En arrivant par l'autoroute, elle avait aperçu les toits noirs de pollution et de crasse des taudis et des tentes. Comme toujours, les toxicos étaient revenus après avoir été chassés par les forces de l'ordre et avoir installé leur camp cinq cents mètres plus loin, porte d'Aubervilliers. Essayer de les déloger de leur place originelle était aussi vain que de balayer du sable en pleine tempête.
"L'alcool tue lentement, mais on s'en fout, on n'est pas pressés", disait un certain Courteline.
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L’art était-il un univers à part où la liberté d’expression pouvait tout permettre, tout représenter ? Censurer la création revenait-il à porter atteinte à la démocratie et aux libertés individuelles ?
Elle créait de toutes pièces, sans même s'en rendre compte, pareille à un auteur qui se lancerait dans la rédaction de son manuscrit avant de connaître le chemin de son intrigue.
Elle tapa des mots clés comme "souvenirs erronés", "confusion, mélange souvenirs", "tumeur, cerveau, mémoire". Et fut rapidement orientée vers la notion de "faux souvenirs". Des spécialistes expliquaient que chaque individu avait des événements profondément transformés, voire inventés, ancrés dans sa mémoire. Le cerveau était malléable, il se réorganisait en permanence, et un souvenir n'était pas une photo précise, comme on l'avait longtemps pensé : chaque fois qu'il remontait à la surface, il se reconstruisait avec de nouveaux éléments, mutait, et était réenregistré ainsi. En définitive, plus on se remémorait un instant, plus celui-ci s'éloignait de la réalité du passé.
Le labyrinthe représente souvent, du point de vue symbolique, l'inconscient. Une zone de notre tête qui demeure mystérieuse, complexe et difficile d'accès. Comme le dédale, l'inconscient peut rendre fou et entraîner vers sa perte quiconque chercherait à en atteindre le centre.
La colère poussait le lion à tenter de fuir sa cage à la moindre erreur du geôlier.
« -Le cerveau humain peut déployer les plus incroyables stratagèmes pour protéger l'esprit. Il s'adapte sans cesse, se reconstruit sur des ruines… Il est même capable de se piéger lui-même. de faire passer des souvenirs inventés pour réels. »
“L'alcool tue lentement, mais on s'en fout, on n'est pas pressés”, disait un certain Courteline.
- Il va bien au fait. Le service de psychiatrie n'a jamais été aussi rempli. Par les temps qui courent, les dingos sont comme les feuilles mortes, ils se ramassent à la pelle.