Citations sur Le Cheval - Albert (15)
Le but des humains ne consiste pas à accomplir ce qu'ils considèrent comme bon, mais à appeler « mien » le plus grand nombre d'objets.
Il revoyait son premier amour pour une cousine dans sa petite robe rose, sa première déclaration dans l'allée de tilleuls, la fièvre et l'enchantement incompréhensible d'un baiser échangé par hasard, l'ensorcellement et le mystère irrésolu de la nature qui l'entourait alors. Dans son imagination revenue en arrière, ELLE brillait dans le brouillard des espoirs les plus vagues, des désirs incompréhensibles et de la foi inébranlable en la possibilité d'un impossible bonheur.
Albert
Il est heureux, il est bon. Il aime ou méprise également tout le monde, ce qui revient au même, et ne sert que ce qui lui a été donné d'en haut. Il n'aime qu'une chose, la beauté, qui est ici-bas le seul bien incontestable
Le Cheval
..Elle poussa un hennissement ; je lui répondis et m'élançai derrière elle, mais elle n'eut même pas un regard pour moi. Le palefrenier Tarass me saisit dans ses bras tandis que l'on fermait la porte derrière ma mère.
Je fis un bond et renversai le palefrenier dans la paille, mais la porte était déjà fermée et le hennissement de ma mère s'éloignait de plus en plus ; ce n'était pas un appel d'ailleurs : il avait une expression toute nouvelle. Et soudain à sa voix répondit une voix puissante, celle de Bon 1er, comme je l'appris plus tard qui, flanqué de deux palefreniers venait à la rencontre de ma mère.
Je ne me souviens pas comment Tarass sortit du box ; j'étais trop triste, j'avais l'impression d'avoir perdu pour toujours l'amour de ma mère.
"C'est parce que je suis pie", me disais-je me rappelant les paroles des hommes sur mon pelage. Et soudain un e telle fureur me prit que je me mis à battre de la tête et des genoux contre les murs du box .."
Tolstoï
Le Cheval, écrit en 1861, Editions folio Gallimard, traduction du maître des traducteurs russes Boris de Schloezer, 1960.
De ce Cheval, Jean Louis Barrault en fit une pièce à succès, qu'il interpréta magistralement ..
Je ne dirai rien de la fin, parce que prime, ça ne se fait pas, deuze parce qu'elle est magistrale, sublime et tellement attachante que je laisse le soin au lecteur de la découvrir : coller des mots ici sur le net ne dit pas l'émotion qu'on ressent parfois à les dire
Vu d'une voiture, on voit bien le comportement des humains, mais vu d'un cheval pie, c'est pire ; rarement la bonté, la bienveillance - il est vrai qu'on l'attend naturellement, alors peut-être qu'on la remarque moins -, souvent la lâcheté, la méchanceté, quand ce n'est pas la cruauté.
"De plus, lorsque se présentait un acheteur, le maquignon entrait dans ma stalle et se mettait à me donner des coups de fouet et à me faire peur jusqu'à ce que je devinsse enragé. Alors il me frottait le dos pour effacer la trace des coups et me sortait.."
Ce qui me plaisait justement en lui c'était que beau, riche, heureux, il n'aimait personne
Il m'avait acheté au maquignon auquel le chef d'écurie m'avait vendu pour huit cents roubles. Son choix s'était arrêté sur moi parce que personne ne possédait de cheval pie. Ce fut mon meilleur temps. Il avait une maîtresse. Je le savais parce que je le conduisais tous les jours auprès d'elle et qu'il m'arrivait parfois de les emmener tous les deux.
[...] la beauté, le seul bien au monde qui soit incontestable.
(dans "Albert")
L'art est la plus haute manifestation de puissance dans l'homme. Il n'est donné qu'à de rares élus, et il élève ces élus à une hauteur qui vous fait tourner la tête et où il est difficile de rester sain d'esprit. Dans l'art, comme dans tout combat, il y a des héros qui ont tout donné à leur mission et qui périssent sans avoir atteint leur but.
(dans "Albert")