Citations sur Le passeur de lumière : Nivard de Chassepierre maître ver.. (53)
La Lumière est la première œuvre du Créateur sur une terre informe et vide. La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme.
Je m'enfonce dans ses yeux là jusqu'à la source abîmée des larmes, jusqu'à la source des cécités qui gangrènent nos éblouissements...
Les yeux d'un verrier ne servent à rien si ce n'est à camoufler d'oripeaux de lumière un monde mal fait par un Dieu haïssable, indifférent aux hommes et à leurs peines. P.266
C'est du beau langage, celui qui va au-delà des mots, qui ne livre que l'essentiel, qui fait parler les taciturnes, les écorchés, les mal-aimés des Écritures, qui travaille les questions et non les réponses.
Il doit admettre à cette heure, après longs mûrissements et lectures studieuses, qu'il n'est nulle part, qu'il a péché par ignorance, qu'il croyait stupidement que les pierres précieuses poussaient sur des arbres à pierres précieuses et qu'il suffisait d'un peu d'adresse pour en planer les facettes. Il sait maintenant que pour tailler et polir le solitaire de ses rêves, il faut autant de temps que pour amener un nouveau-né à l'âge adulte. Il a lu que pour arriver à façonner un joyau semblable à celui qu'il cherche pour sa châsse, certains artisans s'astreignent pendant des années et des années à roder face après face leur pierre sur un touret de métal. La matière abrasive ? De la poussière de diamant suspendue dans un peu d'huile. Et le plateau tourne, tourne à en perdre le nord. Et il faut des semaines pour enlever un cheveu de matière. Parfois l'artisan doute, il voudrait bien jeter son caillou au fond d'un précipice. Il se demande pourquoi il a placé sa jeunesse dans une gourmandise de lumière, un caillot de soleil, une semence magique d'étoile, un récipient fabuleux où l'essence du jour serait captive. Et pourtant, il ne peut éteindre son rêve de lumière parce qu'il n'en existe pas de plus élevé. La lumière est la première œuvre du Créateur sur une terre informe et vide. La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme.
Un vitrail musicalement juste et souverainement écrit a le verbe si riche qu’il n’est pas d’écrivain qui puisse prétendre le décrire ou łe posséder par l’analyse. Les seuls qui ont le pouvoir d’en approcher la grâce sont les poètes et les musiciens.
La lumière est une part de Dieu comme le regard est une part de l'homme.
L'Adepte dispose ses verres sur la base du cercle et recommence son manège, tourne et retourne la roue dans sa tête, passe d'un ton à l'autre, d'un jaune à un vert, d'un gris à un bleu très foncé à dominante turquoise, il jongle, tire un rouge, caresse avec le fragment toutes les teintes en équilibre dans le bas de la fenêtre, histoire de vérifier une fois encore les sympathies. Soudain, il s'arrête de bouger et, à soixante pieds de haut, il relit une fois encore toutes les couleurs qu'il a choisies. C'est extraordinaire ! Il vient de fermer la boucle. Il a devant lui toutes les notes de la musique céleste, il a découvert l'harmonie lumineuse parfaite, celle qui résiste à tout, celle qui n'appartient qu'à ceux qui ont l'oreille collée sur l'âme.
Comme un enfant absorbé par l'onde qui roule sur les galets d'une rivière, maître François flotte dans un rêve de lumière. Les cabochons et les pierres dites précieuses, ce sont les yeux des anges, ce sont les sourires que la vie a bien voulu prodiguer aux hommes. P 34
- Absolve me, Domine, ne cesse de répéter Théophile en regardant le ciel, les yeux pleins de repentir et la barbe ruisselante sous la stalactite de sa barbichette.
- Pour ma pénitence, je dirai cent patenôtres !
Indisposé par le moinillon qui lui liquéfie les oreilles avec une prière vieille de mille ans, Dieu condamne le pécheur à une mortification diluvienne en faisant pleuvoir sur sa tête des trombes d'eau et en lui barrant la route par le Main en crue.