Citations sur Le passeur de lumière : Nivard de Chassepierre maître ver.. (53)
C'est l'heure du partage, de l'alliance entre le creuset et les pépites d'or, entre les mains et l'eau de la source, entre le creux d'une épaule et la rondeur d'une tête, c'est l'heure où les blessures s'ouvrent où les sangs se mêlent, c'est l'heure du dédoublement et de la fusion des êtres. P101
Que trouvez vous de la vision de l Orient et de L Occident qui est présentée dans le roman ?
Les jaunes l’épousent, les bleus l’inondent, les verts et les gris la caressent, les roses l’embrassent, les orangés et les rouges l’allument. Awen est belle comme au premier jour de leur amour, magique dans ce jeu d‘estompes et d’ensoleillements. Son collier brasille sur son corps. Elle tourne, elle se baigne de clarté, de chatoiements, de reflets. Elle emporte avec elle dans ses mouvements les couleurs alchimiques de mille diamants éclatés. Elle ondoie, elle danse tandis qu’il se dénude à son tour. Elle scintille, elle étincelle, elle fait miroiter sur sa féminité luisante de chaleur les multiples nuances des verres. Elle est belle et noire comme sont les tentes de Qédar, comme les toiles de Salma. Ses yeux sont des colombes, ses cheveux un troupeau de chèvres qui dévale de la montagne de Gallaad, comme la tour de David est son cou, milles boucliers y sont suspendus, tous les écus des braves. Ses deux seins sont comme les faons jumeaux d’une gazelle paissant parmi les lys et sa taille est un palmier. Elle est belle comme une musique d’anges, un cantique dont les voix lumineuses ruissellent en pluies de notes, de tons, de teintes et de demi-teintes sur sa peau. (…)
Ce jour-là, Nivard fait l’amour avec la lumière.
Il connaît l’essence de chaque verre qui se trouve là, il en extrait mentalement les composantes comme un fin bec détaille les ingrédients d’une sauce. Il débusque les coquetteries de métier du verrier allemand qui fait de l’épate avec certains tons surgis accidentellement du ventre de ses fours.
Awen est belle comme au premier jour de leur amour, magique dans ce jeu d'estompes et d'ensoleillements. Son collier braille sur son corps.Elle tourne, elle se baigne de clarté, de chatoiements, de reflets. Elle emporte avec elle dans ses mouvements les couleurs alchimiques de mille diamants éclatés. Elle ondoie, elle danse tandis qu'il se dénude à son tour. Elle scintille, elle étincelle, elle fait miroiter sur sa féminité luisante de chaleur les multiples nuances des verres.
Béranger de Noyon est saisi par la lumière qui chante et qui donne vie à la pierre. Il goûte les épanchements de couleurs qui font chatoyer les murs et irisent les boiseries. Il boit à cette source intarissable et magique. Il découvre que le vitrail doit couronner les élans souverains de la pierre, qu'il en est l'onction, l'indispensable auréole, le verrou de la charge, l'aboutissement de l'oeuvre.
Son regard s'envole à la nuit tombée, telles deux étoiles chassées par un souffle. Quand il passe, les bleus de la verrière s'éveillent à la lune et certains astres se démantèlent dans la brillance du verre.
En moins de deux, il empile quelques livres, congédie avec tous les honneurs un petit rongeur attaché au lieu, et dans le même mouvement invite Nivard et Archambaud à s'asseoir sur ces sièges improvisés dont il souligne avec verdeur qu'ils sont aussi propices à élever l'esprit qu'à soulager le fessier.
Ils ont découvert ensemble la mouvance nomade, le pays de légendes, l'envoûtement oriental, le raffinement exquis et le merveilleux savoir-faire des artistes de là-bas. Ils ont souffert l'un comme l'autre de la barbarie de la croisade, du fanatisme de la chrétienté qui cautionna les plus infâmes exactions. Ils ne parleront jamais de la prise de Jérusalem, qui fut un monstrueux et incontrôlable massacre, face auquel les preux atterrés se trouvèrent impuissants. Ils tairont cette " guerre sainte " qui s'est avilie dans l'horreur et la répression aussi gratuite qu'ignoble. Ils évacuent constamment cette vision de cauchemar, qui leur gangrène encore la mémoire telle une hideuse et purulente infection.
Ils ont découvert ensemble la mouvance nomade, le pays de légendes, l'envoûtement oriental, le raffinement exquis et le merveilleux savoir-faire des artistes de là-bas. Ils ont souffert l'un comme l'autre de la barbarie de la croisade, du fanatisme de la chrétienté qui cautionna les plus infâmes exactions. Ils ne parleront jamais de la prise de Jérusalem, qui fut un monstrueux et incontrôlable massacre, face auquel les preux atterrés se trouvèrent impuissants. Ils tairont cette " guerre sainte " qui s'est avilie dans l'horreur et la répression aussi gratuite qu'ignoble. Ils évacuent constamment cette vision de cauchemar, qui leur gangrène encore la mémoire telle une hideuse et purulente infection.