Pour retrouver nos racines, il faut remonter dans les branches.
La pieuvre du goudron gagne.
Quelle que soit la direction prise, marcher conduit à l'essentiel.
« Voyageur, je rafle ce que je peux », écrit Goethe.
C’est pour contempler le monde, boire à sa coupe et m’en gorger que je le sillonne.
Pour bien vagabonder, il faut peu de choses : un terrain propice et un état d’esprit juste, mélange d’humeur joyeuse et de détestation envers l’ordre établi .
Un esprit vierge est la meilleure longue-vue pour balayer les horizons.
Ainsi, je me suis rendu compte que les pouvoirs publics avaient travaillé ferme, depuis une quinzaine d'années, à rendre les planches des bancs le plus inconfortable possible au dos des infortunés. Songeons qu'il y a des ingénieurs dont ce fut le souci quotidien ! Sitôt sautés du lit de plume, ils se consacraient à leur objectif : contrer le repos des clodos. C'est que le bivouac dérange l'État car il est une manière de ne jamais être là où celui-ci nous attend. La paix civile, c'est bien connu, c'est quand chacun dort chez soi. Le meilleur allié du bonnet phrygien, c'est le bonnet de nuit.
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J'ai en projet pour les années à venir un chantier de réhabilitation des fées. Attention ! Pas de méprise ! Il ne s'agira pas de cuisiner dans la casserole de la mode, l'actuelle bouillie néo-celtique qui n'est rien d'autre que la mise de la féerie au service des marchands. (Trente-cinq années de celtic revival en Europe). Il s'agira plutôt d'une marche solitaire, hivernale, musicienne et littorale, de la Galice espagnole aux Highlands écossais, destinée à sentir peser sur l'épaule le poids de la présence enchanteresse des êtres invisibles, à chanter leur existence oubliée, à apprendre à lire les lignes cachées sous l'apparence du monde et à souligner que l'arc atlantique, cette bande où l'écume rencontre le granit, constitue le séjour privilégié d'un petit peuple ami.
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Aussi, depuis qu'il a perdu son humanisme, préfère-t-il vouer sa vie à contempler les pandas roux, ou les salamandres de Bavière. Il lui aura fallu une trentaine d'années pour arriver à une vision du monde bâtie sur l'émerveillement devant les myosotis et la vénération des cicindèles plutôt que sur la promotion de ses pairs.