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Citations sur Bérézina (369)

Gras, par exemple, mesurait le degré d'affection des proches à leur capacité de " supporter les absences et les silences"
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Qui se jetterait dans un jeu dont on vous explique qu'il n'en vaut pas la chandelle? C'était précisément là où le génie de Napoléon s'était déployé. L'Empereur avait réussi une entreprise de propagande exceptionnelle. Il avait imposé son rêve par le verbe. Sa vision s'était incarnée. (...) Il avait raconté quelque chose aux hommes et les hommes avaient eu envie d'entendre une fable, de la croire réalisable. Les hommes sont prêts à tout pour peu qu'on les exalte et que le conteur ait du talent.
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Le monument me fit penser à cette journaliste de télévision à qui j’annonçais en directe, quelques mois plus tôt, mon désir de reprendre l’itinéraire de la Retraite et de passer la Berezina :
« Napoléon ? La Berezina ? Tout cela n’est pas très glorieux », commenta-t-elle.
Là, devant la rivière tombale, les mots que j’aurai dû lui jeter me vinrent aux lèvres. Mais j’avais été encore une fois victime de l’esprit d’escalier.
« Vraiment, chère amie ? Pas de gloire chez les pontonniers qui acceptèrent la mort pour que passent leurs camarades ; chez Elbé, le général aux cheveux gris, qui, sous la canonnade, traversa plusieurs fois le pont pour rendre compte à l’Empereur de l’avancée du sauvetage et mourut d’épuisement quelques jours plus tard ?Pas de gloire chez Larrey, le chirurgien en chef qui d’innombrables allers-retours d’une rive à l’autre pour sauver son matériel opératoire, chez Bourgogne qui donna sa peau d’ours à un soldat grelotant, chez ces hommes du Génie qui jetaient des cordes aux malheureux tombés à l(eau, chez ces femmes dont Bourgogne écrit qu’ « elles faisaient honte à certains hommes, supportant avec un courage admirable toutes les peines et les privations auxquelles elles étaient assujetties » ? Et chez cet Empereur qui sauva quarante mille de ses hommes et dont les Russes juraient trois jours auparavant qu’il n’avait pas une chance sur un million de leur échapper ? Qu’est-ce que la gloire pour vous, madame, sinon la conjuration de l’horreur par les hauts faits ? »
Je ne suis pas enclin aux citations, mais là !
Et, quand on pense qu’elle est tirée une page seulement après celle relative aux « Hauts lieux » tout aussi belle et extraite justement plusieurs fois dans la présente liste, chapeau-bas monsieur Tesson.
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En Russie, l'art du toast a permis de s'éloigner de la psychanalyse. Quand on peut vider son sac en public, on n'a pas besoin de consulter un freudien mutique, allongé sur un divan. p.28
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La France, petit paradis peuplé de gens qui se pensent en enfer, administrés par des pères-la-vertu occupés à brider les habitants du parc humain, ne convenait plus à son besoin de liberté.
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« Napoléon ? La Bérézina ? Tout cela n'est pas très glorieux », commenta-t-elle. Là, devant la rivière tombale, les mots que j'aurais dû lui jeter me vinrent aux lèvres. Mais j'avais été encore une fois victime de l'esprit d'escalier. « Vraiment chère amie ? Pas de gloire chez les pontonniers qui acceptèrent la mort pour que passent leurs camarades ; chez Eblé, le général aux cheveux gris, qui, sous la canonnade, traversa plusieurs fois le pont pour rendre compte à l'Empereur de l'avancée du sauvetage et mourut d'épuisement quelques jours plus tard ? Pas de gloire chez Larrey, le chirurgien en chef qui fit d'innombrables allers-retours d'une rive à l'autre pour sauver son matériel opératoire, chez Bourgogne qui donna sa peau d'ours à un soldat grelottant, chez ces hommes du génie qui jetaient des cordes aux malheureux tombés à l'eau, chez ces femmes dont Bourgogne écrit « qu'elles faisaient honte à certains hommes, supportant avec un courage admirable toutes les peines et les privations auxquelles elles étaient assujetties » ? Et chez cet Empereur qui sauva quarante mille de ses hommes et dont les Russes juraient trois jours auparavant qu'il n'y avait pas une chance sur un million de leur échapper ? Qu'est-ce que la gloire pour vous madame, sinon la conjuration de l'horreur par les hauts faits ? Au lieu de cela, j'avais bredouillé : Oui, euh, mais tout de même ».
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Le capitaine (du bateau) nous parlait comme à des chiens et nous prenait, le soir, pour son auditoire. Il fallait subir ses hauts faits, l'entendre dérouler ses vues sur cette science dont il s'était fait le spécialiste : le naufrage. Il y a comme cela des napoléons du minuscule ; en général, ils finissent sur les bateaux, le seul endroit où ils peuvent régner sur des empires. Le siens mesurait dix-huit mètres.
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Il ne cachait rien des responsabilités d’Alexandre Ier dans la guerre franco-russe. Il avait pointé les trahisons du tsar, les efforts de Napoléon pour le ramener aux promesses de Tilsit. Il s’était attiré par là la colère de ses lecteurs.

Sokolov avait enfreint une loi russe : l’Histoire est une science délicate et l’on ne doit jamais dire du mal des siens, même si on a la vérité avec soi.

p41
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La vodka est autrement plus efficace que l'espérance. Et tellement moins vulgaire.
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Les défaites produisent toujours ces scènes de démence boschienne. Avant de mourir, foutus pour foutus, les hommes se saoulent, baisent et bouffent à s'en crever le ventre. Etrangement, aucun ne se met en quête d'une bibliothèque pour relire un dernier poème de Virgile.
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