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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Journal d'un vieux fou… Un titre pareil, ça dit tout. La quatrième de couverture apporte quelques précisions, elle mentionne un vieillard qui s'éprend de sa belle-fille (mettre l'accent sur le mot «belle», à prendre au sens propre) et qui lui prodigue des extravagances. Je suppose qu'il y a un public et un lectorat pour tous les genres. Celui d'un vieux libidineux n'est pas celui qui m'attire. C'est le nom de l'auteur, Junichirô Tanizaki qui m'a convaincu d'emprunter le livre à la bibliothèque. Disons que ce n'est pas votre auteur japonais typique. Oh, son écriture est proche de celle de ses compatriotes, pleine de finesse, quoique parfois assez crue, mais Tanizaki ne craint pas d'aborder des sujets audacieux. Et Journal d'un vieux fou ne fait pas exception. Exit la contemplation de la nature ou les émotions renflouées. Pour tout dire, j'y ai cru à ce septagénaire excentrique, devenu impuissant mais encore très intéressé par la chose, attiré par la beauté du corps féminin, prêt à se ruiner pour quelques instants de plaisir défendu. Surtout qu'il est malade, approchant la mort, s'accrochant à ses désirs. Qui ne voudrait pas se permettre un dernier chant du cygne ? La déchéance de ce vieillard est terrible, surtout que, comme l'indique le titre, il s'agit d'un journal. Jour après jour, semaine après semaine, il raconte sa situation qui se dégrade sous les yeux des membres de sa famille. Ouch ! Je me demande ce qui est pire ? Être témoin de la détérioration de son propre corps ou savoir que d'autres en sont témoins, en particulier la femme qui nous plaît et qu'on ne veut pas dégoûter. Je recommande ce livre à ceux qui cherchent une littérature japonaise ou orientale un peu différente.
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Quoi de plus personnel qu'un journal intime ?

Tanizaki, en nous faisant entrer dans celui d'un vieillard, nous rappelle que peu de choses seraient à même de nous fournir tant de détails, à plus forte raison sur un sujet aussi isolé que celui-ci : l'attirance d'un vieil homme pour sa belle-fille.

Satsuko justement, la belle-fille, qui est pleinement consciente de l'attrait qu'elle exerce sur son beau-père, ne va avoir aucun état d'âme à tirer avantage de la situation. D'un côté la jeune femme, pleine de charmes, fait preuve de cruauté et semble en prendre du plaisir ; de l'autre, le vieillard est dans un état de soumission en étant plutôt suppliant. Pris au piège de cette femme d'autant plus attirante qu'elle est sûre d'elle et vaniteuse, le vieux narrateur n'a de cesse de penser à elle. L'estimant tant et plus, il dépense des sommes folles pour lui offrir des objets précieux ; en échange d'un baiser sur la jambe ou le pied…

Par ailleurs, Satsuko assiste à des matchs de boxe où le sang est pour elle un agrément supplémentaire. Si cette attitude dénote d'un certain goût pour la violence, elle n'est que plus aimée pour cela.

Au fur et à mesure, le vieillard ne peut que se rendre à l'évidence : sa décrépitude est inéluctable. Peu importe l'intensité de ses désirs, ils ne peuvent se réaliser ; de plus, sa santé se dégrade vivement et la présence de Satsuko constitue un facteur aggravant… Mais ne voulant rien entendre (comme tout bon vieux), hédoniste, il part du principe qu'il vaut mieux jouir de la vie en compagnie de jolies femmes, quitte à mourir prématurément. Les désirs sexuels prennent ainsi le pas sur la raison.

Outre tout cela, Tanizaki, fidèle à l'héritage esthétique de la culture japonaise, se montre passionné sitôt qu'il parle du Japon d'antan : « Cependant je n'aime pas le Tokyo d'aujourd'hui. Je ressens une nostalgie pour Kyoto qui a un charme particulier me rappelant ce que fut jadis Tokyo. Quels sont les créateurs de ce Tokyo, une ville misérable et chaotique ? N'étaient-ils pas tous des politiciens de province, des campagnards issus de paysans qui ne comprenaient rien à la saveur du Tokyo d'autrefois ? »

Au final, ce journal d'un vieux fou peut sembler curieux, mais il n'est pas inintéressant pour autant. Satsuko, cette héroïne sulfureuse, un peu de la même manière que la femme sans coeur De Balzac, nous questionne : pourquoi le mal nous séduit tant ?
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À la publication du Journal d'un vieux fou, Tanizaki a déjà 75 ans, approximativement l'âge de son narrateur. Il s'exprime donc sur la vieillesse en connaissance de cause et ce n'est pas joli ! Chez ce vieux fou, la décrépitude du corps n'a d'égale qu'une magnifique impertinence envers ses proches. Comme le veut la tradition japonaise, il vit avec sa femme sous le même toit que leur fils, l'épouse de ce dernier et leur enfant. Une seule chose le raccroche encore à la vie, l'excitation que lui procure la présence de sa bru qui joue de sa beauté avec plus ou moins de parcimonie.

Le sens de la dérision et du grotesque de l'auteur fait très bien passer la pilule et la forme du journal est addictive. À chaque page, on se demande jusqu'où ira la perversité du vieillard et comment y répondra la jeune femme, pour en tirer parti sans trop se compromettre.
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Journal d'un vieux fou aurait pu s'appeler journal d'un valétudinaire. Un vieux monsieur cacochyme décrit les désagréments et les souffrances dûes à son âge et à sa santé. La vieillesse est un naufrage disait Chateaubriand. La folie dont il est question est plutôt l'idée fixe, le retour de flamme coupable et amoureux du vieillard envers sa belle-fille qui lui prodigue agaceries et petites privautés qui lui font immanquablement monter la tension.

Le titre est trompeur, je m'attentait aux délires d'un malade mental ou aux excentricités d'un original. Il s'agit plutôt d'une description clinique d'un vieux observant méticuleusement et obsessionnellement les aléas d'une santé déclinante et qui se voit revivre par une relation fantasmé un brin perverse.
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Une oeuvre un peu ardue car ce n'est pas un écrivain contemporain et que Tanizaki écrit « très japonais » dans un style non pas archaïque mais très classique et donc dru.
D'entrée on a droit à une avalanche de noms japonais de famille (normal me direz vous car il est japonais mais pour un occidental mis à part les noms de marques de motos et de téléviseurs cela fait beaucoup à assimiler) et noms d'artiste japonais de théâtre, de personnages de théâtre dans des pièces aux subtilités complexes. Des hommes jouent des rôles féminins et le personnage aristocrate de Tanizaki est un fin connaisseur de ce théâtre.
Ensuite on fait connaissance avec certaines coutumes typiquement japonaises qui semblent assez curieuses, dont l'ère Meiji à laquelle fait référence le vieux fou, des noms pour l'au-delà, des sépultures particulières ainsi que tout un rituel qui accompagne la mort et le lieu de l' ensevelissement, des plats raffinés... mais on s'y fait.
Oeuvre difficile car on entre dans un univers asiatique typique qui date un peu: coutumes ancestrales donc XIX voire XVIII siècle malgré un rythme et mode de vie moderne pour les plus jeunes qui nous oblige a faire intellectuellement le grand écart
Difficile ensuite du fait des sujets de la narration.
D'une part les coquineries d'un vieillard opulent, encore bien vert moralement, de soixante seize ans avec sa belle-fille. Il prend goût à un certain fétichisme pour elle: souffrir de la méchanceté plus ou moins jouée et affichée de Satsuko ainsi qu'un fétichisme pour ses pieds qui n'ont pas le standard des pieds féminins japonais.
Fétichisme perfidement encouragé et repoussé par la jeunette car si le patriarche y trouve un tout petit plaisir du à une acceptation au compte-goutte de micros faveurs, Satsuko, elle, se fait offrir un bijou très onéreux le vieillard à la libido pathologique s'en contente mais sa santé en souffre.
D'autre part tout au long de la narration on est tenu au courant par le journal du vieillard de tous ses problèmes de santé, des soins et médicaments qui lui sont donnés.
Un véritable bilan clinique d'Ehpad très fouillé et visiblement très documenté et qui constitue une part non négligeable du roman. Là on apprend, je note, qu'il prend entre autres des comprimés de nitroglycérine ce qui à mon sens explique sérieusement le caractère explosif du pépé.
En fait le coté «pervers pépère» (que Gotlib qualifiait d'« honorable vieillard doté d'une verdeur et d'une sexualité très imaginative ») du livre est assez léger surtout si on considère que ce milieu est un milieu aristocratique et donc très aisé et les petites toquades du patriarche n'est qu'un pis aller pour passer la vieillesse Surtout cela ne semble pas gêner l'entourage familial
Une lecture intéressante et très instructive sur le Japon mais le style très dense de l'écriture du livre et l'aspect sanitaire du vieillard peut pour un lecteur pas très assidu être une vraie gêne. Par contre pour un senior on est en terrain connu!
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Est-ce Tanizaki qui parle? On ne serait guère surpris, tant les "folies" de ce vieillard sont proches des obsessions de l'écrivain... Fétichisme du pied, sadomasochisme, relations triangulaires...
La particularité du roman est que ces thématiques qui ne sont pas nouvelles (lire par exemple Svastika) qui ici accolées à celle de la vieillesse et de la maladie. Aucun détail n'est épargné au lecteur : comme un rictus entre ire, dégoût et amusement, l'auteur nous rappelle que les pulsions sexuelles ne meurent pas avec la jeunesse.
Un bon roman pour découvrir cet auteur particulier qu'est Tanizaki.
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