Barry Lyndon est un gentilhomme irlandais, issue d'une famille ruinée, en particulier par les prodigalités de son père. Il n'en a pas moins une haute idée de lui-même et de la place qu'il doit occuper dans la société. Il est un gentilhomme, et a donc droit a ce qu'il y a de meilleur dans le monde, et peu importe la façon d'obtenir ce qui lui est dû.
Suite à un duel qu'il remporte il doit fuir la maison maternelle et aller à Dublin. Là il fréquente des gens peu recommandables, fait des dettes et doit s'engager dans l'armée pour éviter la prison. Il subit la guerre des Sept Ans sur le Continent, d'abord dans l'armée anglaise, puis après une désertion, dans l'armée prussienne. Il devient espion, et grâce à cet intéressant emploi rencontre son oncle, qui vit depuis des années du jeu. Ils se plaisent et s'associent pour vivre de façon somptuaire sur le dos de pauvres naïfs. Enfin, il finit par épouser une riche veuve, qu'il va ruiner par ses dépenses délirantes et qu'il brutalisera et terrorisera pour la dépouiller et vivre de la façon luxueuse qui est la seule qui le satisfasse.
Barry Lyndon est un récit picaresque et haut en couleurs qui nous conte la vie peu édifiante d'un hobereau irlandais, inculte et amoral, occupé uniquement de la satisfaction de ses plaisirs, bien peu raffinés : la boisson, le sexe, le jeu, les chevaux et un effréné goût de luxe. C'est extrêmement bien écrit, drôle on ne s'ennuie pas un instant car les péripéties s'enchaînent les unes aux autres. le récit est à la première personne, puisqu'il s'agit des Mémoires du héros, ce qui permet à
Thackeray l'usage du second degré et d'une ironie décalée, en effet Barry ne voit rien de mal dans ce qu'il fait, ses agissements lui paraissent parfaitement naturels, s'il lui arrive des malheurs, c'est uniquement la faute des autres, tous ces pauvres types qui ne savent ce que c'est de bien vivre. Il est d'un égoïsme monstrueux et totalement inconscient, il ne manifeste de l'affection pour personne, sauf peut-être son fils et un peu sa mère, qu'il ne se gêne toutefois pas de négliger au temps de sa splendeur.
Il s'agit d'une satire, qui au-delà du personnage de Barry Lyndon s'attaque à la façon de vivre d'une classe sociale, riche et oisive, uniquement occupée de ses plaisirs, et vivant de fait sur le travail des autres, même si cela reste discret et que l'auteur est suffisamment homme de son époque pour ne pas être excessivement choqué des disparités monstrueuses de niveau de vie.
J'avais déjà lu du même auteur
La foire aux vanités, que j'avoue préférer, peut être parce que le personnage de Becky Sharp est plus complexe, plus ambigu, avec des aspects positifs et attachants, on arrive à trouver des justificatifs à pas mal de ses comportements, alors que Barry est complètement négatif, c'est uniquement une satire et une charge.
Mais tel qu'il est c'est un grand classique de la littérature anglaise, et un livre fort agréable et divertissant à lire.