Chef d'oeuvre de
Thackeray de l'époque victorienne avec Eliot, Dickens et Trollope, est avec
la Foire aux vanités, un des romans anglais que je préfère. Toute une flopée d'écrivains de moins bonne facture les ont suivis, voire imités et les ont faits un peu oublier malheureusement.
L'immoralité du roman est présente du début à la fin. On ne compte pas les épisodes où quoique l'on entreprenne dans cette Angleterre sur fond belliqueux, tout n'est que souricière, où le héros "Redmond Barry", un irlandais du peuple, ou irlandais tout court vu de l'anglais, se met dans de sales draps, et par son entremise, c'est une peinture des vices de la société anglaise du 18e à laquelle on assiste. Les riches restent riches ou se tirent toujours d'affaire, ils sont tous de connivence et sarcastiques, et les braves qui émergent restent des misérables sur le bord de la route, ou connaissent une mort sans pitié. "Barry Lyndon", qui le devient par mariage avec la Comtesse Lyndon, personnage atypique, attire cependant la sympathie, il se relève une fois, deux fois, trois fois .. mais son sort est inexorable, le cumul de revers qu'il se prend finit par miner ses chances d'en réchapper un jour. Il est attendrissant dans la relation avec sa mère, avec son fils qu'il couvre d'une attention sans failles, et malgré cela en univers hostile, le pire est à prévoir ; il est impitoyable avec son beau-fils.., on ne garantit pas de la vie de ce dernier pour un coup de baston supplémentaire, mais le jeune anglais de la lignée Lyndon lui fera subir un sort plus rude encore ..Un tel concentré de haine est à son zénith !..
La langue de l'auteur est superbe, le milieu peint du 18e irlandais et surtout anglais est fantastique.
William Makepeace Thackeray: un grand maître anglais à lire.
Le cinéma, la télévision ont requinqué plus près de nous cette oeuvre éblouissante, grâce au génie de Kubrick qui lui a donné une tonalité d'éclairage à la bougie sublime dans ces fonds de campagne ou de bocages anglais et irlandais.