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Citations sur Les Cosaques (48)

C’était par une de ces soirées comme il n’en est qu’au Caucase. Le soleil s’était caché derrière les montagnes, mais il faisait encore clair. Le crépuscule avait conquis le tiers du ciel et laissait se découper très nettement dans ses lueurs les volumes d’un blanc mat des montagnes. L’air était rare, immobile et sonore
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Vivre pour les autres, faire le bien ! A quoi bon, quand mon âme est possédée du seul amour de moi et du seul désir de l'aimer, elle, et de vivre avec elle.
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Vous ignorez ce qu'est le bonheur et ce qu'est la vie! Il faut avoir une fois éprouvé la vie dans toute sa beauté sauvage. Il faut voir et comprendre ce que, chaque jour, je vois devant moi: les neiges éternelles et inaccessibles des montagnes et une femme majestueuse dans cette beauté primitive qui dut être celle de la première femme au sortir des mains de son Créateur. Et alors vous saurez quel est celui qui se perd et celui qui vit dans le vrai ou dans le mensonge, si c'est vous ou moi. Si vous saviez combien vous m'êtes méprisables et pitoyables dans votre illusion! (p.222)
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Tout à coup, un rayon de soleil éclaira son âme. Il entendit le son de la langue russe, il entendit le cours rapide et régulier du Terek et à deux pas devant lui se découvrit la surface mouvante et brune du fleuve, avec le sable humide, brun grisâtre de ses berges et de ses bancs, la steppe lointaine, le mirador du cordon se détachant sur l'eau, un cheval sellé, à l'entrave dans les prunelliers, et les montagnes.
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D'abord, les montagnes étonnèrent seulement Olénine ; ensuite, elles le réjouirent ; plus tard, en considérant davantage cette chaîne de montagnes neigeuses qui naissaient non pas d'autres montagnes noires, mais directement de la steppe pour s'enfuir plus loin, il pénétra peu à peu cette beauté et ressentit les montages. Depuis ce moment, tout ce qu'il put voir, tout ce qu'il put penser, tout ce qu'il put éprouver, reçut pour lui l'empreinte nouvelle, austère et majestueuse des montagnes. Les souvenirs de Moscou, la honte et le repentir, tout cela disparut pour ne plus revenir. "Maintenant c'est commencé !" lui dit une voix mystérieuse.
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Après la soirée à laquelle je lui avais parlé pour la première fois, nos relations changèrent. Jusque-là elle était pour moi un objet étranger, mais grandiose, de la nature extérieure ; après, elle fut moi une personne. Je la rencontrais, je lui parlais, j'allais trouver parfois son père au travail, je passa des soirs entiers chez eux. Dans cette intimité elle n'en resta pas moins à mes yeux toujours aussi pure, inaccessible et majestueuse. toujours et à tout avec le meme calme, la même fierté, la même indifférence joyeuse. Parfois elle était aimable, mais le plus souvent chacun de ses regards, chacune de ses paroles, chacun de ses mouvements reflétait cette indifférence, non pas méprisante, mais écrasante et charmeuse. Chaque jour, avec un sourire voulu sur les lèvres, je tachais de jouer un rôle et avec au cœur le tourment de la passion et du désir je plaisantais avec elle. Elle voyait que c'était une feinte, mais elle portait sur moi des regards droits, gais et simples. Cette situation me devint intolérable. Je voulais cesser de lui mentir, je voulais lui dire tout ce que je pensais et sentais. J'étais particulièrement irrité ; cela se passait dans les vignes. Je me mis à lui parler de mon amour en des termes dont le souvenir seul me fait honte. Honte, parce que je ne devais pas oser lui dire cela, parce qu'elle était immensément au dessus des mots et du sentiment que je voulais ainsi exprimer. Je me tus, et de ce jour ma situation fut intolérable. Je n'ai pas voulu m'abaisser en conservant nos anciennes relations badines, et j'ai senti que je n'étais pas arrivé à une attitude droite et simple envers elle. Je me demandais avec désespoir : que dois-je faire ? Dans mes rêves insensés je me la figurais tantôt mon amante, tantôt ma femme, et je repoussais avec dégoût et l'une l'autre pensée. En faire une fille aurait été horrible. Ç'aurait été un meurtre. En faire une dame, la femme de Dmitri Andréevitch Olenine, comme une Cosaque d'ici qu'a épousée un de nos officiers, aurait été pis encore. Si encore moi, j'avais pu devenir Cosaque, une espèce de Lucas, voler des chevaux, me saouler de tchikhir et de chansons, tuer des hommes et, ivre, me couler chez elle par la fenêtre pour la nuit, en oubliant qui je suis et pourquoi j'existe, alors c'eût été une autre affaire, alors nous aurions pu nous comprendre, et j'aurais pu être heureux. J'ai essayé de me livrer à cette vie, et j'ai senti encore mieux ma faiblesse, mon inconsistance. Je n'ai pas pu m'oublier moi-même, ni oublier mon passé compliqué, discordant, monstrueux. Et mon avenir, je me le figure encore plus désespéré. Chaque jour j'ai devant moi les lointaines montagnes neigeuses et cette femme majestueuse, heureuse. Et l'unique bonheur possible sur cette terre n'est pas pour moi, cette femme n'est pas pour moi ! Le plus terrible et le plus doux dans mon état, c'est que je sens que je la comprends, tandis qu'elle ne me comprendra jamais. Non pas qu' elle soit au-dessous de moi, au contraire, elle ne doit pas me comprendre. Elle est heureuse ; elle est, comme la nature, égale, calme et toute à soi. Tandis que moi, faible créature mutilée, je veux qu'elle comprenne ma monstruosité et mes tourments. J'ai passé des nuits blanches à me promener sans but sous ses fenêtres, sans me rendre compte de ce qui se passait en moi.
Le 18, notre compagnie est partie pour un raid. J'ai été trois jours hors du village. J'étais triste et indifférent. Au détachement, les chansons, les cartes, les beuveries, les bruits d'avancement m'étaient plus odieux que d'habitude. Me voici maintenant rentré à la maison, j'ai retrouvé et elle, et ma maisonnette, et l'oncle Erochka, et les montagnes neigeuses contemplées de mon petit perron, et un sentiment nouveau de joie m'a si puissamment envahi que j'ai tout compris. J'aime cette femme d'un véritable amour, pour la première et unique fois de ma vie. Je sais ce qui m'arrive. Je ne crains pas de m'abaisser par ce sentiment, je n'ai pas honte de mon amour, j'en suis fier... Ce n'est pas ma faute, si je suis tombé amoureux. C'est arrivé contre ma volonté. J'ai fui mon amour dans le renoncement, je me suis forgé une joie dans l'amour du Cosaque Lucas pour Marion, et je n'ai fait qu'irriter mon amour à moi et ma jalousie. Ce n'est pas l'amour idéal, le prétendu amour élevé que j'éprouvais auparavant ; ce n'est pas cet attrait par lequel on se complaît à regarder son amour, on sent en soi la source de son sentiment et on fait tout soi-même. Cela aussi, je l'ai éprouvé. C'est encore moins un désir de jouissance. C'est quelque chose d'autre. Peut-être que j'aime en elle la nature, la personnification de toute la beauté de la nature ; mais je n'ai pas ma liberté : à travers moi, ce qui l'aime, c'est une force élémentaire, tout l'univers du bon Dieu ; toute la nature insuffle cet amour dans mon âme et me dit : Aime ! Je l'aime non point par le cerveau, ni par l'imagination, mais de tout mon être. En l'aimant, je me sens une partie indivisible de tout l'heureux univers du bon Dieu.
J'ai écrit déjà les convictions nouvelles que j'ai retirées de mon existence solitaire ; mais nul ne peut savoir à quel prix elles se sont formées en moi, avec quelle joie j'en ai pris conscience et j'ai vu la voie nouvelle ouverte à ma vie. Je n'avais rien de plus cher que ces convictions... Eh bien... l'amour est venu, et les voilà mortes, mortes, sans regret ! Il m'est même difficile de comprendre que j'aie pu chérir un état d'esprit si unilatéral, si froid, si intellectuel. La beauté est venue, et elle a dispersé aux quatre vents tout ce dur labeur intérieur. Et nul regret de ce qui a ainsi disparu ! Le renoncement, c'est une sottise, une bizarrerie. C'est encore de l'orgueil, un refuge contre le malheur mérité, un moyen de salut contre l'envie du bonheur d'autrui. Vivre pour les autres, faire le bien ! À quoi bon, quand mon âme est possédée du seul amour de moi et du seul désir de l'aimer et de vivre avec elle, de sa vie ? Ce n'est pas pour les autres, ce n'est pas pas pour Lucas que je souhaite aujourd'hui le bonheur. Maintenant je ne les aime pas, ces autres. Autrefois je me serais dit : c'est mal. Je me serais tourmenté de questions : qu'adviendra-t-il d'elle, de moi, de Lucas ? Maintenant tout m'est égal. Je ne vis pas par moi-même ; il y a quelque chose de plus fort que moi qui me conduit. Je souffre, mais autrefois j'étais mort, et maintenant seulement je vis. Je vais tout de suite aller les trouver et je lui dirai tout. » (2/2)
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La route, la ligne du Terek, perceptible dans le lointain, les stanitsa, la population, n'étaient plus une plaisanterie. Il regardait le ciel, et songeait aux montagnes. Il se regardait, il regardait Jeannot : encore les montagnes ! Voici deux cosaques à cheval, leurs fusils dans leurs gaines se balancent régulièrement sur leur dos, leurs chevaux déplacent en cadence leurs jambes baies et grises : toujours les montagnes !… Derrière le Terek, on voit une fumée dans un aoul : les montagnes !… Le soleil se lève et brille sur le Terek qu'on aperçoit entre les roseaux : les montagnes !… D'une stanitsa sort une araba : des femmes circulent, de belles femmes, jeunes : les montagnes !… Les abrek rôdent dans la steppe, et j'avance, je n'ai pas peur d'eux, j'ai mon fusil, ma force, ma jeunesse : les montagnes !…
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Les, Cosaques de la Crête
Le lieu de naissance ethnique des Cosaques de la Crête était une bande de terre forestière fertile le long du Terek d'environ trois trois cents sagènes de large et quatre-vingts verstes de long.
Tolstoî écrit à ce sujet :
"Dans cette zone fertile, boisée et d'abondante végétation, habite depuis des temps immémoriaux une population belliqueuse , belle et riche de vieux-croyants russes, qu'on appelle les Cosaques de la Crête"
Remontée par Vladimir Goudakov
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Si encore moi, j'avais pu devenir Cosaque, une espèce de Lucas, voler des chevaux, me saouler de tchikhir et de chansons, tuer des hommes et, ivre, me couler chez elle par la fenêtre pour la nuit, en oubliant qui je suis et pourquoi j'existe, alors c'eût été une autre affaire, alors nous aurions pu nous comprendre, et j'aurais pu être heureux.
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Avec la progression rapide de la troïka le long de la route bien lisse, les montagnes, étincelant au soleil levant de leurs sommets rosés, paraissaient courir sur la ligne d’horizon. Au début, elles n’avaient fait que stupéfier Olénine, puis elles le réjouirent, mais plus tard, en observant mieux cette chaîne neigeuse, née non pas d’autres masses noires, mais comme directement jaillie de la steppe et prenant la fuite, il saisit peu à peu cette beauté et sentit les montagnes. À partir de cet instant, tout ce qu’il put voir, tout ce qu’il put penser, tout ce qu’il put éprouver fut marqué par cette présence nouvelle, austère et grandiose des montagnes. Tous ses souvenirs moscovites, sa honte et son repentir, tous ses rêves vulgaires sur le Caucase, disparurent totalement et sans retour. “Maintenant ça commence”, semblait lui dire une voix solennelle. La route, le tracé du Terek qu’on apercevait au loin, les Stanislas, la population, tout cela n’était plus désormais une plaisanterie. Il regardait le ciel et se souvenait des montagnes
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