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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
William Davisson est écossais, botaniste et est appelé au chevet du roi de Pologne. le voyage lui fait un peu peur, la Pologne lui semblant aux confins du monde connu. on est au milieu du XVII ème.
Une fois sur place , dans un pays en guerre , il est amené à fuir avec le roi: Très vite , le cortège tombe sur deux enfants , au teint vert et à l'allure sauvage.

En 80 petites pages , l'auteure nobélisée laisse transparaître son immense talent de conteuse . Si l'écriture est magnifique, ces enfants verts ne le sont pas moins . En symbiose avec la nature , ils sont un contre pied à leurs congénères, loin de leurs intérêts et non soumis au dictat de Dieu.
ils sont le cri de la nature , son souffle et vivent avec elle au rythme des saisons.
Magnifique conte qui se lit le temps d'un soupir et qui laisse une trace sans doute à longtemps présente.
L'auteure, à nouveau, utilise tout son talent pour magnifier la nature.
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"ou le récit de singuliers événements survenus en Volhynie, consignés par William Davisson, médecin de Sa Majesté le roi Jean II Casimir."

Pologne 1656

William Davisson est médecin écossais, attaché à la cour du Roi pour le soulager de ses divers maux ! le roi désirant se vouer à la Vierge Marie et protéger la Pologne en proie à la guerre, part à Lvov, accompagné de son médecin. La route est longue et dangereuse ! Un accident oblige Davisson à rester sur le domaine de M. Kurcewicz, chambellan de Łuck, en plein milieu des marais. Partis à la chasse, les soldats sont revenus avec deux petits enfants, sauvages, misérables et verts !

Ici l'histoire bascule dans le conte, fantastique et étrange, comme isolée du monde en guerre et nous allons découvrir avec Davisson que ces enfants sont l'incarnation de la Nature, qu'ils sont en symbioses avec elle et représentent un équilibre mis à mal alentours !

Une historiette hors du temps dans une contrée comme isolée des dégâts et méfaits des hommes. Elle se lit rapidement mais laisse une sensation de bien-être et d'espoir en l'immuabilité de la Nature. L'écriture est très jolie, simple et poétique ! Un plaisir que je renouvellerais.

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"-Elle dit que là-bas, dans la forêt, au-delà des marais, il existe un pays où la lune brille aussi fort que le soleil qui, lui, est plus sombre que le nôtre(..) . Dans ce pays les gens vivent sur les arbres et dorment dans leur creux.Durant la journée lunaire, ils grimpent au sommets des branches où ils exposent leurs corps dénudés à la lune, de sorte que leur peau verdît. Grâce à cette lumière, ils n'ont pas besoin de manger beaucoup, se contentant de baies des bois, de champignons et de noix. Ils ne doivent ni cultiver la terre ni construire des habitations, tout travail est effectué par leur seul plaisir. Chez eux, il n'y a ni seigneurs, ni paysans, ni prêtres. Lorsqu'ils doivent prendre une décision, ils se réunissent sur un arbre et délibèrent, pour ensuite mettre en oeuvre ce qu'ils ont décidé.Si un individu s'y soustrait, ils le laissent faire, persuadés que, tôt ou tard, il reviendra vers eux. Lorsque quelqu'un s'éprend d'une autre personne, il se met en couple pour un temps avec elle, mais dès que ses sentiments s'étiolent, il s'en va vers un nouvel amour. de ces unions naissent des enfants, qui ont toute la communauté pour parents, car tout le monde là-bas s'occupe volontiers des petits.
Parfois lorsqu'ils grimpent sur l'arbre le plus haut, ils voient au loin notre monde, les fumées de nos maisons incendiées, et sentent l'odeur de la chair brûlée? Vite ils se réfugient alors sous les feuilles pour ne pas salir leurs yeux avec de telles images, ne pas incommoder leur nez de cette puanteur. L'éclat de notre monde les repousse et les indispose. Ils n'y voient qu'un  mirage, car jamais encore ils n'ont été confrontés aux Tatares ou aux Moscovites.Ils croient que nous sommes irréels, tel un mauvais rêve."

" C'est quoi, Dieu? voulut-elle savoir. Cela provoqua chez tous un grand étonnement, mais aussi, semble-t-il, une fascination, comme si vivre sans la conscience que Dieu existe serait plus simple, puisque cela dispenserait de se poser des questions obsédantes. Par exemple, comment Dieu laisse-t-il souffrir autant ses propres créatures, alors qu'il est bon et miséricordieux?"
" Il ont aussi leur propre façon de communiquer avec les animaux et, comme ils ne consomment pas de viande et ne pratiquent pas la chasse, les bêtes non seulement sont leurs amies et les aident ,mais leur racontent leurs histoires, ce qi est source de sagesse pour le peuple vert et lui procure une meilleure connaissance de la nature."
L' excentrisme provoque un mouvement. C'est une loi mécanique. Mais pas seulement. Avant toutes applications, les sciences sont avant tout observations. Observer ce qui naturellement existe ou plus exactement ce qui nous entoure. S'éloigner du centre. Observer la marge, les cercles qui existent autour, ou plutôt au-delà du centre. S'excentrer pour donner un mouvement différent. Mouvement des corps, des esprits. Olga Tokarczuk nous entraîne entre la Lituanie et Lvov, au 17e siècle. Loin de nos villes, loin de notre siècle. Excentrisme. Décentrer.
Regarder "loin", c'est regarder "tôt" nous a appris Hubert Reeves.
Nous avons tendance à voir notre monde comme un centre. Comme le centre d'un volcan. Tout ce qui vient du centre nous paraît devoir naturellement se répandre, couler vers la périphérie de son cratère. Comme si le centre devait modeler un tout fini. le centre du cratère devant toujours être au dessus, et les cercles concentriques du volcan se retrouvant toujours en de-ça. Cela provient du fait d'une vision de finitude, d'un impossible au-delà. Comme si ce qui provenait du centre était à un moment arrêté par une limite. Limite qui définirait un espace fini. En dehors il n'y aurait Rien ?
Conte philosophique qui nourrira notre réflexion, notre vision du monde. Quel est notre place  ? Celle de l'homme, celle de la nature. Existe-t-il une frontière ? Pouvons nous nous mettre en capacité de comprendre d'admettre d'autres mondes ?
« Passage de l'intangible au tangible, l'équinoxe de printemps célèbre partout la naissance et la vie qui se déploie. C'est le temps de l'innocence, de l'éveil aux choses du dedans et du dehors. C'est le pouvoir de l'Est. » Laurence E. Fritsch, le petit livre des jours, extrait.

Astrid Shriqui Garain.

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Une fois n'est pas coutume : dès l'annonce du Nobel de Littérature 2018 (mais attribué en 2019, je ne reviendrai pas sur la fameuse affaire du fiasco de 2018) décerné à cette auteure polonaise, j'ai eu envie de fourrer le nez dans ses livres. Et comme l'un d'eux avait été publié en 2016 par La Contre Allée, éditeur dont je me délecte souvent, de surcroît dans l'excellente collection Fictions d'Europe, je me précipitai sur l'oeuvre. Grand bien m'en a pris car il s'agit d'une petite merveille, brève mais d'une grande densité.

1656, l'écossais William Davisson, par ailleurs narrateur du récit et botaniste, est appelé pour devenir médecin du roi de Pologne Jean II Casimir. Davisson a déjà officié auparavant comme botaniste du roi de France. Seulement il parvient à destination en plein conflit, deux pays étant en guerre contre la Pologne, à l'ouest la Suède et à l'est la Russie. le roi Jean II Casimir, mélancolique et dépressif, s'étiole.

Dès son arrivée Davisson est interpellé par les coiffures en vogue chez les pauvres de Varsovie, « touffes, noeuds, nattes hérissées comme la queue d'un castor ». Puis il parcourt les campagnes avec son second Opaliński et le roi dont il prend grand soin. Partout il voit les effets désastreux de la guerre sur les paysages, les populations, et la santé du roi qui décline rapidement et provoque un arrêt du cortège chez le chambellan de Luck. Là-bas, les soldats partent en chasse pour sustenter les troupes, mais reviennent avec un bien étrange butin : deux enfants d'environ 5 ans, aux cheveux hirsutes et surtout… Une peau couleur verte ! D'après Opaliński cette couleur est le résultat de longs temps passés en forêt pour fuir la guerre, se cacher dans la nature, cette nature qui pour le narrateur est « Tout ce qui nous entourait, à l'exception de ce qui est humain, c'est-à-dire de nous et de nos créations ». le roi se prend de tendresse pour ces deux êtres chétifs et les gâte. La fille est prénommée Ośródka.

À la suite d'une mauvaise chute, Davisson se casse une jambe. le cortège du roi doit reprendre la route sans son médecin attitré qui aura pour distraction la présence quotidienne des petits enfants verts et sauvages qui vont devoir être baptisés (à Pâques, on n'est jamais assez prudent) car pouvant bien être des représentants du diable, jusqu'en leur chevelure qu'il faudra tondre. Des enfants qui doivent coûte que coûte se faire apprivoiser, de gré ou de force. L'un va en mourir mais son corps va disparaître…

« Un jour, Opaliński demanda à Ośródka s'ils avaient un Dieu.
- C'est quoi, Dieu ? voulut-elle savoir ».

Ce peuple représenté par Ośródka et son frère peut faire penser de loin aux Cathares, car vivants isolés de tout, en communion avec la nature : « Ils ont aussi leur propre façon de communiquer avec les animaux et, comme ils ne consomment pas de viande et ne pratiquent pas la chasse, les bêtes non seulement sont leurs amies et les aident, mais leur racontent leurs histoires, ce qui est source de sagesse pour le peuple vert et lui procure une meilleure connaissance de la nature ». Leur destin pourrait être rapproché de celui de Kaspar HAUSER ou de Victor l'enfant sauvage immortalisé par TRUFFAUD), des gamins éduqués et « civilisés » de force, tyrannisés par les « puissants ».

Bien sûr ce superbe texte se lit sur plusieurs niveaux. Tout d'abord la forme du conte, très prégnante, le contexte historique (la guerre, les saccages, la folie des hommes) pourrait en être un autre. Car nous avons là non pas une mais plusieurs allégories, un récit pacifiste, athée, débarrassé de maîtres et d'esclaves comme des chimères de la bonne éducation, conte libertaire, écologique et onirique qui, plus profondément, paraît une dénonciation brutale mais toute en saveur du monde actuel. Un vrai bijou à se procurer d'urgence, d'autant que la somme pour l'acquérir est modique, comme d'ailleurs toutes les publications de la collection Fictions d'Europe. Je reviendrai très prochainement vers cette auteure qui a su me domestiquer par sa poésie, sa prose magnifique et sa magie.

https://deslivresrances.blogspot.fr
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Lien : https://deslivresrances.blog..
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Je voulais découvrir l'oeuvre de l'autrice prix Nobel de littérature 2018 avec un petit livre (88 pages chez La contre allée) et quelle entrée en matière ! Un conte drôle et étrange sur le médecin français d'un roi polonais et sa rencontre avec des enfants atteints de plica polonica.
J'ai adoré dès les premières pages ! Les enfants verts est un conte magnifique sur l'altérité. C'est très beau (la plume de l'autrice m'a emballé en quelques phrases) et c'est très drôle. La rencontre entre science médicale et magie/surnaturel, ça me plaît beaucoup.
Si vous voulez découvrir l'autrice et que vous ne savez par où commencer, je ne peux que vous recommander ce petit livre !
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