Professeur de lettres classiques moi-même, j'ai du mal à digérer ce roman. Traduction moyenne sans doute (des fautes de français ici et là, et des curiosités qui suggèrent une maîtrise approximative d'au moins une des deux langues). Au-delà, je me demande ce que je peux retirer de ma lecture: l'auteur se la joue clairement helléniste, mais ne connaît que superficiellement le grec ancien, donc elle m'agace; est-elle un nouveau
Dostoïevski, auquel elle fait d'évidentes références? Mais la comparaison est cruelle pour elle. M'éclaire-t-elle sur le monde universitaire américain? Puis-je croire un instant une telle situation: un professeur qui choisit lui-même les étudiants qui suivront son cours, et ne les admets qu'au nombre de cinq (le sixième, le narrateur, semble avoir bénéficié d'un passe-droit que rien ou presque ne justifie...), des étudiants qui parlent le grec ancien après moins d'une année d'études, année surtout occupée de beuveries agrémentées ou non d'absorptions de toutes les drogues possibles???? Non, je ne peux prendre ces pages comme une évocation de la réalité.
Soit, passons dans la fiction: des épaves humaines qui se prennent pour le gratin, mais ne sont que des faibles capables des pires ignominies, et c'est cela, l'accumulation du pire, finalement, que l'auteur a réussi à organiser et à relater de façon à ce qu'on la lise. Je reconnais que j'ai lu jusqu'au bout, que j'ai souvent eu envie de tourner les pages pour trouver enfin l'issue, l'explication... mais il n'y en a qu'une à mes yeux: la perversité de l'auteur.