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J'ai appris récemment, que mon grand-père maternel, avait été gazé à Verdun.
Il en avait gardé des séquelles, qui furent en partie cause de son décès prématuré.
Les premiers masques à gaz que l'on a fournis aux soldats français étaient des simples tampons de tissus, qu'il fallait imbiber...d'urine.
Je ne saurais jamais si mon aïeul a du respirer sa pisse, dans l'espoir de sauver sa peau.

Enfin, cette histoire a un coté tout à fait anecdotique comparées aux millions de tragédies qu'ont du vivre des millions de familles durant la Grande Guerre.

Toutes ces "petites" tragédies, Jacques Tardi les dépeint avec force et talent dans cette réédition de sa Bd initialement parue en 1993, et ici augmentée d'illustrations et de croquis sur ce thème.

Le style si personnel de Tardi, qui maitrise parfaitement le noir & blanc, est tout à fait approprié pour illustrer ses tranches de vie de ce qui devait être la Der des Der, et qui ne fut que le prélude des grandes tueries du siècle passé.

Rien de surprenant à ce que ce dessinateur ait également illustré L.F. Céline, qui vomit cette guerre jusqu'au délire...

Un album que je ne saurai trop recommander.

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Davantage un beau livre illustré qu'une bande-dessinée, "C'était la guerre des tranchées, 1914-1918" immortalise plusieurs récits poignants ayant pour unique fil conducteur des vies enchaînées qui ne tiennent qu'à un lacet.

L'absurdité de la guerre explose en plein ciel dans les estampes sombres et angoissantes de Tardi. Des dessins d'un réalisme troublant qui m'ont rongé les os.

Chaque histoire est différente, chaque personnage apporte sa terreur et ses angoisses. Des tranches de vie pour des vies tranchées. Une peur qui suinte au travers de toutes les esquisses.
Pas de héros, un seul cri à l'unisson, un râle agonisant.

Une injustice bien au-delà de l'acceptable. Des femmes qui dans les usines préparaient l'artillerie pour verser la sève encore chaude des hommes dans la boue visqueuse et glacée. De la chair à canon.

"Je te veux en vie pour toujours à moi seule. C'est ignoble tout ce temps perdu donné à la guerre et à la mort alors que nous pourrions vivre heureux même pauvres. C'est peut-être parce qu'on est pauvre que la guerre est pour nous..."

À la fin du livre, Tardi nous propose plusieurs planches et travaux d'une grande précision. Quelques tableaux en couleurs, perdus dans le monochrome, ajoutent une crudité bouleversante à l'horreur fortement palpable.
Le noir et blanc omniprésent crache son venin, telle l'absolue dualité.
J'aime particulièrement les parties estompées et étalées au fusain, comme de la poudre à canon.

"Un jour sinistré se levait sur la guerre et la boue. Faucheux semblait avoir été absorbé par la nuit qui ne le rendait pas."

Tous ces frères, ces pères et enfants partis la fleur au fusil, desinformés puis enlisés, ont saigné leurs tripes pour la République Française. Rouge France. Une cruauté épargnant aucun être vivant, hommes et animaux malheureuses victimes d'un système pourri jusqu'aux boyaux.
Un océan plasma recouvre une France gorgée de pleurs et de désespoir.
D'aucuns n'en reviendront vifs. Des âmes consumées à jamais éteintes.
"Mort PAR la France"

"France, soit fière de ton piou-piou, car il t'aime d'amour fou, pour lui c'est un délice de t'offrir sa vie en sacrifice... Vivement l'armistice !"

Lu en mars 2020

🎵 Voilà combien de jours, voilà combien de nuits...
Voilà combien de temps que tu es reparti !
Tu m'as dit ;
Cette fois, c'est le dernier voyage,
Pour nos coeurs déchirés, c'est le dernier naufrage.
Au printemps, tu verras, je serai de retour.
Le printemps, c'est joli, pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
(Je n'ai pas la vertu des femmes de marins.)
Et déambulerons dans les rues de Paris !

Dis !
Quand reviendras-tu ?
Dis ! au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère...
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus ! 🎵

Barbara. Dis, quand reviendras-tu ?
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Rassurez-vous, ce n'est pas un énième titre sur la Première guerre mondiale, exprès pour le centenaire. Tardi n'a jamais eu besoin d'occasion spéciale pour montrer les horreurs dont les hommes sont capables (coupables ?)
Sous forme de nouvelles dessinées, ce n'est pas l'héroïsme tant loué que Tardi met à l'honneur. C'est la peur, la boue, la mort. L'absurdité qui mène ces hommes à la mort, qui sont habitués au pire, parce que pour eux plus rien d'autre n'existe, ne peut exister ; la folie rôde.
Si les tranchées sont toutes françaises, ce n'est pas par exaltation patriotique ; tout simplement, ce sont celles qui sont les mieux connues de ce côté-ci du Rhin. Mais il ne fait aucun doute que les conditions de vie étaient les mêmes (moins de boue, peut-être ?)
J'espère que cette bande dessinée, avec Putain de guerre vont être mises à "l'honneur" en cette année souvenir de la première boucherie mécanisée. Parce qu'elles seront beaucoup plus efficaces que tous les discours qui pourront et seront fait.
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Bien sûr, je savais dans quoi je m'engageais en commençant cette lecture, mais ce fut dur quand même, à en avoir la nausée. Tardi ne lésine pas sur l'horreur de cette guerre où les soldats meurent par milliers, leurs cadavres souvent abandonnés dans le no man's land qui sépare les Allemands des Français car trop dangereux à récupérer, du moins pour un temps. Squelettes, corps mutilés, regards pour jamais horrifiés, traumatisés par la violence aussi incroyable qu'absurde, encore une fois, de cette guerre.
Les témoignages de jeunes soldats se suivent, se souvenant de l'avant-guerre, de leur vie avant d'être propulsés dans la vie dans les tranchées. Les fusillades de soldats désobéissants, démissionnaires ou déserteurs arbitraires pour l'exemple, l'incompréhension dans un camp comme dans l'autre, les automutilations dans le seul but d'échapper enfin à cette terreur de mourir... Tardi dit tout.
Alors... cette lecture n'avait rien d'un plaisir. Mais j'ai également été gênée par l'inexpressivité de certains visages de soldats témoignant, et des transitions entre les événements. Enfin, j'ai ressenti un vrai malaise face à ces images de cadavres, squelettes et corps mutilés que Tardi n'a absolument pas voulu édulcorer, et c'est tout en son honneur... et pourtant, pourtant, tant de charniers ont suivi par la suite.
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Magnifique album de Tardi qui complète particulièrement bien Putain de guerre !
Ici, Tardi, pour qui la Première Guerre Mondiale constitue une véritable obsession, nous offre des histoires courtes, monochromes comme pouvait l'être le paysage des champs de bataille.
Il nous décrit ce qu'ont pu être la vie et surtout la souffrance des hommes précipités malgré eux dans cette implacable mécanique qui a broyé des générations entières.
Des récits bouleversants qui décrivent toute l'horreur et toute l'absurdité de cette première guerre industrielle.
A lire et à faire connaitre.
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Premier album de la série de sept proposée par le journal Le Soir pour commémorer la Grande Guerre, cette BD de Tardi est un choc en soi. Dédiée à son grand-père, elle nous emmène dès la deuxième case dans les explosions, la boucherie, le cauchemar que fut ce conflit.
En préambule, Tardi nous précise qu'il n'a pas fait un travail d'historien mais a choisi de présenter une succession de situations non chronologiques. Des situations où les hommes ont été manipulés, embourbés, heureux de pouvoir vivre une heure de plus. le ton est donné.
Resté du côté français, Tardi s'intéresse ici au sort de chaque individu, de chaque soldat anonyme vivant l'enfer, tombant « au champ d'honneur » parce qu'il accomplit la mission qu'on lui a assignée, une mission sans gloire et parfois sans logique.

Les dessins en noir et blanc parlent d'eux-mêmes. On vit le cauchemar de la guerre, on perçoit presque les odeurs de poudre, de gaz et de corps. de la première case (un champ de bataille boueux, ravagé) à la dernière (des soldats morts dans les tranchées 5h après la signature de l'Armistice) nous sommes plongés dans le cauchemar, l'absurde désastre humain d'une guerre sans gloire.

On referme cet album avec une tristesse indicible, une amertume immense face à la monstruosité de ce massacre (seul un soldat sur cinq survivra aux tranchées), à l'inutile sacrifice que ces hommes ont fait de leur vie. Pour quoi ? Pour qui ?

Un album bouleversant à lire absolument !
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Je continue ma découverte de la BD avec Tardi et ses dessins en noir et blanc sur la guerre des tranchées en 14-18.
Regards hébétés, cadavres déchiquetés d'hommes et de chevaux, barbelés, trous d'obus...
Comme je les plains ces poilus dans leurs tranchées !
Je ne peux m'empêcher de penser à « Au revoir là-haut ».
En lisant les paroles du Général de brigade Berthier, les bras m'en sont tombés, j'ai lâché le livre, révoltée.
Et c'est souvent que j'ai lâché le livre, les larmes aux yeux, la gorge serrée, désespérée par les ordres des haut-gradés.
Les actions que ceux-ci les forcent à accomplir les rendent fous. Ce ne sont pas des assassins, simplement des gens normaux à qui on demande d'accomplir des actes anormaux.
Tardi a su rendre un bel hommage à tous ces " sans-grade " , en racontant des histoires vraies ( hélas ) et en citant leurs noms. Il n'a pas oublié non plus, les " colonisés " obligés de faire une guerre qui ne les concernait en rien, ni nos alliés.
Merci à lui, pour eux.
Et que personne ne les oublie, surtout.
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Habillée d'un noir écrasant et d'un blanc glaçant, la mort leur sied à merveille dans les tranchées. Depuis toujours, elle se nourrit de la haine et de la bêtise humaine et se délecte de la moindre guerre. Elle rit devant l'absurdité et l'ironie qui lui fournissent toujours plus de chairs humaines et d'os à ronger. Elle n'a ni religion, ni patrie. Tout homme est bon à prendre. Parfois, elle se fait si oppressante qu'elle empoisonne les esprits. Certains après avoir prié dieu ou leur mère, l'accueillent même à bras ouverts. Ils sont si jeunes et si beaux dans la mort.

Alors pourquoi Tardi nous parle de la guerre 14-18 plus qu'une autre? Pourquoi nous faire découvrir par des saynètes terrifiantes l'horreur des tranchées?
Parce ce qu'il n'y a plus aucun poilu pour nous la raconter et qu'elle est à l'image de celles qui ont suivi : une putain de guerre.
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Album poignant qui dépeint les conditions dans les tranchées sans fioritures et sans concessions, ceux qu'on a envoyés sur la ligne de front comme de la chair à canon, ceux qui ont été fusillés pour l'exemple, côté français comme côté allemand. de très jeunes soldats, presque des gosses, à qui la guerre n'a laissé aucun choix. Et pour quelle vie après ça, pour ceux qui en sont revenus, dans quel état ? Après autant d'horreurs ? Cela n'a pourtant toujours pas calmé "l'humanité".
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Dédicacée à son grand-père qui lui racontait des histoires de la Première Guerre mondiale, la bande dessinée de Jacques Tardi est conjuguée au passé du verbe être : C'était la guerre des tranchées, 1914-1918. Pour autant, elle a marqué les esprits et surtout les corps des soldats.
A travers de courtes histoires, Tardi se met dans la peau de poilus pour montrer l'aberration de cette guerre, ses gueules cassées et tous ses morts pour rien. Ses dessins en noirs et blancs adaptés à l'atrocité des situations, mettent en avant la volonté de vivre de jeunes soldats qui n'ont rien demandé.

Si je ne suis pas totalement séduite par cette BD construite comme un catalogue, elle a le mérite de décrire les combats dans le no man's land et de dénoncer les fusillés pour l'exemple quand les poilus n'obéissent pas aux ordres stupides des officiers ou refusent d'aller se faire massacrer pour rien alors que les positions françaises et allemandes ne bougent pas. On comprend donc les automutilations dans cette boucherie si bien décrite par Henri Barbusse dans "Le feu". Les planches de Tardi sont d'ailleurs ponctuées de citations littéraires en témoignage de l'enfer des tranchées.

Le parti pris de présenter les histoires avec des narrateurs différents et sans ordre chronologique gâche un peu la force du sujet. Mais ce désordre est peut-être voulu comme une métaphore de cette guerre particulièrement meurtrière.


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