Avec l'habileté des conteurs, des griots,
Sami Tchak nous présente un moineau. Pas n'importe quel moineau. Un moineau qui possède la mémoire du lieu, la mémoire et la connaissance des êtres et des populations, de la faune et de la flore. Il survole les combats et les dangers. Il évite un serpent, croise une antilope, laquelle sera mangée par un lion, qui sera pourchassé par les chiens, dont un sera sacrifié, réduit en cendre, lesquelles cendres seront utilisées... etc. On a compris le mécanisme qu'utilise
Sami Tchak. Il rebondit sur chaque animal et en introduit un nouveau, dont on va suivre la course pendant un temps.
Ce moineau, petit animal insignifiant, en remontre aux autres animaux. On le trouve en fait aux prises avec les autres animaux qui peuplent la mémoire de l'auteur. La mémoire, en effet. Car on évolue dans le récit, comme dans tout "bon" conte africain. Il y a vite une dimension philosophique, existentielle, dans le récit. D'où venons-nous? de quoi sommes-nous le produit? Quand le moineau dit que sa fiente va sentir l'herbe et donc le lait de la vache qui a mangé et rendu cette herbe... se moque-t-il ou a-t-il raison?
Sami Tchak nous raconte son Afrique, son Togo, mais aussi il le fait à travers le prisme de sa mémoire. Ce n'est pas l'Afrique qu'il nous conte, mais celle de ses sens et de sa mémoire.
Le conte est cruel, il naît dans le sang et se termine dans le sang. Il est fait de mort et de souffrances, mais celles-ci laissent la place à la vie, qui cède ensuite le pas à la mort, et le cycle s'anime.
Le début m'a séduit, il est facile d'entrer dans le récit de l'auteur. Mais ensuite, cela devient confus. A mesure qu'une dimension onirique, rêvée, fantasmée s'introduit, j'ai perdu le fil. le moineau rencontre un garçon. Ce garçon devient un homme .Cet homme semble être
Sami Tchak à Paris. Avec une économie de mots qui ramène la concision d'une langue très travaillée à une dimension quasi elliptique du récit, l'auteur m'a perdu bien souvent. M'a lassé.
La postface, ou l'ajout sur Naples, le volcan et le moineau, par
Ananda Devi, apporte une dimension nouvelle au récit du moineau... mais je l'ai trouvé ampoulé, pompeux, inutilement abscons et ésotérique...
Enfin, le fait que j'aie lu le livre en format électronique, avec une mise en page assez mal pensée, n'a certainement pas aidé à y entrer facilement.
Bref, une lecture lente et pénible, qui n'apporte rien de particulier.