu'on voudrait garder pour soi tout seul par peur de l'abandon, alors qu'on doit le partager avec un monde qu'on méprise, des gens qui vont nous la prendre (université, copain, etc…) ? Alors parfois, il lui fait du mal. le reste du temps, il tente d'en faire une femme forte et indépendante avec le peu de moyens dont il dispose. Il lui apprend à se défendre avec des armes, et l'entraine pour qu'elle soit meilleure que lui. Et même si, pour l'instant, il sait avoir l'emprise morale nécessaire à la maîtriser, n'est-ce pas inconsciemment lui donner les armes pour se défendre contre lui ? J'aimerais vous dire que c'est juste un homme détestable, mais ce n'est pas si simple n'est-ce pas. La vérité c'est qu'il est parfois attachant, parfois attendrissant dans son désespoir lorsqu'il est conscient de la situation, et dans sa tristesse lorsqu'on comprend tout l'amour qui lui manque à lui, pour pouvoir le donner correctement à son tour. Et on se dit quel gâchis, ça tient parfois à peu de choses, tout aurait pu être différent…


« Le moment viendra où ton âme devra être solide et pleine de conviction, et quelle que soit ton envergure, ta rapidité, tu gagneras si tu sais te battre comme un putain d'ange tombé sur terre, avec un coeur absolu et une putain de conviction totale, sans la moindre hésitation, le moindre doute ni la moindre peur, aucune division qui risque de monter une partie de toi-même contre l'autre. Au final, c'est ce que la vie exige de toi. Pas d'avoir une maîtrise technique, mais un côté impitoyable, du courage et une singularité dans tes objectifs. »


Et même si on veut défendre Turtle, personnage principal et la plus faible, on éprouve les mêmes sentiments ambigus qu'elle à mesure qu'elle nous laisse entrer dans sa tête pour apprendre à connaître les tenants et aboutissants de sa vie. Car elle aussi, si elle prend de plus en plus conscience qu'elle doit sortir de ce cercle vicieux, aime son père pour des tas de raisons qu'on peut malgré tout comprendre. Il l'élève seul et l'aime et, la plupart du temps, il fait de son mieux. Et elle déteste du coup toute personne qui pourrait se douter de ce qui se cache derrière son comportement à l'école et tenterait de les séparer. Comme elle en fait l'analyse plus tard à travers la rencontre d'une autre enfant, elle les déteste par réflexe et par mimétisme, avec les mêmes mots que ceux que son père emploie.

Les profs et autres adultes parents d'élèves soupçonnent des choses mais ne peuvent jamais être sûrs, surtout à cet âge adolescent… Julia défend tellement bien sa vie devant les autres. Si jamais on agit pour rien, on ferait plus de mal que de bien… Ne s'est-on jamais dit ça ? Ou bien est-ce un peu lâche …?
Ce qui va probablement faire basculer ce roman, c'est sa rencontre une nuit alors qu'elle se promène en forêt, avec deux garçons de son âge qui se sont perdus. Elle force leur respect en les aidant à ne pas succomber au froid, aux scorpions, à la désorientation, à la faim et à la soif, et ils forcent son intérêt par leur côté déjanté et surtout en l'acceptant telle qu'elle est : Une apparition sauvage et exotique dans leur vie. de cette amitié, Julia va trouver la force et l'envie de vouloir plus, de ne plus être seule, d'aimer. Mais pour les protéger de Martin, car elle sait de quoi il est capable quand il est en colère ou désespéré, elle doit se débrouiller elle-même. Y parviendra-t-elle ? Ou bien tout ceci ne peut-il finir qu'en horrible carnage à la Roméo et Juliette…?

Pour le savoir, je vous encourage à lire ce livre. Rassurez-vous, l'auteur ne fait pas étalage de la violence, mais il ne la minimise pas non-plus ; il la dissémine dans le quotidien de Julia, usant de la manipulation mentale de Julia pour nous la rendre comme elle la ressent : moitié compréhensible, mais pourtant tellement impardonnable, surtout venant de la seule personne de confiance qu'elle connaisse. Et puis on vit de nombreuses aventures avec Julia dans la mesure où elle est livrée à elle-même : Dans la forêt, mais aussi face aux dangers de l'océan tout proche. On ressent beaucoup de choses dans ce roman, et on réfléchit à beaucoup de chose aussi. La psychologie des personnages est bien vue. Un conseil ? Lisez-le.


« C'est ça le courage. Prendre ta vie en main quand ça semble la chose la plus difficile à faire. »
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Ce n'est pas tous les jours que nos yeux tombent sur un livre comme celui-là, et l'on ne se plaindra pas, du reste, car il s'agit là d'un roman qui heurte, qui choque, on est au-delà du simple "roman qui dérange".
Mais lire n'est pas qu'un passe-temps, c'est aussi un moyen de nous faire réfléchir, de nous remettre en question, de mettre les cartes de notre éducation, de notre société, sur table.
Ici, nous avons affaire à des personnages à la psychologie très "creusée", oui, on est soit border, soit carrément dans la pathologie mentale, mais pas de manière forcée, lourde, non, c'est une accumulation de petites touches qui construisent les personnages, avec une histoire personnelle propre, un physique, un caractère, une éducation.
Turtle et son père seraient d'excellents "cas" pour un psychanalyste.
Sur le plan de l'écriture, je n'ai pas perçu une "patte", hors du commun, mais le style est fluide, intelligent, et surtout, on perçoit à chaque page l'éruditon de ce jeune auteur dans le domaine de la Nature, la botanique, la connaissance animale, les éléments naturels. C'est juste incroyable les détails précis qui sont formulés, nous permettant de nous représenter le décor naturel de cette région de Californie du Nord.
Le scenario est aussi très bien ficelé, à peine un peu trop "à l'américaine" pour moi sur la fin.
Bref, un très bon roman "qui donne à penser", sur les liens parent-enfant dans les familles abusives et violentes.
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