25 novembre 1916, 2 août 1914, mars 1917, 12 octobre 1916, 29 août 1914, janvier 1916, janvier 1918, 11 novembre 1918, ce sont les dates que
Tardi a choisies, au hasard et pêle-mêle, pour nous parler des horreurs de la Première Guerre mondiale.
Et afin de mieux ancrer dans nos mémoires les horreurs de cette hécatombe ignominieuse, il cède la parole à plusieurs combattants qui témoignent de ce qu'ils ont enduré durant ces quatre longues années. Qu'il s'agisse de Ernst Wohlgemut ou de Paul Carpentier, de l'Allemand Werner ou du soldat Mazure, tous nous confient leurs états d'âme, quelle que soit leur nationalité, et leurs témoignages saisissants et bouleversants dépassent l'entendement : ils se sont rencontrés et côtoyés, quelques brèves secondes ou parfois durant plusieurs heures ; ils ont dû survivre dans des conditions déplorables, contraints à se battre et à s'entretuer alors qu'ils n'avaient aucune animosité particulière les uns envers les autres. Et pourtant, ce conflit horrible, sanglant et infâme les a emportés pour toujours dans la mort !
Dès le début du livre,
Tardi décrit d'emblée la cruauté aveugle de cette guerre qu'il détaille ensuite à la faveur de récits prompts à frapper nos mémoires, appuyant ses dires par des illustrations en noir et blanc révélatrices de la tragédie cauchemardesque vécue par les soldats : les conditions sanitaires déplorables au fond des tranchées, les carnages sur les champs de bataille, les ordres absurdes et suicidaires donnés par certains officiers, les fusillés pour l'exemple… il y décrit l'immense boucherie humaine perpétrée, au nom de la bien-pensance de certains militaires et politiciens décideurs, celle des « planqués » et des nantis qui considéraient les hommes comme de la chair à canon.