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3,68

sur 79 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que le titre cache ou révèle on le découvre dans la préface et dans la première de ces chroniques « en passant » dont la belle régularité d'emprise sur le papier (toutes font environ trois pages) agit comme une pulsation d'écriture nécessaire à l'expression d'une petite musique singulière. Chantal Thomas pratique ici un art équilibré, quasi métronomique, du "dérèglement" spatio-temporel où prime l'instantané, « l'esprit des quatre saisons » qu'elle aime chez Hokusai, la notation rapide telle que la pratique Bonnard dans ses carnets, le goût des « menus plaisirs » que la fréquentation érudite du siècle des Lumières lui a légué. Rendez-vous donnés à ses lecteurs, entre gratte-ciel et métro, avec ses rituels saisonniers à Kyoto ou Central Park ; dans ses cafés et ses musées de prédilection ; avec quelques hommes de sa vie : Barthes, Casanova, Fragonard, le divin Marquis ; ou avec quelques moines mendiants aussi ; décrivant l'été en décembre, à Buenos-Aires ; retrouvant le duc de Richelieu à Bordeaux ou Verdi à New-York ; cherchant les cheveux roux de Gilberte sous les frondaisons automnales des Champs-Elysées et Mauriac à Malagar ("Magie de Malagar", p. 135) ; gourmande à Montréal et Grand Central, assise au Fumoir à Paris et assaillie d'un léger doute à Zurich songeant à la chambre bleue de Madame de Rambouillet.

Si le mot « vignettes » lui sert pour évoquer la forme de l'un de ses livres préférés « Paris est une fête » (évoqué dans une chronique de 2015 après les attentats : "Un américain à Paris », p. 83), alors il convient de le reprendre pour l'exercice auquel elle s'est livré à la demande de Sud Ouest entre 2014 et 2018 et qui a produit ce livre. Chaque chronique appartient à un temps détourné où vient parfois se télescoper l'actualité ("Imanolthecat, ou la mort en live", p. 101), ressemble à la strophe fugace d'un plus long poème que le bonheur de vivre – tel celui suggéré par l'oeuvre de Jacques-Henri Lartigue (P. 68) – lui aurait inspiré par-delà les conférences, les festivals et les colloques, loin des cours magistraux ou des commémorations et des salons, à l'abri de l'odeur du kérosène. Toutes distillent un peu « l'esprit de vacances » dont l'auteure se réclame à la fin de la deuxième chronique intitulée « La maison au pied de la dune » (maison familiale déjà évoquée dans « Souvenirs de la marée basse »), là elle confie : « A la différence de tant d'héritages qui ont leur poids de malheur, de cette maison j'ai hérité l'essentiel : son esprit de vacances (p. 22) ». Chantal Thomas ne se retourne pas, elle jubile au présent et son dialogue avec le passé est étonnamment vivant, elle vous console de toutes les maisons perdues. Ses chroniques sont à lire maintenant, et vite, tant elles pourraient prendre le goût des choses révolues qui sont, on le sait, parmi les plus belles.

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Je connaissais Chantal Thomas « visuellement », ses romans étant régulièrement mis en valeur chez mon libraire. Mais j'avoue, je n'avais jamais eu la tentation de lire l'un de ses romans. Et puis en janvier de cette année, la voilà élue au sein de la trop masculine Académie française. Alors là, je me suis dit : « tu dois la lire » et j'ai choisi de découvrir sa plume au travers des chroniques que l'auteure a rédigées pour le journal « Sud Ouest » de 2014 à 2018, publiées sous la forme d'un recueil.

"Café vivre", dénué de toute vision rétrospective, répète au présent l'instant où l'on fait une pause, où l'on s'assoit sous un arbre, à une terrasse, où l'on s'arrête à un carrefour, sur une plage, au milieu du chemin, pour, simplement, regarder autour de soi. » Ainsi ces chroniques, d'une page et demie, font voyager le lecteur de Paris à New York, à travers les yeux rêveurs de l'auteure.

« Désinvoltes quant à l'ordre des temps, ces textes ne le sont pas quant à celui des saisons. » Je dirais même qu'ils sont intemporels. Les citations des auteurs du siècle des Lumières sur l'éducation des femmes semblent toujours d'actualité, la ghettoïsation des quartiers peuplés par les vagues successives de l'immigration aussi. Et que dire du détachement du livre, de la lecture, de la part des jeunes générations, cette « catégorie en voie d'extinction, comme des survivances ou des fantômes d'une époque disparue » ?

Chaque phénomène de société est pris dans son ensemble, analysé d'un point de vue éminemment culturel (n'oublions pas que nous lisons une Académicienne !), saupoudré d'une réminiscence personnelle, et enfin, Chantal Thomas va proposer au lecteur une perche qui lui permettrait de donner, à son tour, un avis sur le phénomène observé. Ainsi, pour les cadenas accrochés aux ponts en guise de serment d'amour : « Il est troublant qu'aujourd'hui, dans une société où femmes et hommes ont en principe la même liberté sexuelle et la même conscience de la fragilité des sentiments, un cadenas puisse à ce point paraître l'objet parfait pour symboliser le rêve d'aimer. » L'histoire d'amour que vous vivez peut- elle être symbolisée par un cadenas ? Qu'en pensez- vous ?

Au final, j'ai adoré lire ces chroniques de-ci de-là, à la façon d'amuse- bouches introductifs à ses oeuvres romanesques. Chantal Thomas est une Grande Dame à la plume érudite mais accessible. Ses romans feront partie de mes prochaines lectures et je vous invite sincèrement à découvrir cette auteure si ce n'est pas encore fait.
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Depuis un moment déjà je voyais des livres de Chantal Thomas sur les étals de mes librairies préférées.
Elle vient d'être élue cette année à l'Académie Française, elle m'a semblée incontournable. D'autant plus que j'avais beaucoup aimé le film « l'échange des princesses » adapté de son roman.

Romancière, essayiste, auteur de pièces de théâtres et de scénarios, elle publie ici 4 ans de chroniques (de 2014 à 2018) pour le journal Sud Ouest.
Il s'agit de 49 petits textes de 2 à 4 pages, dont le dénominateur commun est la découverte, la contemplation, la beauté.

Ces petits textes nous amènent de Paris à New-York, de la collection Frick aux jardins new-yorkais, en passant par le Centre Pompidou, Jacques-Henri Lartigue et ses « capteurs de bonheur », le jardin du Luxembourg avec ses « reines du Luxembourg »…

Ce livre nous fait voyager, nous amène dans des endroits variés avec une seule intention : observer, déguster, apprécier.
En cela je recommande cet ouvrage qui est un concentré de bien-être, de découverte et de petits bonheurs.
J'ai passé un excellent moment de lecture.
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Une série de chroniques données au journal Sud-Ouest de 2014 à 2018. Une sorte journal. Fragments d'un discours hédoniste, des deux cotés de l'Atlantique. Paris, Arcachon et New York délimitent une sorte de triangle amoureux où s'inscrivent ces billets, qui célèbrent des auteurs ou des moments de grâce. À lire en terrasse d'un café ou sur une plage, là où le temps coule paresseusement...
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