Dans ce roman , sorti en 1961, Elizabeth Taylor ne présente pas réellement ses personnages, le lecteur pénètre dans une maison bourgeoise située près d'un petit village anglais. Et si l'ambiance surannée, fait très " début de XX° siècle, un poste de télévision vient apporter une touche de modernité .
Vivent dans cette demeure, Kate jeune veuve quarantenaire, sa tante désargentée, et ses deux enfants ( un garçon de 22 ans et une fille de 16 ). Elle est remariée avec un homme de dix ans son cadet, que ses anciens amis n'apprécient pas , car Dermot ne travaille pas, tous ses projets ayant échoué les uns après les autres.
Seul le fils a un emploi dans l'entreprise du grand-père.
C'est donc une ambiance bourgeoise, oisive , personne ( à part la cuisinière), n'ayant besoin de gagner sa vie. Les personnages ne sont pas particulièrement sympathiques, Kate ne pense qu'à son mari fraîchement “acquis” , rarement à ses enfants.
Seul événement de l'été : le mari de la meilleure amie de Kate (décédée) , revient après des années d'absence, avec sa fille. Celle-ci , s'inscrit aussitôt dans une école de mannequin (!), et fait tourner le jeune homme de la maison en bourrique.
Jeunes amours, amours plus “murs”, Elizabeth Taylor, aborde la chose avec beaucoup, de pudeur, de délicatesse, de flegme anglais. Certains disent que c'est son roman le plus sensuel , bon, on est loin de l'Amant de lady Chatterley...
Lecture agréable, un peu “soporifique” au début, puis prenant peu à peu de l'ampleur. L' écriture est élégante.
Ce que j'ai préféré, c'est le personnage de la tante désargentée, hébergée par pure générosité, et qui communique par lettres, avec sa meilleure amie. Ses ( rares) missives qui décortiquent , le ménage Kate/Dermot, ainsi que tout ce qui se passe dans la maison, ressemble à un "roman-feuilleton" , assez amusant vu qu'elle parle beaucoup de ce qu'elle reconnaît elle-même , ne pas connaître : l'amour physique. La position de parente pauvre qu'elle occupe dans la maison, impliquerait une certaine réserve, une certaine discrétion, mais c'est tout le contraire...
Entre le style de Barbara Pym (pour l'atmosphère surannée ), et quelques fulgurances de "Bonjour tristesse" de Sagan, ce roman est plaisant , mais ne me laissera pas un souvenir inoubliable...
Commenter  J’apprécie         474
Un roman vif. Une maison où s'agite Kate, une mère d'une quarantaine ou cinquantaine d'années remariée , après avoir été veuve, avec un homme de dix ans son cadet. S'agitent également ses deux grands enfants, fille et garçon, s'agite également une tante, hébergé car relativement désargentée. Des visites se succèdent. Les thés sont dégustés. Kate pourrait avoir un caractère BOBO si l'on était à Paris et non dans la banlieue de Londres. Elle a de l'argent, s'ennuie un peu, semble observer, presque d'un peu loin, la façon dont ses deux enfants abordent la vie. Elle semble sur une pente glissante : son jeune mari a une forte tendance à boire et à rester un grand adolescent. Une sorte d'indifférence face aux multiples aléas de l'existence semble l'habiter. Indifférence, passivité, modestie, lucidité, réalisme, état quasi contemplatif : l'on s'interroge. Elle pourrait presque parfois irriter cette femme, comme une enfant presque gâtée, qui laisse la vie tourbillonner autour d'elle sans réel désir d'intervenir. Elle est amoureuse (de son mari) comme une adolescente. À l'âge de Kate, il faut avoir les moyens (matériels, financiers) pour pouvoir s'offrir un tel comportement
Son fils est amoureux d'Araminta, une jeune fille mince et belle, originale, qui a tous les hommes à ses pieds.
Irritante, presque, Kate, qui se laisse porter par les vagues de l'amour agité, sexuel, qu'elle éprouve pour son jeune mari. Irritante presque, Araminta, devant laquelle tous les hommes s'inclinent en raison de sa beauté, en dépit (en raison ?) de son attitude souvent provocatrice, d'enfant gâtée en quelque sorte…
Au final, Kate, qui réussira à se marier trois fois, est une femme qui, quoiqu'il en soit, aime la vie, et les humains. Et donc, elle est aimable, et aimée.
Ce qui précède : de simples remarques, pas tout à fait sérieuses, pour pimenter un peu le commentaire puisque, comme tous les romans d'Élisabeth Taylor, ce livre est fin, intelligent et très séduisant.
Commenter  J’apprécie         20
Drôle de roman..Taylor ne construit pas d'intrigue, elle crée une atmosphère.
C'est l'histoire d'un couple pas bien assorti : Lui, jeune et séduisant, elle la quarantaine, veuve et fortunée; deux grands enfants !
Doucement, leur relation va péricliter. Un lent et pernicieux empoisonnement va perturber leur vie.
Crise de confiance, méfiance, exit la tendresse, coup bas et perfidies sont le lot quotidien.
Et nous assistons un peu désabusés à cette lente et immuable dégradation,
fin de partie amère.
Quelle est la leçon à retenir ? La communication entre deux êtres est difficile, pleine d'embûches... Elle parait à certains moments presque impossible comme dans le cas évoqué par l'auteur.
Que faire ? Quid de la suite ?
The show must go on !
Commenter  J’apprécie         00
" Un agent immobilier m'a déclaré une fois qu'il pouvait toujours ajouter une centaine de livres au prix d'une maison si une glycine grimpe sur sa façade, insista Edwina. " Murs habillés de glycine", c'est ce qu'ils mettent dans la publicité.
" Qu'est-ce que tu devras faire exactement ? demanda-t-elle [ à son jeune mari ].
- Eh bien, je serai chargé de ce qu'on appelle les relations publiques.
- Cela vaut mieux que si elles étaient intimes", (...).
Je pense que nous devons finalement dire adieu à l'été. Nous n'avons pas à nous plaindre." Ils semblaient croire que le beau temps était une chose méritée et que pour une fois, l'Angleterre avait eu une juste récompense.
"Ne veille pas trop tard." Comme la plupart des mères, Kate parlait en pure perte, et le savait. Avoir des filles ne procure que de la souffrance, songea-t-elle en refermant la porte. On veut tant de choses pour elles, on tremble sans cesse, mais on est incapable d'assurer ou d'empêcher la moindre chose. On se sent inutile.
"D'une question absurde à l'autre, cela conduit simplement à la bêtise, et on finit par se demander si c'était bien utile d'écrire Guerre et Paix, par exemple." Elle considérait cet ouvrage comme l'ultime accomplissement, presque un roman sacré, identique à la Bible, devant lequel on devait s'incliner. Soit on y souscrivait, soit on se taisait. Elle-même y souscrivait, bien qu'elle ne l'eût pas lu.
Angel (de Francois Ozon) bande-annonce