Pour ce roman noir, une très large majorité de critiques sont très positives, une petite minorité très négatives. Il me semble que les deux tendances sont très excessives. Je lui donne donc trois étoiles car j'ai aimé cette lecture en y relevant de très grands moments, mais d'autres m'ont paru de qualité très inférieure, avec répétitions et longueurs qui n'ajoutent rien à la densité du texte dont une version plus concentrée aurait pu, à mon avis, étoffer sa dimension.
Une héroïne, Turtle, émerge dès les premières pages qui sont très prometteuses, elle est attachante, malheureuse, violée par son père qu'elle aime, finissant par devenir quasiment consentante. Parviendra-t-elle à hisser sa personnalité torturée pour vaincre l'innommable, atteindre une sérénité qu'elle souhaite, le véritable amour qu'elle voudrait partager?
Cependant, l'auteur ne parvient que rarement à donner à Turtle la dimension d'une totale héroïne, comme Tracy dans "
Sauvage" de
Jamey Bradbury, Della dans "Le sang ne suffit pas" de
Alex Taylor, ou encore Ava dans "
La poudre et la cendre" de
Taylor Brown. Les avis sont naturellement divers sur la définition d'une héroïne, il me semble que ces trois-là sont plus déterminées que Turtle, elles ne portent pas les mêmes souffrances même si elles n'en sont pas exemptes, mais elles confèrent à chacune de leurs histoires un lyrisme que Turtle n'atteint qu'épisodiquement.
My absolute darling est malgré tout un beau roman noir, un roman de tension extrême, de tensions diverses, portées aussi bien par la nature que par les protagonistes et pas seulement le pire d'entre eux, Martin, le père de Turtle.
Gabriel Tallent réussit à exprimer toutes ces tensions qui ne laissent jamais Turtle indemne, qu'il s'agisse des injustices à l'école, des possibilités d'amour contrariées, des nécessités auxquelles elle est confrontée d'être une salvatrice, au péril de sa propre vie.
La qualité littéraire m'a semblé également irrégulière, avec des descriptions soignées de la nature, de la puissance de la mer, de la mise en scène de différents animaux, mais des dialogues dont la construction laborieuse contribue à essouffler le rythme de l'ensemble.
Au final, un bon roman dont les lecteurs indulgents n'insisteront pas sur les imperfections et que les plus exigeants peuvent juger trop durement.