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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A Troubled State Of Mind
Extrait du recueil "The Blush", paru en français sous le titre "Cher Edmund"
Traduction: François Dupuigrenet-Desroussiles

ISBN : inconnu pour la nouvelle, qui parut d'abord dans un journal, mais 9782869306769 pour "Cher Edmund", chez Payot Rivages

Ceux qui s'intéressent à l'oeuvre d'Elizabeth Taylor, aussi bien à ses romans qu'à ses nouvelles, savent l'extrême délicatesse avec laquelle cet auteur nuançait son écriture mais aussi le caractère de ses personnages et la trame de son intrigue. Cela constitue d'ailleurs sa marque de fabrique et n'est pas sans évoquer parfois la "Mansfield's touch". Ce qui constitue, à nos yeux, un compliment majeur.

Le malaise qui donne son titre à la traduction française de "A Troubled State Of Mind" est palpable dès les premières pages, dès que le lecteur s'infiltre dans les pensées de Sophy Vellacott, fille unique du colonel Vellacott qui l'avait envoyée prendre le bon air et des cours en Suisse. Or, Sophy regagne aujourd'hui son Angleterre bien-aimée et la petite ville où elle réside auprès de son père. le problème, c'est qu'elle le fait dans des conditions qu'elle anticipe déjà (avec raison) comme difficiles.

En effet, pendant toute son adolescence, Sophy avait été l'inséparable de Lalage - surnommée "Lalla" - une orpheline qui, parce qu'elle était sans famille, était souvent invitée à passer les vacances et les week-ends chez sa meilleure amie. Jusque là, rien à dire, sinon que le colonel Vellacott, qui exerçait et exerce toujours la fonction de coroner, voyait Lalage avec plaisir. Elle apportait avec elle la gaieté qui manquait à la grande maison depuis le décès de Mrs Vellacott.

Seulement, pendant l'intermède suisse de Sophy, Lalage a rencontré le colonel à Londres. Il l'a invitée au théâtre, au restaurant. Pour parler de Sophy, qui leur manquait tellement. Et ce qui devait arriver est effectivement arrivé : le colonel, oubliant ses cinquante ans, a demandé Lalage en mariage. La jeune fille, seule au monde, rappelons-le, a accepté et, en ce jour de pluie où Sophy réintègre ses pénates, elle est devenue Mrs Vellacott.

A sa décharge, disons tout de suite que Lalage s'inquiète tout autant de ses retrouvailles avec Sophy que celle-ci les appréhende. Après tout, elles ont le même âge et il serait proprement ridicule que Sophy se mît à appeler "Maman" sa belle-mère qui, hier encore, était dans le même collège qu'elle.

Un autre qui s'inquiète, à sa façon, c'est le colonel - nous l'apprendrons plus tard.

Enfin, dans la cuisine, se tient Miss Sully, laquelle a conservé son poste de gouvernante de la maison afin d'aider Lalage, et qui, de son côté, meurt d'impatience de voir comment vont tourner les choses. Ajoutons que Miss Sully a longtemps espéré conquérir le coeur du colonel Vellacott et qu'elle s'est mise à apprendre l'italien parce qu'il avait un faible pour l'Italie et sa culture.

Pour décor, un manoir anglais confortable, sous le temps anglais typique, c'est-à-dire assez pluvieux.

Un par un, Elizabeth Taylor s'empare de ses personnages et, avec des précautions digne d'un scientifique ayant consacré sa vie à l'étude des insectes, les amène sous le projecteur afin de nous donner l'aperçu le plus juste de ce qu'ils ressentent et pensent. de temps à autre, comme la scène qui met en présence une Lalage qui ne sait pas quoi faire et une Miss Sully amplement occupée à confectionner des poivrons farcis, l'auteur les assemble par deux et le lecteur assiste, fasciné, à une espèce de duel. Il y a en effet ce que pensent et éprouvent réellement les personnages et ce que leur vis-à-vis s'imagine qu'ils pensent et qu'ils ressentent. Parfois, le vis-à-vis tombe juste. Parfois, carrément à côté.

Tout cela avec des dialogues utilisés au minimum, où chaque mot, chaque virgule, chaque point sont soigneusement pesés avant d'être tracés à la bonne place. Ce qui aboutit à une plongée vertigineuse dans la nature humaine : la jalousie, l'impression de trahison, puis l'indifférence ("Après tout, c'est son affaire !") que Sophy éprouve envers Lalage dont, dès le début, nous savons que, au collège, elle avait l'habitude de la laisser souvent dans l'embarras ; l'anxiété, l'inconfort et la révélation d'être désormais reléguée avec des personnes bien plus âgées qu'elle, qui se succèdent chez Lalage que son mariage a conduite, sans qu'elle s'en rende compte, à trahir tout bonnement sa jeunesse ; la culpabilité (qu'il s'avoue plus ou moins), l'irritation qui en découle, le désir égoïste de ne voir ni sa fille, ni sa femme s'en venir troubler son train-train quotidien, de Vellacott, lequel finira par proposer à Sophy de l'expédier à Londres pour qu'elle y apprenne la sténographie ; l'avidité, le contentement, peut-être parfois un semblant de pitié que lui inspire Lalage, qui restent l'apanage de Miss Sully. Et la gêne des vieux amis, comme les Davis, qui avaient l'habitude d'inviter Sophy et son amie Lalage aux réceptions d'anniversaire de leurs deux enfants et qui, cette année-là, ne vont, bien entendu, qu'inviter Sophy, les membres plus âgés de la communauté n'y ayant rien à faire - et l'on ne saurait inviter Lalage sans prier son mari de l'accompagner.

Par leur mariage né de la solitude provisoire de l'un comme de l'autre et du désir de Vellacott, cherchant à retrouver sa jeunesse par la possession d'une femme bien plus jeune que lui, l'ordre et le bon sens ont été mis à mal. Tout est sans dessus dessous et le malaise, s'il se focalise évidemment au manoir, règne en fait partout.

Parfaitement exposé et maîtrisé, "Malaise" nous laisse sur l'impression troublante que la pauvre Lalage, si tant est qu'elle se soit montrée un peu arriviste, a tiré le mauvais numéro et se retrouve bien punie de ne pas avoir réfléchi assez longtemps à ce qu'elle faisait. Et en se rappelant le titre anglais de la nouvelle, on songe même qu'elle pourrait bien, après le départ de Sophy et même si elle parvient à devenir mère, basculer définitivement dans un état d'esprit plus que troublé - carrément dérangé. ;o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Mrs Dennis était toujours la gentillesse même. "On n'a qu'une jeunesse," répétait-elle à ses enfants et à leurs amis, et elle ne comptait ni son temps ni son argent pour que leur jeunesse fût celle de tous les plaisirs. Au fond d'elle-même, elle savait bien que les deux réceptions les plus importantes seraient les dernières. Même quand elle donnait des goûters d'enfants, elle songeait, en voyant tous ces petits s'en aller avec leurs ballons et leurs cadeaux, qu'il ne s'agissait que d'une répétition pour le mariage de Denise et le vingt-et-unième anniversaire de Graham. Et voilà que ces deux événements allaient bientôt se télescoper, c'était son mot. Elle était sûre de se surpasser - pendant des années, on parlerait du mariage Dennis -, mais ce serait aussi la dernière fois où Denise dirait en partant : "Merci pour tout." Qu'arriverait-il après cela ? C'était l'inconnu. Mais auparavant, il fallait penser au vingt-et-unième anniversaire de Graham, et le champagne qui resterait servirait pour le mariage. Une seule chose la turlupinait lorsqu'elle parcourait la liste des invités. Lalage avait toujours été invitée quand elle habitait chez Sophy, et c'était bien souvent. Depuis des années et des années, elle participait aux réceptions des Dennis.

- "On ne peut pas ne pas l'inviter," disait Mrs Dennis.

- "Mais comment faire ?" disait Graham. "On ne peut pas inviter une femme sans son mari, et il est si vieux !

- Il n'a jamais que l'âge de ton père," répondait Mrs Dennis, mais elle comprenait bien ce qu'il voulait dire. C'était une situation gênante. Elle se rendait compte qu'Herbert et elle n'étaient admis à ces fêtes que parce qu'ils veillaient à la qualité et à l'abondance de la nourriture et de la boisson. Herbert savait si bien pourquoi on le tolérait qu'il filait vers son bureau dès qu'il pouvait, et Mrs Dennis était toujours du côté de la cuisine.

- "Quand même, après toutes ces années, c'est triste de la laisser à l'écart, la pauvre." ... [...]
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[...] ... - "Comment c'était, la Suisse ?" demanda Lalla. "Pour de vrai.

- Beaucoup trop long."

Sophy allait ouvrir sa valise - elle s'était accroupie et elle avait déjà la main sur la serrure - quand elle songea que Lalla devait se demander pourquoi elle n'était pas revenue plus tôt si c'était si long. Elle n'aurait pas manqué de le faire, l'aurait sûrement fait s'il n'y avait pas eu ... cela : le mariage de son père et de sa meilleure amie. Quant aux autres questions, celles qui lui importaient vraiment, il était impensable de les poser. Pourquoi tout cela était-il arrivé, et comment ? Sophy se redressa et tenta, en silence, de trouver les mots pour formuler la seule question qu'elle crut possible de poser, mais Lalla y répondit par avance. Depuis leur enfance, il arrivait souvent que leurs pensées se rejoignent sans le secours des mots.

- "Je suis très heureuse," disait Lalla. "Tout ici est merveilleux, et maintenant que tu m'as enfin rejointe ! ... Pardon, évidemment c'est chez toi ici, et je n'ai fait que te rejoindre.

- Lalla chérie, il me semble que tu as toujours vécu ici. La chambre d'amis, nous ne l'avons jamais appelée que "la chambre de Lalla." Quand nous recevions d'autres gens, je ne comprenais jamais comment ils osaient pendre leurs affaires dans ton armoire."

Elle se hâta d'ouvrir la serrure de sa valise. Il fallait qu'elle occupât ses mains tremblantes. A tout prix. Comment appelait-on la chambre de Lalla maintenant ? Pourquoi avait-elle été rappeler ce souvenir ? Elle savait bien pourtant que le terrain était miné.

- "Tu as vu comme Miss Sully s'est précipitée pour t'accueillir," dit Lalage comme si elle n'avait rien entendu, "elle a été agitée comme cela toute la semaine

- Je comprends cela. Elle voulait voir comment j'allais me tirer d'affaire," répondit Sophy en examinant d'un air dégoûté ses vêtements froissés, fripés.

- "Oui, elle voulait savoir si tu serais jalouse. La vie va être passionnante pour elle. Grâce à nous elle va pouvoir songer à des choses intéressantes tout en hachant son persil.

- Elle va passer au peigne fin nos moindres phrases pour savoir si nous ne nous sommes pas brouillées.

- Elle a déjà commencé à me raconter que ta mère était la beauté même et que tu étais son portrait tout craché." ... [...]
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