Nous savons aujourd'hui qu'à sa naissance l'homme est une bombe de potentialités diverses, et que, tandis qu'il grandit, il ne s'enrichit guère ni n'apprend, mais élimine plutôt des possibilités successives. Pour finir, la plante fournie et sauvage se transforme en une sorte de bonsaï bain, taillé de partout, miniature rigide du soi possible.
Toute dévastation fait que la nature reprend ce que l'homme lui avait confisqué, non sans chercher par ailleurs à s'emparer avec audace des êtres humains pour les ramener à leur état originel.
Incipit de La Montagne de Tous-les-saints
L'avion arriva au-dessus de Zurich à l'heure, mais il lui fallut tourner longtemps avant d'atterrir. [...] Quand il se posa enfin, les nuages de neige venaient de se disperser, laissant apparaître la multitude de traînées de condensation qui se croisaient, dessinant ainsi une grille gigantesque dans le ciel au flamboiement orange où Dieu semblait inviter à jouer avec Lui au morpion.
[...]
- Il paraît qu'on nous empoisonne avec ça. Avec leurs avions, ils répandent des gaz qui modifient notre subconscient.
J'acquiesçai d'un signe de tête. La voûte céleste ainsi quadrillée était réellement inquiétante.
Les gens oubliaient certains mots, et lorsqu’ils faisaient défaut, on ne pouvait pas s'en servir, ni donc décrire telle ou telle part du monde, qui sombrait alors dans le néant. Et puisqu'il était impossible de la décrire, on ne pensait plus à elle. Comme on ne pensait pas à elle, on l'oubliait. Simple exercice d'inexistence.
Une série de nouvelles écrites avec une plume incroyablement captivante mais dont les chutes sont frustrantes. Ça démarre avec énergie, se développe avec suspens mais s’arrête brutalement... bref j’ai arrêté en cours de route.