L’homme que je croyais aimer

Je l’ai observée et le temps a ralenti un peu, car je trouvais tout irrésistible en elle. Ce n’était pas seulement la façon dont la robe moulante épousait son corps incroyable, c’était aussi la façon dont elle se comportait, dont elle remplissait la pièce dans laquelle elle entrait d’une présence indéniable, à la fois rassurante et autoritaire, comme si elle connaissait sa valeur et ne permettrait jamais à quiconque de lui marcher dessus.

Personne ne comprenait le poids de la richesse sans être milliardaire. De leur point de vue, être riche était une chance, l’argent ne produisait que des résultats positifs. Mais ils ignoraient à quel point cela changeait la perception de l’entourage. On disait souvent que l’on se sentait seul au sommet, et c’était vrai. Parfois, les autres étaient si envieux qu’ils te détestaient. Parfois, ils étaient si avides que tu les obsédais. Parfois, ils se sentaient mal à l’aise et ne voulaient rien avoir à faire avec toi. Parfois, les gens te léchaient le cul, alors que normalement, ils ne t’auraient pas adressé la parole. Aucune relation n’était vraie… sauf celle que j’avais avec ma sœur et quelques amis.

Je vivais cette vie depuis longtemps, et plus je vieillissais, moins elle avait de sens pour moi. J’avais toujours été à l’abri du besoin, alors que tout le monde se battait pour une vie meilleure, investissant leur temps et leur énergie dans ce rêve. Mais comme j’étais déjà riche, j’ai réalisé que les choses qui apportaient vraiment de la joie n’étaient pas tangibles comme l’argent. Non, c’était les conversations, les relations, les personnes. Passer du temps avec Carson et ses amis m’a apporté un bonheur simple que j’ai trouvé exaltant. C’était paisible… facile. J’aimerais retrouver ce plaisir.

Préserver la vérité du monde. Dire aux gens ce qui se passe vraiment. Documenter la réalité pour les générations à venir. Si je n’avais pas été envoyée en Irak, toutes nos informations sur le sujet seraient venues d’autres sources, ce qui les aurait biaisées. Si tu veux vraiment aller au cœur de l’actualité, tu dois en être témoin toi-même. Je sais que je ne suis pas médecin ou pompier, mais je pense que mon travail est assez important. Les médias ont la capacité de dicter complètement notre mode de vie. Donc c’est important… du moins, je le pense.

Ses yeux ont trouvé mon visage et il m’a étudiée d’une expression impassible, mais avec une pointe d’appréhension. Il me guettait comme s’il s’attendait à ce que je me mette à l’engueuler, à vider mon sac avant qu’il puisse placer un mot. Il avait un bras sur l’accoudoir et l’autre à côté de lui. Son t-shirt était plat contre son ventre, rehaussant ses abdos durs et ses pectoraux puissants. Ses poils de barbe étaient plus épais que d’habitude, à croire qu’il sautait le rasage depuis plusieurs jours. Ses yeux bruns étaient vides et indéchiffrables.