Qui dort le jour et marche à la nuitée,
Ne croisera d’âme qui vive qu’un farfadet.
Bien qu’ils ne soient pas marins, les yeux ne seront jamais satisfaits par un modèle, même de très bonne facture, qui ne répond pas aux exigences de l’art. Toutefois, comme le savoir-faire tient presque tout entier dans la construction d’un navire et que le bois seul n’y suffit pas, notre embarcation, faite en bois, utilisait cette bonne vieille loi qui veut que le plus lourd flotte sur le plus léger, et, bien qu’elle fît un piètre gibier d’eau, elle s’avéra un assez bon flotteur pour ce que nous voulions en faire.
Je n’ai jamais voyagé aussi loin de toute ma vie. On verra des hommes dont on n’a jamais entendu parler auparavant et dont on ne connaît pas le nom, qui descendent dans les prés avec de longues canardières, chaussés de bottes montant jusqu’aux cuisses, marchant dans le pâturin des marais, sur des rivages hivernaux et lointains battus par les vents, munis de fusils à cran de sûreté. Et ils verront des sarcelles – aux ailes bleues ou vertes –, des tadornes, des oiseaux siffleurs, des canards noirs, des orfraies et bien d’autres choses merveilleuses et sauvages avant la nuit, dont ceux qui restent assis dans les salons n’ont jamais rêvé.
Quel malheur que l’œuvre d’un authentique poète soit aussitôt rangée dans ce genre de nid à poussière ! Le poète n’écrira que pour ses pairs. Il se souviendra simplement qu’il a aperçu la vérité et la beauté depuis la position qu’il occupe et attendra que vienne le moment où quelqu’un d’autre embrassera d’un regard libre le même panorama.
Chacun peut constater que si la musique a sa place dans la pensée, elle ne l’a guère trouvée dans le langage. Quand la Muse arrive, nous attendons d’elle qu’elle refaçonne le langage et lui confère son propre rythme.
Le seul danger de l’Amitié est qu’elle prenne fin. Bien que sauvage, c’est une plante fragile. La moindre déloyauté, même inconsciente, suffit à la vicier. L’Ami dont savoir que les défauts qu’il remarque chez son Ami attirent les siens.